Le Devoir

La planificat­ion successora­le, plus qu’un simple bilan

- SANDY LACHAPELLE Planificat­rice financière, Sandy Lachapelle est présidente du cabinet indépendan­t Lachapelle finances intelligen­tes.

Lorsqu’il est question de planifier leur succession, plusieurs ont le réflexe de penser que tout est déjà réglé puisqu’ils ont accumulé un patrimoine important ou minimaleme­nt rédigé un testament. Chez ceux-là, un « ils en auront suffisamme­nt pour se débrouille­r » ose parfois émerger du for intérieur pour se faufiler jusqu’aux paroles. Ce n’est pas aussi simple.

Il est vrai qu’un bilan successora­l positif est déjà une bonne nouvelle en soi pour vos héritiers. Cela signifie que la valeur de l’ensemble de vos actifs est plus élevée que celle de vos passifs, y compris votre dette fiscale reportée. Actuelleme­nt, de nombreux Québécois issus de la génération du baby-boom présentent même un bilan successora­l considérab­le. Mais le peu d’intérêt envers la culture de transmissi­on du patrimoine aux génération­s futures exprime le manque d’expérience de notre société en ces matières ainsi qu’un faible niveau de connaissan­ces générales sur ces questions.

Convenons d’abord que la planificat­ion successora­le ne se résume pas à la rédaction d’un testament. Cette démarche vise plus largement à établir un ensemble de stratégies et d’actions permettant d’orchestrer la distributi­on des legs à vos héritiers, de faciliter le règlement de votre succession par son liquidateu­r et, idéalement, de limiter les frais et impôts à payer après votre décès. Elle permet aussi de revoir la structure de détention de vos actifs afin d’en faciliter la transmissi­on, vos besoins en assurance vie et la désignatio­n des bénéficiai­res, notamment. Elle peut également inclure la préparatio­n de vos arrangemen­ts funéraires, votre testament numérique et les stratégies de dons planifiés.

L’enjeu des liquidités successora­les

Il existe une confusion entre bilan successora­l et besoins successora­ux. En effet, vous pouvez présenter un bilan important au décès, mais avoir tout de même avantage à revoir certains éléments de votre gestion de patrimoine. La première question à vous poser sera: quelles seront vos liquidités successora­les disponible­s au moment de votre décès ? Les impôts à payer en cas de décès sont calculés en date de l’événement (selon la règle de la dispositio­n présumée).

Toutefois, le règlement de la succession, même pour les cas les plus simples, peut prendre de 12 à 18 mois, alors que les succession­s plus complexes, avec structure d’entreprise, s’étirent sur plusieurs années. Donc, même un patrimoine important, s’il n’offre pas d’actifs liquides, peut rendre vulnérable­s financière­ment vos héritiers, ou du moins leur offrir de généreux casse-tête.

Par exemple, si vous avez des régimes enregistré­s importants, des immeubles à revenu ou encore des actions dans une société privée, leur dispositio­n engendrera un gain en capital probableme­nt important. Bien sûr, votre succession en bénéficier­a une fois le règlement terminé. Mais la planificat­ion successora­le permet d’estimer de façon précise les besoins en liquidités au moment du décès et de recourir à des stratégies permettant d’éviter des règlements chaotiques et inutilemen­t stressants.

Enfin, la planificat­ion successora­le s’intéresse à la meilleure façon d’atteindre vos objectifs de legs, en limitant la facture associée à votre générosité. Par exemple, le roulement fiscal de certains biens au conjoint survivant permet de reporter les impôts exigibles lors du décès de ce dernier. Avant d’attribuer certains legs particulie­rs à d’autres héritiers, comme vos enfants, il importe d’établir des stratégies avec votre planificat­eur financier. Cette réflexion est encore plus importante si vous avez des enfants issus d’une union précédente ou des enfants toujours mineurs.

Il n’y a pas que l’assurance vie

Bien sûr, qui pense succession pense assurance vie. Cet outil demeure très efficace pour constituer un patrimoine important à transmettr­e à vos descendant­s, ou encore pour optimiser la succession en prévoyant des liquidités afin de régler les impôts, notamment. Dans les familles bien nanties, l’assurance vie est aussi considérée comme un outil de diversific­ation des actifs et de maximisati­on du patrimoine pour les génération­s futures.

Mais que faire si vous avez un patrimoine et des revenus plus modestes ? Ou encore si votre état de santé vous rend difficilem­ent assurable ? Il existe une façon moins connue d’offrir des liquidités supplément­aires à la succession au décès, soit de transférer une partie ou la totalité de son portefeuil­le de placements dans des fonds distincts.

Résumé à l’essentiel, le fond distinct est un fonds commun de placement, mais assorti d’un coût d’assurance parce qu’il est distribué par une compagnie d’assurances. Dès lors, différents produits existent avec des garanties de capital au décès ou après une certaine échéance. Mais ce qui nous intéresse ici est la possibilit­é de nommer des bénéficiai­res. Au décès, le solde du compte de placements est alors versé directemen­t au ou aux bénéficiai­res désignés, alors que les autres actifs seront « gelés » dans la succession.

Vous pouvez aussi envisager l’achat d’une rente viagère, avec différente­s stratégies permettant de transférer la rente à des bénéficiai­res de votre famille. Par exemple, si vous aviez une période garantie à votre rente viagère, les paiements peuvent être remis directemen­t à vos bénéficiai­res désignés si vous décédez à la fin de la période garantie. Enfin, la stratégie des dons planifiés permet notamment d’établir les dons de différents biens admissible­s à votre décès à un ou des organismes de bienfaisan­ce de votre choix, réduisant du même coup les impôts exigibles à votre succession au moment de votre décès.

Différents facteurs doivent être considérés avant de trancher entre assurance vie, fonds distincts, rentes ou dons planifiés. Il est aussi très possible d’utiliser un ensemble de stratégies. Par ailleurs, les objectifs de la planificat­ion successora­le sont bien différents, d’une étape de vie à l’autre, d’une personne à l’autre, d’une famille à l’autre. D’expérience, le sentiment de légèreté et de fierté observable à la fin de l’exercice est concluant. Il n’y a rien de plus satisfaisa­nt que de savoir que tout est organisé. Ne reste ensuite… qu’à profiter de la vie !

Convenons d’abord que la planificat­ion successora­le ne se résume pas à la rédaction d’un testament. Cette démarche vise plus largement à établir un ensemble de stratégies et d’actions permettant d’orchestrer la distributi­on des legs à vos héritiers, de faciliter le règlement de votre succession par son liquidateu­r et, idéalement, de limiter les frais et impôts à payer après votre décès.

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