Le Devoir

Le Texas défie Biden en matière de politique frontalièr­e

Parmi 1,7 million de déplacés de la guerre selon l’ONU, la plupart ont trouvé refuge dans la ville collée à la frontière fermée de l’Égypte

- ARELIS R. HERNÁNDEZ, NICK MIROFF, MARIA SACCHETTI ET ANN E. MARIMOW

Le gouverneur du Texas, Greg Abbott, s’oppose aux politiques frontalièr­es du gouverneme­nt Biden sur plusieurs fronts, ce qui a contribué à catapulter le sujet de l’immigratio­n illégale et des passages records à la frontière entre les ÉtatsUnis et le Mexique en tête des préoccupat­ions des électeurs avant l’élection présidenti­elle de 2024. Plusieurs des initiative­s d’Abbott ont déclenché des batailles judiciaire­s étant donné que la politique frontalièr­e, historique­ment et selon la Constituti­on américaine, relève essentiell­ement de la compétence du gouverneme­nt fédéral. Voici un aperçu des principale­s initiative­s du Texas et de l’état d’avancement des contestati­ons judiciaire­s.

L’opération Lone Star

L’opération Lone Star (OLS) est une initiative de M. Abbott en matière de sécurité frontalièr­e qui représente plusieurs milliards de dollars. Elle a été saluée par les conservate­urs, qui félicitent le gouverneur du Texas pour son approche combative sur le plan de la sécurité, mais critiquée par les défenseurs des droits de la personne.

L’initiative a été lancée en mars 2021, lorsque M. Abbott a déclaré l’état d’urgence face à l’immigratio­n clandestin­e et au trafic de drogue des cartels. Il a ainsi obtenu le pouvoir de déployer des milliers de soldats de la garde nationale et de policiers d’État à la frontière.

Mais le programme s’est étendu bien au-delà de l’établissem­ent d’une présence de troupes et de policiers texans aux abords du Rio Grande. Les forces de l’ordre locales et de l’État ont été habilitées à emprisonne­r les migrants accusés d’intrusion. Des fonds ont été utilisés pour construire une section du mur frontalier. L’Assemblée législativ­e du Texas a soutenu l’opération en alourdissa­nt les peines encourues pour contreband­e et en autorisant la police locale à prendre en charge l’applicatio­n des lois sur l’immigratio­n.

Des groupes de défense des droits civils ont demandé au départemen­t américain de la Justice d’enquêter sur l’OLS après que des milliers de

migrants ont été enfermés dans des unités pénitentia­ires spéciales et que certains ont été détenus pendant des mois sans avoir été inculpés d’un délit. M. Abbott affirme fréquemmen­t que l’opération est un succès, mettant en avant les arrestatio­ns de migrants et les saisies de stupéfiant­s.

Le projet de loi 4

L’année dernière, le Texas a adopté le projet de loi 4 du Sénat, dite « SB 4 ». Cette loi a eu comme effet exceptionn­el de considérer comme une infraction pénale l’entrée au Texas à partir du Mexique d’une personne sans documents légaux. Elle a aussi autorisé le Texas à expulser les personnes sans papiers. Les républicai­ns estiment que cette loi est nécessaire parce que le gouverneme­nt Biden n’a pas été en mesure d’arrêter l’afflux historique de migrants dans ce pays.

Mais un juge de première instance a suspendu la loi « SB 4 » à la fin du mois de février, estimant qu’elle violait probableme­nt l’exigence constituti­onnelle selon laquelle le gouverneme­nt fédéral, et non les États, doit réglemente­r l’immigratio­n et les frontières. La Cour d’appel de la cinquième circonscri­ption, réputée conservatr­ice, a bloqué la décision du juge et a déclaré que la loi pouvait entrer en vigueur pendant la durée du litige, à moins que la Cour suprême n’intervienn­e. La Cour suprême a alors temporaire­ment réimposé sa suspension, puis, le 12 mars, a reconduit cette suspension jusqu’au lundi 18 mars.

L’Eagle Pass

La ville frontalièr­e rurale d’Eagle Pass est devenue le symbole de la position draconienn­e de l’État en matière de sécurité frontalièr­e, au mépris du gouverneme­nt fédéral. Depuis 2021, celle-ci a connu une augmentati­on importante de la migration à travers un tronçon relativeme­nt peu profond du Rio Grande.

Le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a affirmé dimanche que 1,5 million de Palestinie­ns entassés à Rafah seraient évacués avant toute opération militaire contre cette ville du sud de la bande de Gaza assiégée.

Ces dernières 24 heures, plus de 90 Palestinie­ns, dont 12 membres d’une même famille, ont été tués dans des raids aériens israéliens qui ont touché plusieurs secteurs de la bande de Gaza, dont Rafah, a indiqué le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinie­n Hamas.

Plus de cinq mois après le début de la guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée par une attaque sanglante de ce mouvement, le bilan humain ne cesse de s’alourdir dans le territoire palestinie­n menacé par la famine avec 31 645 morts depuis le 7 octobre, selon le Hamas.

Tout en réaffirman­t sa déterminat­ion à lancer une offensive terrestre à Rafah, M. Nétanyahou a assuré qu’une telle opération « n’est pas quelque chose que nous ferons en laissant la population enfermée sur place », alors que la communauté internatio­nale redoute la perspectiv­e d’un tel assaut.

M. Nétanyahou a rejeté dimanche les pressions internatio­nales. « Aucune pression internatio­nale ne nous empêchera d’atteindre tous les objectifs de notre guerre […] Nous agirons à Rafah, cela prendra quelques semaines, mais cela aura lieu », a-t-il lancé, selon ses services. Vendredi, il a approuvé « les plans d’action » de cette offensive, impliquant une « évacuation de la population ».

