La francophonite, un virus qui nous fait du bien
En ce Mois de la Francophonie, paraît-il que la rougeole gagne du terrain à Montréal, à l’instar de l’anglicisation, qui se répand comme la mauvaise herbe, dirait mon grand-père.
Et pourtant, vendredi dernier, alors que je me rendais à l’épicerie Super C de mon quartier du Sud-Ouest, mon oreille fut attirée par une chanson propulsée par des haut-parleurs extérieurs. Je la reconnus dès les premières paroles : « Les yeux d’un homme… » Je l’accueillis comme si on la jouait pour moi, pour agrémenter mon épicerie.
J’entrai en chantonnant et me dirigeai, le pas dansant, vers l’étalage des fruits bios, sous le regard amusé de ma voisine qui tâtait les raisins verts : quel est le titre de la chanson ? me demanda-t-elle, tout sourire, avec son joli accent africain.
Une jeune femme derrière moi s’empressa de lui répondre : « C’est Annie Villeneuve. C’est ma chanteuse préférée. Pis le titre de la chanson, c’est Un homme. » Et, coquines, nous continuâmes, elle et moi, de fredonner la ballade. En nous tenant par les épaules, nous sommes allées accrocher la cliente africaine qui gigotait et nous avons formé un trio sautillant.
La même fin de semaine, chez Jean Coutu, le sympathique duo 2Frères chantait
M’aimerais-tu pareil ?, et, chez Winners — qui l’eût cru ? —, j’ai eu le bonheur de savourer
L’amour, un chef-d’oeuvre du regretté Karim Ouellet.
Saluons les entreprises qui affichent leur appartenance au français québécois de façon ludique et festive et, du coup, propageons la francophonite, le virus de notre richesse culturelle, et pas seulement un mois par année…
Marie-Laure Chevrier
Montréal, le 19 mars 2024