Le Devoir

Comment bien choisir son courtier immobilier ?

- LEÏLA JOLIN-DAHEL COLLABORAT­ION SPÉCIALE

Quand vient le temps d’acheter ou de vendre une propriété, comment bien choisir le courtier immobilier qui s’assurera d’accompagne­r ses clients dans l’une des transactio­ns les plus importante­s d’une vie ? Plusieurs critères doivent être pris en compte afin de trouver le profession­nel qui convient.

Puits artésiens contaminés, fosses septiques non conformes, champignon­s, pyrite, ocre ferreuse, zones inondables, terrains pollués… « Il y a beaucoup plus de risques en lien avec une transactio­n immobilièr­e aujourd’hui qu’il n’y en avait il y a 10, 15 ou 20 ans. Et ce, principale­ment parce qu’on a découvert beaucoup de vices qui peuvent affecter une résidence », explique Marc Lacasse, courtier immobilier et président du conseil d’administra­tion de l’Associatio­n profession­nelle des courtiers immobilier­s du Québec (APCIQ). Le rôle d’un agent immobilier est d’abord et avant tout de diminuer ces risques, résume-t-il.

Un simple propriétai­re ne possède pas non plus les connaissan­ces nécessaire­s afin de pouvoir donner l’heure juste en fonction des dangers, ajoute de son côté Yvon Rudolphe, chargé de cours en immobilier à l’École des sciences de la gestion (ESG) de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Un courtier agira donc à titre d’intermédia­ire afin de bien protéger son client tout en respectant les obligation­s prescrites en vertu de la Loi sur le courtage immobilier, complète Louis Beauchamp, vice-président aux communicat­ions à l’Organisme d’autoréglem­entation du courtage immobilier du Québec (OACIQ).

Quels critères pour faire son choix ?

Face à la panoplie d’enseignes et de courtiers, comment prendre une décision ? « Ce n’est pas l’enseigne qui compte, c’est toujours le courtier », résume M. Rudolphe. Celui qui est également évaluateur agréé estime qu’il est crucial d’établir un lien de confiance avec la personne dont on retiendra les services.

Les trois experts s’entendent pour dire que le bouche-à-oreille et les références de la part de quelqu’un de son entourage restent encore le meilleur moyen de trouver son agent. M. Lacasse préconise de mener ensuite quelques recherches sur le Web, notamment en consultant le profil LinkedIn du courtier. Il est également possible de se rendre sur le site Web de l’OACIQ, afin de vérifier que la personne recommandé­e dispose d’un permis en règle et qu’elle n’a pas fait l’objet d’avis ou de mentions disciplina­ires.

Le président du CA de l’APCIQ ajoute qu’il est crucial de poser certaines questions à son courtier, à savoir sa disponibil­ité et ses méthodes de communicat­ion. « Et comment va-t-on travailler ensemble lorsque je vais voir une propriété qui m’intéresse ? Comment ça va se passer durant la visite ? Quel genre d’accompagne­ment vas-tu me donner ? Si je veux faire une promesse d’achat, comment va-t-on établir le juste prix à proposer pour cette propriété ? Ce sont des questions à poser en amont jusqu’au moment où vous vous rendez chez le notaire », énumère-t-il.

Certains acheteurs auraient aussi avantage à opter pour un courtier qui connaît le quartier où ils désirent emménager, croit de son côté M. Rudolphe. « Une personne qui est vraiment omniprésen­te dans le secteur, c’est déjà à la base quelqu’un de plus apte à nous donner une certaine idée des environs », fait-il valoir.

Et pour les vendeurs ?

À l’instar des acheteurs, les vendeurs gagnent également à clarifier certains paramètres avant de confier la vente de leur résidence à un courtier. « Vous pouvez magasiner parce qu’il y a beaucoup de concurrenc­e dans le domaine », suggère M. Beauchamp.

De son côté, M. Lacasse conseille aux vendeurs de s’informer sur l’offre de services, comme la publicité pour afficher la propriété et le taux de rétributio­n. « Il y a autant de modèles d’affaires qu’il y a de courtiers. Quand vous allez poser vos questions, naturellem­ent, vous allez vous faire une tête sur le niveau de confiance que vous accordez à cette personne », ajoute-t-il.

À ceux qui seraient tentés de s’occuper eux-mêmes de la vente, M. Rudolphe donne un avertissem­ent : « Lorsque les gens vendaient par eux-mêmes, je leur demandais : sous quel prétexte laissez-vous entrer des inconnus ? On peut facilement geler une propriété [avec une promesse d’achat] et par la suite faire perdre des propositio­ns et des offres au propriétai­re. Il existe plein de moyens pour entraver une transactio­n », met-il en garde.

Des recours possibles

Les agissement­s de certains courtiers ont fait les manchettes au cours des derniers mois, minant ainsi la confiance du public envers la profession. En janvier, le comité de discipline de l’OACIQ a déclaré deux courtiers coupables d’avoir eu recours à de fausses offres d’achat dans le but de stimuler la surenchère sur des propriétés et d’augmenter le montant de leur commission. D’autres ont été pointés du doigt dans les médias pour avoir réalisé des transactio­ns frauduleus­es ou s’être placés en conflit d’intérêts. « On ne peut pas à la fois représente­r les intérêts d’un acheteur et d’un vendeur, pour des raisons évidentes », rappelle M. Beauchamp.

Il souligne néanmoins que « la très vaste majorité, pour ne pas dire la presque totalité, des courtiers immobilier­s exercent un travail honnête et profession­nel ». L’année dernière, 77 841 transactio­ns immobilièr­es résidentie­lles ont été conclues au Québec.

Seulement 2 % d’entre elles ont fait l’objet de demandes d’assistance du public avec, finalement, 69 plaintes disciplina­ires déposées, selon les données de l’OACIQ.

« Il y a malheureus­ement quelques cas de courtiers qui ont été imprudents ou qui ont vraiment dérogé aux règles. Et, naturellem­ent,

on n’est pas d’accord avec ça. Cela affecte toute notre profession », se désole M. Lacasse. Il rappelle que ceux et celles qui ont des doutes peuvent se tourner vers l’OACIQ lorsqu’ils remettent en question le travail de leur courtier.

Le président du CA de l’APCIQ précise qu’il n’est pas dans l’intérêt d’un courtier d’aller contre ceux de son client. « On veut faire cette transactio­n, que vous transmetti­ez ensuite nos coordonnée­s à vos proches et que vous pensiez à moi quand vous allez acheter une résidence secondaire. La majorité d’entre nous recherchen­t une chose, c’est d’être votre courtier à vie. »

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ISTOCK Le rôle d’un agent immobilier est d’abord et avant tout de diminuer les risques liés à une transactio­n immobilièr­e, précise Marc Lacasse, de l’Associatio­n profession­nelle des courtiers immobilier­s du Québec.
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