Jake Gyllenhaal casse la baraque
L’acteur est parfait en videur qui démolit du truand dans le remake allumé du film culte Road House, avec Patrick Swayze
Lorsqu’on mentionne le nom de l’acteur Patrick Swayze, les premiers films cités sont généralement Dirty Dancing (Danse lascive), Ghost (Mon fantôme d’amour) et Point Break (Extrême limite). Beaucoup plus mal dégrossi, Road House (Bar routier) n’en est pas moins l’un des titres les plus aimés de feu la star. Pour autant, ce récit outrancier d’un videur quasi invincible embauché pour débarrasser un débit d’alcool des truands qui y prolifèrent n’était pas un candidat évident pour une réinvention. Or, ce qui étonne encore davantage, c’est que le remake (V.F.) avec un Jake Gyllenhaal tout en muscles luisants et en sourire craquant soit si divertissant.
On parle ici d’une adaptation libre. Autrefois campée aux confins du Missouri, l’intrigue a été transposée dans les magnifiques Keys floridiennes. Jake Gyllenhaal incarne Dalton, un exchampion de combats extrêmes hanté par son passé (quoi d’autre).
N’ayant nulle part où aller, Dalton accepte l’offre d’emploi de la propriétaire d’un bar. Son mandat : expulser la racaille qui y sévit depuis des mois. Il y a là-dessous une sombre histoire de développement immobilier (quoi d’autre, bis).
Impartie d’un rôle au profil psychologique que l’on qualifiera charitablement de minimal, la vedette de Donnie Darko, Brokeback Mountain (Souvenirs de Brokeback Mountain) et Prisoners (Prisonniers) déploie tout son arsenal de charisme et de charme. Résultat ? Son Dalton est assez irrésistible. Il est vrai que le scénario d’Anthony Bagarozzi et Charles Mondry donne à Gyllenhaal plusieurs répliques amusantes à se mettre sous la dent.
C’est toutefois plutôt avec ses poings que Dalton s’exprime, cassant du méchant à qui mieux mieux. Bon gars, il lui arrive cependant de déposer à l’hôpital quelques-uns de ses assaillants.
Du lot d’antagonistes se distingue celui que compose le vrai champion de combat extrême Conor McGregor, disjoncté à souhait : un opposant crédible pour Dalton.
En médecin qui s’intéresse à Dalton pour d’autres raisons que ses blessures (superficielles), Daniela Melchior en impose également.
Absolu second degré
Que les puristes adeptes du film culte original (car c’en est un, certifié) se rassurent : Road House, version 2024, n’a absolument pas renoncé à la débauche de violence volontairement excessive de son modèle.
Au contraire, Doug Liman, réalisateur expert ès films d’action après The Bourne Identity (La mémoire dans la peau), Mr. and Mrs. Smith (M. et Mme Smith) et Edge of Tomorrow (Un jour sans lendemain), a choisi d’amplifier celle-ci en la rendant encore plus viscérale. Cela, avec une stylisation et un panache visuels, ainsi qu’un humour constant, qui rendent limpide l’absolu second degré de l’affaire.
En somme, il s’agit d’une série B endimanchée, à l’histoire aussi mince que remplie d’archétypes et de clichés, mais qui est tout à fait consciente de l’être, et paraît déterminée à s’en amuser.
À cet égard, les sympathiques conversations « méta » entre Dalton et une jeune libraire locale, où cette dernière le compare à un cowboy solitaire de western arrivant dans un hameau en perdition afin d’y faire le ménage, sont révélatrices. Bref, ce remake s’avère, qui l’eût cru, plus compétent et enlevant que ce qui était attendu.
Bar routier (V.F. de Road House)
★★★1/2
Film d’action de Doug Liman. Scénario d’Anthony Bagarozzi et Charles Mondry. Avec Jake Gyllenhaal, Daniela Melchior, Conor McGregor, Billy Magnussen, Jessica Williams. ÉtatsUnis, 2024, 114 minutes.
Sur Prime Video.
Se distingue l’antagoniste que compose le vrai champion de combat extrême Conor McGregor