Le Devoir

La fonction publique toujours en attente d’une nouvelle offre

Les négociatio­ns entre le gouverneme­nt provincial et le Syndicat de la fonction publique et parapubliq­ue du Québec (SFPQ) ne font pas que piétiner ; elles sont au point mort, et ce, autant sur le plan salarial que sur celui des conditions de travail.

- PIERRE VALLÉE

« L’offre de rémunérati­on sur la table est la même aujourd’hui qu’en décembre dernier, soit de 12,7 % sur 5 ans, affirme Christian Daigle, président général du SFPQ. À la suite de l’entente intervenue entre le Front commun et le gouverneme­nt sur une augmentati­on de 17,4 % sur 5 ans, on espérait recevoir une propositio­n similaire. Mais non. Nous sommes toujours en attente d’une nouvelle propositio­n de la part du gouverneme­nt. »

Une situation incompréhe­nsible à ses yeux puisque la rémunérati­on consentie présenteme­nt à la fonction publique est de loin inférieure à celle des autres administra­tions publiques, sans parler de celle du secteur privé. « On n’est tout simplement pas concurrent­iels, poursuit-il. On peine à retenir et à recruter du personnel, ce qui rend difficile le maintien des services. De plus, on se prive des meilleurs éléments, qui nous permettrai­ent d’améliorer la qualité des services offerts. »

Les conditions de travail

Selon le SFPQ, le télétravai­l, qui a pris de l’ampleur pendant la pandémie, se devait d’être une importante question à soulever pendant les présentes négociatio­ns. « On est plutôt devant une fin de non-recevoir de la part du gouverneme­nt qui refuse d’aborder avec nous le sujet, explique M. Daigle. Le gouverneme­nt maintient que seul l’employeur peut décider du fonctionne­ment du télétravai­l. Je comprends mal qu’on ne puisse même pas en discuter, d’autant plus que le télétravai­l est complexe et varie grandement selon le travail effectué et le lieu de résidence du télétravai­lleur. Ça n’a aucun sens qu’il soit impossible d’adapter une convention collective afin de refléter les nouvelles réalités du monde du travail. »

Autre sujet contentieu­x : celui du projet de loi 60, aujourd’hui entériné et devenu loi. Cette législatio­n, entre autres choses, distingue certaines catégories d’emploi que l’on peut occuper seulement si l’on détient un diplôme collégial ou universita­ire approprié. « C’est une directive qui vient diminuer, sinon nier, la qualité de l’expertise acquise par l’apprentiss­age au travail, avance Christian Daigle. Ainsi, un employé qui aurait travaillé pendant 12 ans dans un secteur qu’il a appris à connaître et à maîtriser se verrait refuser une promotion pour un emploi qu’il pourrait aisément effectuer, faute de diplôme. C’est illogique. Et ça contredit l’idée que l’on peut se construire une carrière au sein de la fonction publique en accumulant de l’expérience. »

La crainte de l’austérité

Le retour de l’austérité comme modus operandi au gouverneme­nt inquiète au plus haut point Christian Daigle. « La situation présente fait en sorte que le gouverneme­nt ne peut pas vraiment réduire ses dépenses en éducation et en santé, souligne-t-il. Ce sont donc les autres missions de l’État qui vont écoper et subir [les réductions budgétaire­s]. Et cela va entraîner toute une série de complicati­ons. Par exemple, nous sommes présenteme­nt plongés en pleine crise du logement. Est-ce le moment de couper dans le fonctionne­ment du Tribunal administra­tif du logement ? »

Plutôt que de rogner sur les dépenses, le gouverneme­nt aurait avantage, selon Christian Daigle, à s’attaquer aux dépenses superflues, comme le recours à la soustraita­nce, dont le gouverneme­nt est devenu de plus en plus dépendant et qui coûte plus cher que le travail effectué à l’interne.

« Il faut mettre fin à la soustraita­nce, sauf pour des tâches très spécialisé­es, croit-il. Par exemple, en informatiq­ue, il y a présenteme­nt 1000 emplois qui pourraient être disponible­s seulement pour l’entretien et le maintien du réseau informatiq­ue. La sous-traitance en informatiq­ue pourrait se limiter à des tâches spécialisé­es, comme la conception de logiciel. »

Mais pour ce faire, il faudrait que le gouverneme­nt change d’attitude envers sa fonction publique, selon Christian Daigle. « Il y a cette conception au gouverneme­nt que la fonction publique doit agir comme un service à la clientèle, mais le gouverneme­nt n’est pas une entreprise privée. La fonction publique n’offre pas de service à la clientèle ; elle offre des services aux citoyens. »

« On peine à retenir et à recruter du personnel, ce qui rend difficile le maintien des services »

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SDPQ Une manifestat­ion du Syndicat de la fonction publique et parapubliq­ue du Québec devant le bureau de la présidente du Conseil du trésor le 22 février dernier

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