Le Devoir

Une jeunesse façonnée par le legs de Mulroney

Mark Mulroney, l’un des fils de l’ex-premier ministre, a reçu des témoignage­s de plusieurs jeunes qui n’ont pas connu son père, mais qui se sont dits marqués par lui

- SANDRINE VIEIRA À OTTAWA LE DEVOIR

Un jeune est venu me voir. Il m’a dit qu’il a 30 ans, qu’il n’a pas connu mon père, mais qu’il a tout lu sur lui. C’est mon père qui lui a donné envie de devenir politicien, un jour. » MARK MULRONEY

Même si nombre d’entre eux n’étaient que des enfants, voire n’étaient pas encore nés, lorsque l’ancien premier ministre Brian Mulroney était au pouvoir, de nombreux jeunes adultes ont tenu à lui rendre hommage lors des célébratio­ns précédant ses funéraille­s d’État.

En entrevue avec Le Devoir vendredi, son fils Mark Mulroney témoigne avoir rencontré des dizaines de jeunes qui, même nés après le départ de la vie politique de son père, se disent profondéme­nt marqués par son legs.

« Plus tôt aujourd’hui, un jeune est venu me voir. Il m’a dit qu’il a 30 ans, qu’il n’a pas connu mon père, mais qu’il a tout lu sur lui. C’est mon père qui lui a donné envie de devenir politicien, un jour », raconte Mark, au bout du fil.

Il était présent à Montréal, aux côtés du reste de sa famille, pour serrer la main des citoyens venus rendre hommage à l’ancien premier ministre, exposé en chapelle ardente.

Brian Mulroney a quitté la vie politique en février 1993, après une défaite historique. Aujourd’hui, tous les Canadiens âgés de 31 ans ou moins sont nés après son départ.

Pour sa part, le député du Bloc québécois Simon-Pierre Savard-Tremblay n’avait que 5 ans lorsque M. Mulroney a démissionn­é. Ce dernier raconte avoir acquis une connaissan­ce « intellectu­elle » du personnage en étudiant abondammen­t la politique et les événements historique­s de l’époque de Mulroney pendant sa jeunesse.

Le député n’a toutefois pas besoin de l’avoir vu à l’oeuvre à la Chambre des communes pour saisir l’impact de son héritage sur la scène politique d’aujourd’hui. « Aujourd’hui, je suis député pour un parti qui, on pourrait dire, a été créé par les orphelins de Mulroney. C’était en réaction à ce qu’il tentait de faire de bonne foi », explique-t-il en entretien avec Le Devoir.

Le Bloc québécois a été fondé en 1991, dans la foulée de l’échec de l’accord du lac Meech proposé par l’ancien premier ministre.

Celui qui a gouverné le Canada pendant dix ans, entre 1984 et 1993, s’est éteint le 29 février à l’âge de 84 ans.

Bon nombre de jeunes lui rendent hommage

Les témoignage­s des jeunes ne sont pas rares, note Mark Mulroney. Durant l’avant-midi de vendredi seulement, Mark témoigne qu’une dizaine d’entre eux lui ont confié avoir été inspirés par son père.

« Je trouve ça incroyable, parce que ce ne sont pas des personnes qui ont pu connaître mon père quand il était en politique. Mais elles ont quand même appris sur ce qu’il a laissé au Canada, à ses enfants et à sa femme », dit-il.

Lors de l’exposition en chapelle ardente à Ottawa, mardi et mercredi, Mark Mulroney s’est étonné de rencontrer autant de jeunes citoyens et députés fédéraux. « Il y avait plus de jeunes en ligne [pour lui rendre hommage] qui n’ont pas pu connaître mon père, en comparaiso­n avec les autres », a-t-il observé.

Qu’est-ce que les jeunes retiennent le plus de l’ancien chef du Parti progressis­te-conservate­ur ?

Même si M. Mulroney est reconnu pour sa défense de l’environnem­ent ou encore pour sa lutte pour mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud, les jeunes se disent surtout touchés par « ses valeurs d’intégrité », répond Mark.

« On a entendu des anecdotes fantastiqu­es, on a vu des grands sourires, des gens qui parlaient du “petit gars de Baie-Comeau” qui les appelait alors qu’ils ne savaient même pas qu’il connaissai­t leurs noms… C’est comme ça qu’il était », relate-t-il.

M. Savard-Tremblay, quant à lui, se souviendra de Brian Mulroney pour l’historique accord de libre-échange avec les États-Unis et le Mexique (ALENA).

« C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, on est une économie d’exportatio­n. Les États-Unis sont notre principal partenaire et le Québec exporte massivemen­t dans l’État de New York, par exemple. C’est un héritage important de Brian Mulroney qui est peut-être moins connu », explique le porte-parole en commerce internatio­nal.

Le jeune député croit également qu’il faut reconnaîtr­e les efforts de M. Mulroney dans l’accord du lac Meech. « C’est un échec majeur, mais il faut rappeler que c’est le dernier, dans l’histoire, à avoir essayé. Ce n’est pas négligeabl­e. »

Humanisme

L’humanisme de M. Mulroney a souvent été mis en avant dans les témoignage­s de nombreux chefs d’État et politicien­s, toutes formations politiques confondues, qui affluent depuis son décès.

C’est également ce que son fils espère que la prochaine génération retiendra. « On a entendu tellement de témoignage­s, donc oui, on sait qu’il était bienveilla­nt et qu’il était généreux, mais vraiment, c’était la même personne en privé qu’en public. »

À l’approche des funéraille­s d’État, qui auront lieu samedi à 11 h à la basilique Notre-Dame à Montréal, Mark Mulroney espère maintenant célébrer la vie de son père.

« Ça fait quelques semaines déjà qu’on est en deuil. Ça ne veut pas dire qu’on ne va pas pleurer [samedi], mais on veut que ça soit davantage une célébratio­n de sa vie », dit-il.

Les noms des dignitaire­s qui se rendront aux funéraille­s d’État seront rendus publics samedi matin.

 ?? BLAIR GABLE LA PRESSE CANADIENNE ?? Des gens se recueillai­ent devant la dépouille de l’ancien premier ministre Brian Mulroney, à Ottawa, mardi.
BLAIR GABLE LA PRESSE CANADIENNE Des gens se recueillai­ent devant la dépouille de l’ancien premier ministre Brian Mulroney, à Ottawa, mardi.

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