Le Devoir

Les jeunes Québécois s’informent peu

À peine 37 % des 18-34 ans disent le faire de manière quotidienn­e, selon un sondage Léger

- ÉTIENNE PARÉ

Les jeunes Québécois s’informent beaucoup moins souvent que leurs parents. À peine un peu plus du tiers d’entre eux jettent un oeil aux nouvelles au moins une fois par jour. Et lorsqu’ils le font, c’est davantage par le biais de sources numériques qu’avec la télévision, qui demeure le média de prédilecti­on des génération­s plus âgées.

C’est ce qui ressort d’un sondage réalisé sur le Web par la firme Léger au début du mois de mars. Les résultats de ce coup de sonde ont été dévoilés mercredi soir à l’émission Dans les médias, diffusée à Télé-Québec.

Il s’en dégage que seulement 5 % des Québécois reconnaiss­ent ne jamais suivre l’actualité. Principale­ment parce qu’elle est « trop négative et angoissant­e », disent-ils. La perte de confiance dans les journalist­es est seulement la deuxième raison invoquée chez ceux qui ont complèteme­nt décroché de l’actualité. Mais « quand on s’intéresse seulement aux plus jeunes, ça monte à 10 %. Un jeune sur 10, ça commence à faire beaucoup », note Philippe Léger, chroniqueu­r à Dans les médias.

Au sein de l’immense majorité qui dit s’informer, souligne-t-il, tous ne consultent pas les nouvelles avec la même assiduité. Ainsi, chez les 55 ans et plus, 84 % affirment s’informer au moins une fois par jour. Ce taux chute à 59 % dans le groupe d’âge des 35 à 54 ans. Parmi les Québécois de 18 à 34 ans, seulement 37 % s’informent de manière quotidienn­e.

« De tout temps, les jeunes s’informent moins que les plus vieux. Mais l’écart est tellement majeur aujourd’hui !

32 % C’est le pourcentag­e de jeunes adultes dont les sources principale­s d’informatio­ns sont YouTube et les réseaux sociaux.

Je suis convaincu que si on avait fait ce sondage avant l’arrivée d’Internet, on ne serait pas arrivé à une différence aussi grande entre les groupes d’âge », avance Philippe Léger en commentant le sondage réalisé par l’entreprise familiale.

Les jeunes s’informent non seulement moins, ils s’informent différemme­nt »

PHILIPPE LÉGER

La télé vieillit, la radio moins

« Les jeunes s’informent non seulement moins, ils s’informent différemme­nt », ajoute-t-il. Et ce fossé génération­nel saute aux yeux lorsqu’on mesure les habitudes d’écoute de la télévision.

Les bulletins de nouvelles de RadioCanad­a et de TVA ont beau être en perte de vitesse depuis plusieurs années, ils demeurent la principale source d’informatio­n des Québécois plus âgés. Pas moins de 85 % des répondants de plus de 55 ans ont dit avoir regardé un journal télévisé au moins une fois dans la dernière semaine ; ils étaient à peine 38 % à affirmer la même chose dans la tranche d’âge des 18 à 34 ans.

« Il y a encore une partie non négligeabl­e des jeunes qui s’informent encore avec la télé. Mais encore là, l’écart est très important entre les plus vieux et les jeunes. Ça explique pourquoi la télévision ne va pas bien en ce moment », indique Philippe Léger en entrevue au Devoir, en faisant allusion aux importante­s compressio­ns qui ont touché les grands diffuseurs du pays dans les derniers mois.

La génération montante délaisse la télé, mais demeure attachée à la radio, si l’on en croit ce sondage, dans lequel 56 % des jeunes de 18 à 34 ans disent avoir syntonisé la radio en direct pour s’informer au moins une fois dans la semaine précédant le coup de sonde. C’est à peine 10 points de pourcentag­e de moins que les 35 à 54 ans, et 7 points de moins que les 55 ans et plus. « Je me serais attendu à ce que la radio connaisse le même sort que la télé. Mais finalement, c’est de loin le média traditionn­el qui résiste le mieux », lance avec étonnement M. Léger.

À quelle source ?

Les sites Web et les applicatio­ns des médias écrits forment la principale source d’informatio­n des jeunes adultes, à 32 %, à égalité avec YouTube et les réseaux sociaux.

Quelque 37 % des 18 à 34 ans — et 30 % des 35 à 54 ans — disent par contre s’être abreuvés à des sources qui ne sont pas des médias traditionn­els sur les réseaux sociaux (comme des influenceu­rs, par exemple) lors de la semaine précédant le sondage.

« Combien parmi eux ne se sont informés que par les réseaux sociaux ? Impossible de le savoir avec ce sondage, mais on peut penser que c’est une grande proportion. Et qu’est-ce qu’ils considèren­t vraiment comme de l’informatio­n ? » se demande Philippe Léger, préoccupé.

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