La FTQ se dit inquiète pour les travailleurs les plus vulnérables
L’augmentation du coût de la vie et un salaire minimum encore trop faible font partie des préoccupations majeures de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), qui expose des situations de vulnérabilité pour certaines catégories de la population. Le Programme des travailleurs étrangers temporaires avec permis fermés inquiète tout autant l’organisation syndicale qui demande l’abolition de tels permis.
Les personnes à plus faible revenu ainsi que les travailleurs étrangers temporaires sont plus à risque de vulnérabilité. Cette situation est décriée par Denis Bolduc, secrétaire général de la FTQ, qui « rêve d’un Québec plus égalitaire, plus juste » et favorisant une meilleure répartition des richesses.
Des facteurs affectant le portefeuille des Québécois
Il y a un an, la FTQ manifestait une grande inquiétude quant à la pauvreté, l’inflation et les bas salaires sévissant au Québec. Denis Bolduc déplore aujourd’hui l’absence d’amélioration, surtout « pour les personnes qui gagnent tout juste le salaire minimum ». Le faible salaire minimum, l’augmentation du coût des aliments et du logement « sont des facteurs qui influencent le portefeuille des Québécois », dit-il. Selon lui, les catégories les plus touchées par la « vie chère » seraient les femmes et les plus jeunes, en raison des emplois à temps partiel et moins bien rémunérés.
Une hausse du salaire minimum à 15,75 $ de l’heure est par ailleurs prévue au 1er mai 2024. Cependant, la FTQ préconise une augmentation à 18 $ pour s’assurer « qu’une personne seule travaillant 35 heures par semaine puisse se sortir de la pauvreté », peut-on lire sur le site de la Fédération. Ce décalage n’est pas sans conséquence. Le secrétaire général de la FTQ rappelle qu’un nombre croissant de personnes ont recours aux banques alimentaires « alors qu’elles travaillent 35 ou 40 heures par semaine et […] n’arrivent pas à payer un logement malgré un travail à temps plein ». Le Bilan-Faim 2023 a d’ailleurs établi un « triste record », chiffrant à 872 000 le nombre de personnes bénéficiant de l’aide alimentaire mensuelle du réseau des Banques alimentaires du Québec.
Le logement est également une priorité pour Denis Bolduc, puisque « les gens n’ont pas le choix [et] doivent se trouver un toit ». En début d’année, le rapport annuel de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) dévoilait la hausse des loyers la plus importante en 30 ans dans la région de Montréal.
Denis Bolduc espère voir des mesures améliorant la qualité des services publics, « actuellement malmenés » selon lui. Santé, médicaments, soins dentaires, services de garde, droits de scolarité à l’université sont autant de services qui « doivent être accessibles à l’ensemble de la population », poursuit le secrétaire général. Il estime que les politiques du gouvernement n’encouragent pas assez le personnel soignant et les médecins à travailler dans le service public.
Les travailleurs étrangers temporaires
La situation des travailleurs étrangers temporaires représente une inquiétude majeure pour la FTQ qui a déposé l’été dernier un mémoire contenant 62 recommandations pour la planification de l’immigration au Québec en 2024-2027. En septembre dernier, le gouvernement a donné le mandat à la Commission des partenaires du marché du travail (CPMT) d’analyser la situation au regard de la conclusion des Nations unies. Le rapporteur spécial Tomoya Obokata tirait en effet la sonnette d’alarme quant à ce type de permis, jugeant qu’ils risquaient de rendre ses détenteurs « vulnérables aux formes contemporaines d’esclavage ».
La Fédération plaide donc pour des permis de travail ouverts et estime que les travailleurs étrangers temporaires devraient avoir accès « dans des délais raisonnables » à la résidence permanente et à la citoyenneté. « Ils répondent à des besoins de main-d’oeuvre qui sont souvent permanents, ils devraient donc pouvoir accéder à l’immigration permanente », soutient Denis Bolduc.
La francisation représente un autre aspect inhérent à l’intégration des travailleurs étrangers temporaires et sur lequel la FTQ insiste dans son rapport. Pour M. Bolduc, « il faudrait trouver un système qui permette aux entreprises d’organiser des séances de francisation sur le lieu de travail et idéalement pendant le temps de travail ».
La FTQ est d’avis que la « stratégie en matière d’immigration devrait être davantage orientée » de manière à faciliter l’accès à la résidence permanente et l’apprentissage du français à ces travailleurs étrangers temporaires qui « contribuent à l’économie québécoise année après année ». Une meilleure protection contre les abus potentiels des employeurs est également nécessaire au vu des mesures gouvernementales actuelles insuffisantes, ajoute Denis Bolduc. Il dit cependant constater des « signaux » de la part de la ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Christine Fréchette, témoignant de son souhait de « trouver des solutions ».