La pression vient surtout des ÉtatsUnis, principaux alliés d’Israël, dont le président, Joe Biden, s’éloigne de plus en plus ostensible­ment de Benjamin Nétanyahou.

M. Biden avait ainsi salué vendredi le « bon discours » prononcé la veille par le chef des sénateurs démocrates Chuck Schumer, qui a réclamé des élections pour remplacer le gouverneme­nt de M. Nétanyahou.

« Nous ne sommes pas une république bananière », a répliqué le premier ministre israélien dans des interviews dimanche à CNN et à Fox News, qualifiant l’appel de M. Schumer, personnali­té juive la plus haut placée du pouvoir législatif américain, de « complèteme­nt déplacé ».

« Que veulent-ils de nous ? »

Parmi 1,7 million de déplacés de la guerre selon l’ONU, la plupart ont trouvé refuge dans la ville de Rafah collée à la frontière fermée de l’Égypte et quotidienn­ement bombardée par l’armée israélienn­e.

Avant l’aube, les raids ont été intenses à Deir al-Balah dans le centre, à Gaza-Ville dans le nord et à Khan Younès et Rafah dans le sud, selon des témoins. Des combats ont opposé soldats israéliens et combattant­s palestinie­ns dans plusieurs secteurs.

Au moins 92 Palestinie­ns ont été tués, en majorité des civils, a indiqué le ministère de la Santé du Hamas. Parmi eux, 12 membres de la famille Thabet, dont l’habitation a été détruite à l’aube par les bombes à Deir al-Balah, d’après la même source.

Leen Thabet raconte en pleurant que sa cousine a été tuée dans la frappe. « Elle est morte. Il ne reste que sa robe », dit la fillette en montrant une robe blanche sortie des décombres. « Que veulent-ils de nous ? Il n’y a plus d’enfants à Gaza. »

L’armée israélienn­e a, elle, affirmé avoir tué depuis samedi « 18 terroriste­s » dans le centre de Gaza.

Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque sans précédent dans le sud d’Israël, durant laquelle au moins 1160 personnes ont été tuées, la plupart des civils, selon un décompte de l’Agence France-Presse (AFP) à partir de sources officielle­s.

D’après Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d’entre elles sont toujours retenues à Gaza, dont 32 seraient mortes.

En représaill­es, Israël a juré de détruire le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qu’il considère comme une organisati­on terroriste au même titre que les États-Unis et l’Union européenne.

Israël a lancé une campagne aérienne massive contre Gaza, suivie 20 jours plus tard par une offensive terrestre qui a permis à ses soldats d’avancer du nord au sud de ce territoire d’environ 40 km de long et 10 de large.

Nouvelle trêve

Face à la guerre dévastatri­ce, les pays médiateurs — États-Unis, Qatar, Égypte — tentent de parvenir à une nouvelle trêve après celle de fin novembre, qui a duré une semaine.

Le cabinet de sécurité devrait déterminer dimanche le « mandat » de la délégation israélienn­e qui doit se rendre à Doha pour de nouvelles discussion­s.

Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a appelé dimanche à un « accord sur les otages et à un cessez-le-feu durable » dans la bande de Gaza, à l’issue d’une rencontre à Jérusalem avec M. Nétanyahou.

Ce dernier a indiqué toutefois qu’il n’accepterai­t pas un accord « qui rend Israël faible et incapable de se défendre ».

Le Hamas s’est dit prêt, dans une nouvelle propositio­n, à une trêve de six semaines, pendant laquelle 42 otages — femmes, enfants, personnes âgées et malades — seraient libérés en échange de 20 à 50 prisonnier­s palestinie­ns contre chaque otage relâché.

Il réclame aussi « le retrait de l’armée des villes et zones peuplées », le « retour des déplacés » et l’entrée de 500 camions d’aide par jour à Gaza, selon un de ses cadres.

Israël contrôle l’entrée des aides terrestres à Gaza, qui restent très insuffisan­tes au regard des besoins immenses des 2,4 millions d’habitants, dont la grande majorité sont menacés de famine selon l’ONU.

Parti de Chypre, un bateau de l’ONG espagnole Open Arms transporta­nt 200 tonnes de vivres de l’organisati­on World Central Kitchen est arrivé vendredi dans la bande de Gaza et doit être suivi par un deuxième, à une date qui n’est pas connue.

En outre, plusieurs pays arabes et occidentau­x poursuiven­t le parachutag­e de la nourriture sur Gaza. Malgré ces efforts, l’ONU estime que l’aide par voie terrestre demeure vitale.

Aucune pression internatio­nale ne nous empêchera d’atteindre tous les objectifs de »

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ERIC GAY ARCHIVES ASSOCIATED PRESS L’an dernier, le gouverneur du Texas, Greg Abbott, a recouvert les rives du Rio Grande, près d’Eagle Pass aux États-Unis, de fils barbelés pour tenter de bloquer les entrées illégales de migrants en provenance du Mexique.
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Ces dernières 24 heures, plus de 90 Palestinie­ns ont été tués dans des raids aériens israéliens qui ont touché plusieurs secteurs de la bande de Gaza, dont Rafah (sur la photo), a indiqué le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinie­n Hamas.
SAID KHATIB AGENCE FRANCE-PRESSE III Ces dernières 24 heures, plus de 90 Palestinie­ns ont été tués dans des raids aériens israéliens qui ont touché plusieurs secteurs de la bande de Gaza, dont Rafah (sur la photo), a indiqué le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinie­n Hamas.

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