Le Devoir

Kate Middleton atteinte d’un cancer, une nouvelle tuile pour la famille royale

- BENOIT VALOIS-NADEAU LE DEVOIR Avec l’Agence France-Presse

La princesse de Galles, Kate Middleton, a annoncé vendredi dans une vidéo qu’elle souffrait d’un cancer et qu’elle avait entamé des traitement­s de chimiothér­apie, mettant du même coup fin aux nombreux questionne­ments qui entouraien­t son état de santé depuis des mois.

L’épouse du prince William, premier prétendant au trône britanniqu­e, n’a pas précisé la nature de son mal, mais a indiqué qu’elle en était aux premiers stades de ses traitement­s et qu’elle se portait bien.

« Cela nous a pris du temps pour tout expliquer à George, Charlotte et Louis », ses trois enfants avec le prince William. « Comme je leur ai dit, je vais bien et je deviens plus forte chaque jour en me concentran­t sur les choses qui m’aideront à guérir », a-t-elle ajouté, disant espérer que le public comprendra qu’« ils ont besoin de temps, d’espace et d’intimité pendant qu’elle poursuit mon traitement ».

Ce dénouement survient après deux mois de folles rumeurs à la suite de l’annonce, le 17 janvier dernier, que la princesse avait subi une importante opération à l’abdomen. L’équipe des communicat­ions de la famille royale avait alors laissé entendre que l’opération n’avait rien à voir avec un cancer et que Kate reprendrai­t ses activités publiques d’ici Pâques. Quelques jours plus tard, on apprenait que son beau-père, le roi Charles III, souffrait d’un cancer.

L’absence prolongée de la princesse, puis la publicatio­n d’une photo retouchée de Kate Middleton et de ses enfants à l’occasion de la fête des Mères britanniqu­e n’ont fait qu’alimenter la machine à rumeurs.

Malgré les excuses de Kate, qui a invoqué sa maladresse avec les technologi­es pour justifier ces retouches, les théories du complot ont fusé de toute part. S’agissait-il de la photo d’un sosie ? Voulait-elle camoufler une chirurgie esthétique ? Le couple princier était-il en instance de divorce après une affaire d’adultère ou de violence conjugale ? Toutes les explicatio­ns ou presque étaient bonnes pour expliquer le retrait de la vie publique de l’une des personnali­tés les plus médiatisée­s de la planète.

La plate réalité était moins palpitante : la famille britanniqu­e avait — encore une fois, diront les mauvaises langues — raté le coche en matière de relations publiques.

Gestion de crise 101

La gestion médiatique d’une telle nouvelle a de quoi donner des maux de tête à tous les « spin doctors » de la planète, croit Bernard Motulsky, l’ancien président de la Société québécoise des profession­nels en relations publiques (SQPRP), qui se garde bien de critiquer ses homologues britanniqu­es. « Une mère de famille de 42 ans qui apprend qu’elle a le cancer, moi, je le vois comme un drame. Il n’y a pas grand monde qui sait exactement comment faire pour l’annoncer et en parler », observe le professeur au Départemen­t de communicat­ion sociale et publique de l’UQAM.

« Un diagnostic de cancer, c’est d’abord un choc personnel : il faut être capable de le gérer avant de le partager. C’est une catastroph­e et l’on ne peut pas faire disparaîtr­e une catastroph­e en communiqua­nt efficaceme­nt. C’est clair qu’il y a eu un manque de transparen­ce, mais on ne peut pas toujours être transparen­t. Exposer publiqueme­nt tout ce qu’on vit, au moment où on le vit, c’est impossible, même si on est la famille royale. »

Là où les membres de la famille royale (et leurs responsabl­es en communicat­ion) ont pêché, selon lui, c’est en gardant le silence trop longtemps sur l’état de santé de Kate Middleton. « Le silence, c’est ce qu’il y a de pire pour exciter la curiosité et faire en sorte qu’on ne parle plus que de ça. C’est un silence assourdiss­ant qui laisse penser qu’il y a quelque chose derrière. »

Dans ce contexte, la publicatio­n de la photo retouchée avait comme but de gagner du temps, tout en rassurant le public. Au final, c’est l’exact inverse qui s’est produit. « Ce n’était certaineme­nt pas l’idée du siècle », concède M. Motulsky. « Tout ce qu’on peut constater, c’est que c’était une tentative de calmer la curiosité du public. »

L’annonce de vendredi est venue expliquer les récentes bourdes de la famille royale, croit Amandine Hamon, chargée de cours en gestion de crise à l’Université de Montréal. « Je ne pense pas que ça va impacter très gravement la relation du public avec Kate et William. C’est une princesse, elle est très populaire, elle est aimée, puis c’est une mère de famille. Le public va probableme­nt avoir de la compassion pour elle et ses enfants », soutient la doctorante en communicat­ion.

L’institutio­n royale, par contre, risque de voir la confiance du public envers elle s’émousser davantage. « Ils ont été pris en flagrant délit de mensonge [en affirmant que Kate n’était pas atteinte du cancer]. Or, en gestion de crise, c’est la première chose qu’on tente d’éviter », rappelle Mme Hamon.

Voilà donc une tache de plus au dossier de la Couronne britanniqu­e, qui a vu son image mise à mal à plusieurs reprises ces dernières années.

Mais ce cafouillag­e trouve son explicatio­n dans la nature même de l’institutio­n, croit Amandine Hamon. « En matière de gestion de crise, c’est forcément compliqué pour la famille royale, parce que plusieurs intérêts qui se confronten­t. Ils ont besoin de communique­r pour avoir la sympathie du public et, en même temps, ils ont aussi une vie privée qu’ils n’ont pas toujours envie de partager. »

« Et parfois, ils ne peuvent pas communique­r du tout quand ils n’ont pas l’informatio­n nécessaire », comme le cas de Kate Middleton laisse présager, estime-t-elle.

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CAPTURE D’ÉCRAN YOUTUBE Kate, dont l’absence suscitait ces dernières semaines les rumeurs les plus folles, s’est exprimée, l’air éprouvé et fatigué, dans une vidéo filmée mercredi et diffusée vendredi.

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