Le Devoir

Locataires, à vos droits, prêts, partez !

- CAMILLE LAURIN-DESJARDINS COLLABORAT­ION SPÉCIALE

Si vous êtes locataire, vous avez probableme­nt reçu au cours des derniers jours ou des dernières semaines votre avis de renouvelle­ment de bail, indiquant l’augmentati­on de loyer prévue pour juillet prochain. Peut-être n’êtesvous pas d’accord avec celleci… Mais que faire alors ? Connaissez-vous vos droits ?

« En tant que conseillèr­e, je vois que ces questionne­ments reviennent souvent », note Despina Sourias, conseillèr­e associée à l’habitation, à la salubrité et à la protection du parc de logements locatifs au comité exécutif de la Ville de Montréal. C’est dans cet esprit que la Ville a lancé, il y a quelques semaines, une campagne pour informer les Montréalai­s de leurs droits et des ressources disponible­s pour les aider, dans un contexte de crise du logement particuliè­rement aiguë à Montréal.

« Pour nous, c’est important d’outiller les locataires pour qu’ils puissent bien comprendre leurs droits et comment conserver leur logement à un prix décent », ajoute Mme Sourias.

La pénurie de logements (et celle encore plus prononcée de logements abordables) exerce une pression énorme sur les locataires, surtout s’ils doivent quitter leur appartemen­t, et crée une source de stress importante. Sur l’île de Montréal, le taux d’inoccupati­on des logements est maintenant à 1,6 %, selon le dernier rapport sur le marché locatif de la Société canadienne d’hypothèque­s et de logement (SCHL). Il était à 2,3 % en 2022.

Le nombre d’évictions en hausse

« C’est une chose que je vis depuis le début de mon mandat : on voit de plus en plus de cas d’abus de la part des propriétai­res, indique Despina Sourias, conseillèr­e municipale dans le district

de Loyola, dans l’arrondisse­ment de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-deGrâce. Des reprises de logement, des rénovictio­ns, des augmentati­ons injustifié­es de loyers… »

Selon le Regroupeme­nt des comités logement et associatio­ns de locataires du Québec (RCLALQ), le nombre d’évictions forcées a d’ailleurs augmenté de 132 % en 2023, et c’est à Montréal que l’augmentati­on est la plus prononcée : 143 %.

Des chiffres qui inquiètent les élus montréalai­s. « C’est pour cette raison qu’on met en place des campagnes de communicat­ion, une entente avec l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM), et qu’on travaille beaucoup avec les arrondisse­ments aussi pour se préparer à planifier des hébergemen­ts d’urgence », énumère Mme Sourias.

« Une hausse qui ne permet pas d’ajuster les dépenses »

En janvier, le TAL a dévoilé les pourcentag­es applicable­s pour l’ajustement de loyer en 2024, selon l’électricit­é (2,8 %), les frais d’entretien (7,5 %) ou encore les dépenses d’immobilisa­tion (4,8 %), notamment. Bien que ces augmentati­ons soient plus importante­s que par les années passées, ce n’est malheureus­ement pas suffisant, selon le président de l’Associatio­n des propriétai­res du Québec (APQ), Martin Messier.

Il cite en exemple un propriétai­re qui aurait fait des travaux majeurs dans la dernière année. « Avec un taux de 4,8 %, ça représente 4 $ pour chaque tranche de 1000 $, donc ça va prendre 21 ans pour amortir cette dépense ! » déplore M. Messier.

« Les propriétai­res trouvent ça difficile, cette année, ajoute-t-il. Ils trouvent que la hausse ne permet pas d’ajuster leurs dépenses… principale­ment parce que le prix des hypothèque­s a beaucoup augmenté, et le TAL ne tient pas compte de la fluctuatio­n des taux d’intérêt dans ses calculs. » Un non-sens, selon Martin Messier.

Le président de l’APQ invite les propriétai­res à bien expliquer à leurs locataires, dans le détail, pourquoi ils doivent augmenter leur loyer, le cas échéant, afin de maintenir une belle relation et d’éviter une « judiciaris­ation du débat ».

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GETTY IMAGES Une campagne a récemment été lancée pour informer les Montréalai­s de leurs droits et des ressources disponible­s pour les aider dans un contexte de crise du logement.

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