Vers un nouveau parc national à Tadoussac
Le gouvernement Legault souhaite préserver un secteur de dunes reconnu pour l’observation d’oiseaux
Le secteur des dunes est connu de quiconque a déjà séjourné à Tadoussac, et le gouvernement du Québec souhaite maintenant ajouter le site au réseau provincial des parcs nationaux. L’objectif est de mettre en valeur ce haut lieu de l’observation d’oiseaux en migration, témoin de l’histoire de l’occupation du territoire et de l’évolution de la planète.
Le territoire projeté du parc national des Dunes-de-Tadoussac, situé à l’est du village de Tadoussac, sur la CôteNord, a une superficie d’environ 6,5 km2. Le gouvernement Legault, qui s’était engagé en campagne électorale à protéger le site, vient de mandater le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement afin qu’il réalise une « consultation publique » sur le projet.
Selon ce que précise le ministère de l’Environnement du Québec dans une réponse écrite, ce territoire déjà très fréquenté « offre des vues remarquables sur l’estuaire maritime du fleuve
Saint-Laurent. Ces paysages, modelés par la nature et par l’homme, marient la mer, les étendues sablonneuses, les forêts et le ciel. Aussi, son accès au fleuve est un atout, donnant un lien privilégié avec le parc marin du Saguenay– Saint-Laurent ».
Concrètement, ce secteur est « reconnu internationalement comme un haut lieu pour l’observation des oiseaux », puisqu’il constitue un corridor migratoire d’importance où les oiseaux convergent au printemps et à l’automne. On peut notamment y apercevoir des milliers de rapaces et de passereaux.
C’est d’ailleurs à cet endroit que l’Observatoire d’oiseaux de Tadoussac effectue chaque année le suivi des espèces qui longent les dunes lors de leurs migrations, et notamment les nyctales, ces petits rapaces nocturnes qui témoignent de la santé des forêts du Québec et qui ont déjà fait l’objet d’un reportage du Devoir.
Histoire
En plus de la richesse de la faune aviaire, le secteur des dunes a été témoin de l’occupation du territoire depuis plus de 1000 ans. « Les artéfacts laissés depuis les premières visites des peuples autochtones témoignent de cette présence humaine qui date de cette époque. Le site a également servi de mouillage aux premiers Européens, qui s’y protégeaient lors des tempêtes ou y attendaient les bonnes conditions pour poursuivre leur route dans le fjord ou sur le fleuve », rappelle Josée Guimond, conseillère en communication au ministère de l’Environnement du Québec.
Les dunes sont elles-mêmes des vestiges de l’histoire de l’évolution de la planète, puisqu’il s’agit en fait de terrasses marines bien conservées.
Leur formation remonte à plus de 10 000 ans, lors de la dernière glaciation. Un énorme glacier, celui-là même auquel on doit le fjord du Saguenay, s’était alors mis à fondre. Les eaux libérées ont provoqué un dépôt de sédiments que le glacier avait laissés sur son passage. La croûte terrestre s’est ensuite graduellement redressée, entraînant le retrait de la mer. Ce processus s’est déroulé en plusieurs phases, ce qui explique les deux plateaux distincts que l’on voit aujourd’hui, qui composent ces terrasses marines.
Selon ce qui est prévu actuellement par le gouvernement, un amphithéâtre serait aménagé afin d’offrir les activités d’interprétations du parc national. Il pourrait aussi accueillir des représentations artistiques et musicales. Un total de 11,3 km de sentiers ainsi qu’un camping de 90 places seraient aussi aménagés.
L’idée de protéger ce territoire a été évoquée à quelques reprises depuis 1983, lors de la création du parc Saguenay, aujourd’hui appelé parc national du Fjord-du-Saguenay.
Le gouvernement Legault a pris l’engagement de protéger 30 % des milieux naturels du Québec d’ici 2030. Selon les données officielles, environ 17 % du territoire naturel terrestre du Québec est actuellement protégé, soit environ 257 000 km2. En ce qui a trait aux milieux marins, on parle d’environ 10 %, avec un peu plus de 16 000 km2.
Cela signifie que le Québec devra ajouter plus de 200 000 km2 de territoires terrestres protégés d’ici la fin de la décennie, mais aussi au moins 30 000 km2 de territoires marins protégés.