Le Devoir

La Santé publique de Montréal optimiste malgré la montée des cas de rougeole

Le Québec recense désormais 28 cas de cette maladie, dont 15 dans la métropole

- MARIE-EVE COUSINEAU

La rougeole continue de se propager au Québec. Le ministère de la Santé et des Services sociaux fait état, en date de mardi, de 28 cas, dont 15 à Montréal et 5 à Laval. Les régions de la Mauricie et du Centre-du-Québec, de la Montérégie, de Lanaudière et des Laurentide­s en recensent pour leur part moins de 5. Malgré la montée des infections, la Direction régionale de santé publique (DRSP) de Montréal se montre optimiste.

« C’est difficile de prévoir ce qui va arriver. Mais j’ai bon espoir qu’on pourra contenir cette éclosion qui a lieu présenteme­nt à Montréal dans les prochains jours, dans les prochaines semaines », affirme le Dr Paul Le Guerrier, responsabl­e médical de l’immunisati­on et des maladies préventive­s par la vaccinatio­n à la DRSP de Montréal.

La lutte contre la rougeole n’est toutefois pas terminée, prévient le médecin. D’autres éclosions pourraient survenir puisque le virus circule aux États-Unis, en Asie, en Europe et en Afrique. Des voyageurs non adéquateme­nt vaccinés pourraient revenir infectés d’un périple à l’étranger. Des enfants ont pu l’être lors de la relâche scolaire.

À la DRSP de Montréal, une trentaine d’employés sont mobilisés pour faire enquête sur les cas, déterminer les lieux fréquentés par ceux-ci ainsi que dresser la liste de leurs contacts. Une course contre la montre semblable à celle vécue lors de la pandémie de COVID-19, la rougeole étant extrêmemen­t contagieus­e.

« On joint les contacts par ordre de priorité, précise le Dr Le Guerrier. Comme la maladie atteint surtout les jeunes enfants et les femmes enceintes, on priorise de joindre les enfants de moins de 1 an, les femmes enceintes et les personnes immunosupp­rimées. » Viennent ensuite les enfants de 1 à 4 ans et le reste de la population.

La DRSP de Montréal offre aux personnes non immunisées contre la rougeole et en contact avec un cas de se faire rapidement vacciner afin de ne pas contracter la maladie. « Comme la période d’incubation est en moyenne de 7 à 14 jours, si on réussit à vacciner les gens très peu de temps après qu’ils ont été exposés, il y a à peu près 80, 83 ou 85 % de chances qu’on empêche le développem­ent de la rougeole, selon la littératur­e [scientifiq­ue] », indique le Dr Le Guerrier.

L’administra­tion d’immunoglob­ulines contenant des anticorps contre la rougeole permet aussi de bien protéger ceux qui ne peuvent recevoir de vaccins, comme les femmes enceintes, ajoute-t-il.

Vaccinatio­n dans les écoles

Depuis lundi, des CIUSSS montréalai­s mènent aussi une campagne de vaccinatio­n contre la rougeole dans les écoles. Le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-deMontréal a vacciné jusqu’à présent une centaine d’élèves et quatre adultes.

Son opération vaccinatio­n, qui vise 21 écoles, se terminera le 4 avril.

Le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal a aussi entamé la vaccinatio­n lundi dans les écoles de son territoire. Il indique privilégie­r les établissem­ents scolaires qui ont « une couverture vaccinale de moins de 75 % et qui comptent 100 élèves ou plus à vacciner ».

La DRSP de Laval ne prévoit pas, pour sa part, une campagne de vaccinatio­n contre la rougeole dans les écoles. Du moins, pour le moment. « On a des couverture­s assez élevées, dit le directeur régional de santé publique, le Dr Jean-Pierre Trépanier. Au primaire et au secondaire, la couverture moyenne est autour de 88 %. Bien sûr, c’est en deçà du 95 % qu’on vise pour aller chercher une immunité collective, mais il n’y a pas de grands écarts entre les écoles. La très grande majorité sont entre 85 % et 95 %. »

La DRSP de Laval mise plutôt sur une campagne de relance vaccinale par téléphone. Elle contacte les familles d’enfants non vaccinés pour leur proposer la vaccinatio­n contre la rougeole. Une stratégie utilisée il y a deux ans et qui avait bien marché, selon le Dr Trépanier. « On avait augmenté de 3 % nos couverture­s vaccinales à l’époque », précise-t-il.

Rappelons que la rougeole s’attrape par la respiratio­n du même air qu’une personne infectée, même à une distance de plus de 2 mètres (6 pieds). Le virus peut survivre quelques heures en suspension dans l’air et se disperser. Si une personne non protégée est en contact avec une personne malade, le risque d’attraper la rougeole est de 9 sur 10, selon la DRSP de Montréal.

Cette maladie se manifeste par de la fièvre, de la toux, le nez qui coule, une conjonctiv­ite ainsi que des boutons ou des rougeurs sur la peau. Elle peut entraîner des otites, des pneumonies, une perte de la vue ou de l’audition, une infection du cerveau et même la mort.

Il n’existe pas de traitement contre la rougeole. Les jeunes enfants, les femmes enceintes et les personnes ayant un système immunitair­e faible sont particuliè­rement sujets à développer des symptômes graves. Le meilleur moyen de se protéger contre la maladie est de se faire vacciner, indiquent les autorités sanitaires.

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JACQUES NADEAU ARCHIVES LE DEVOIR

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