La cigale caquiste
La cigale caquiste ayant dépensé sans compter se trouva fort dépourvue quand la crise fut venue. La fourmi keynésienne lui fit alors la leçon : « Que faisiezvous au temps d’abondance, vous dépensiez ? Eh bien, souffrez maintenant. »
Le ministre des Finances, Eric Girard, nous a présenté un budget qui projette un retour lointain à l’équilibre budgétaire. Contrairement à une saine gestion des affaires publiques, le gouvernement Legault a fait de la petite politique en distribuant des cadeaux électoraux au lieu d’engranger des surplus qui auraient été très utiles actuellement.
En effet, ayant profité des politiques d’austérité des libéraux qui ont eu des effets désastreux sur une population vulnérable, les caquistes se sont servis des surplus générés par ces compressions pour jouer au père Noël. Le grand économiste John Maynard Keynes leur aurait plutôt suggéré de conserver cet argent pour remédier au manque de revenus découlant d’un cycle économique défavorable, comme celui que nous connaissons aujourd’hui.
Comme on le sait, l’économie connaît des variations cycliques. Même si ces dernières sont moins apparentes de nos jours, on sait que des moments de ralentissements (récessions) se produisent à la suite de périodes d’expansion. C’est entre autres avec l’outil budgétaire que Keynes propose d’intervenir pour stimuler l’économie en période de ralentissement économique. Il le fait à partir des surplus accumulés en période de croissance économique.
Mais Legault a gaspillé ces excédents lorsque l’économie était en progression. Résultat, la cagnotte est maintenant vide au moment où le gouvernement devrait apporter son soutien dans une phase descendante du cycle. Ce manque de ressources oblige le ministre des Finances à compresser ses dépenses et à augmenter ses revenus, tout cela dans un exercice budgétaire largement déficitaire.
Au lieu de se comporter en cigale, ce dernier aurait dû suivre les conseils de la fourmi prévoyante. Mais la seule prévoyance que nos gouvernements connaissent trop souvent, c’est de faire en sorte d’assurer leur réélection. Et s’ils perdent le pouvoir, le nouveau gouvernement élu n’aura pas le choix de se métamorphoser en fourmi… Marcel Perron
Neuville, le 14 mars 2024