Le Devoir

L’aménagemen­t paysager au service de solutions durables

- MARIE-HÉLÈNE DUFAYS

Face à l’urgence climatique et grâce à une collaborat­ion adéquate, les entreprise­s spécialisé­es en aménagemen­t paysager s’assurent de mener leurs projets à bien en intégrant des solutions durables. L’aménagemen­t paysager peut ainsi jouer un rôle important et soutenir les collectivi­tés.

Dominique Filion, président et fondateur de l’entreprise éponyme en services paysagers, estime que le rôle des paysagiste­s sera de plus en plus important à l’avenir afin de « faire la différence à long terme ». Ses clients n’ont pas toujours conscience des éléments écologique­s et sociaux intégrés à ses projets d’aménagemen­t paysager. Pour lui, les paysagiste­s ont encore un rôle éducatif à jouer, tant auprès des clients privés qu’auprès des autorités. En effet, les solutions proposées sont prouvées et testées, soutient le fondateur de l’entreprise.

Des solutions durables

Au-delà de la protection de l’environnem­ent, les avantages pour les collectivi­tés et promoteurs à investir dans des aménagemen­ts paysagers durables sont nombreux. L’aménagemen­t paysager peut avoir un effet positif sur la qualité de vie des gens et améliorer leur mobilité, voire leur santé mentale ou physique, explique Dominique Filion. Son entreprise intègre d’ailleurs un plan d’engagement en développem­ent durable et met l’accent sur une série de principes, tels que la réduction des îlots de chaleur, une gestion efficace de l’eau, une végétation adaptée et des matériaux durables.

Pour combattre les îlots de chaleur, il préconise la création d’îlots de fraîcheur, la plantation d’arbres et l’utilisatio­n de matériaux plus pâles et réfléchiss­ants. Une gestion efficace de l’eau est également primordial­e et les villes l’ont bien compris, souligne M. Filion, puisqu’elles sont de plus en plus exigeantes. Celles-ci « obligent les promoteurs à réaliser des bassins de captation d’eau plutôt que d’envoyer l’eau dans des usines d’épuration », poursuit-il.

Marie-Andrée Joncas, architecte paysagiste chez Dominique Filion, met quant à elle l’accent sur l’importance d’une végétation adaptée « aux aléas saisonnier­s du Québec » en privilégia­nt des plantes indigènes habituées à repousser d’une saison à l’autre. Cette approche utilisant des plantes dites résiliente­s assure une pérennité et fait partie des solutions durables qu’utilise l’entreprise. Lorsque c’est possible, elle propose des toits verts, ce qui permet de baisser les coûts d’énergie en hiver ainsi qu’en été. En effet, un toit vert permet de faire en sorte que la chaleur ne soit pas absorbée en été puisque les plantes en préservent la fraîcheur.

L’entreprise a également travaillé à la conception d’espaces extérieurs pour des établissem­ents scolaires, tels que des terrains de soccer ou des gymnases extérieurs. Cela contribue grandement à rendre les communauté­s plus vertes et saines, explique Dominique Filion. Ces espaces ne se limitent pas à offrir des lieux pour l’activité physique, mais servent également de barrières naturelles contre le bruit et la pollution, tout en favorisant la biodiversi­té par la création de jardins pouvant attirer les oiseaux, les abeilles ou offrir des espaces pour des jardins comestible­s.

Une collaborat­ion nécessaire

Pour Dominique Filion, les projets en aménagemen­t paysager requièrent une collaborat­ion en amont, dès leur idéation. Il souligne l’importance de réfléchir et de travailler en équipe dès le départ avec les entreprene­urs, architecte­s en bâtiment, villes, promoteurs et de « se concerter ». Pour sa part, il dit collaborer depuis de nombreuses années avec des promoteurs et entreprise­s pour intégrer des solutions durables. Il estime à cet égard que son entreprise va au-delà des exigences des villes, notamment en ce qui a trait à la gestion des eaux.

Le Centre de valorisati­on du bois urbain (CVBU) utilise cette matière première en la transforma­nt en produits à valeur ajoutée. Le centre travaille également en développem­ent durable et en économie circulaire et collabore notamment avec diverses institutio­ns publiques, des municipali­tés, la Société des établissem­ents de plein air du Québec (SEPAQ), Parcs Canada ou encore HydroQuébe­c afin de valoriser le bois. Cette collaborat­ion avec les villes permet de « garder la ressource à l’interne et de ne plus voir le bois urbain comme une matière résiduelle, un déchet à gérer, mais plutôt comme une ressource », explique Maxime Bourdeau, directeur général du CVBU. À ses yeux, garder le bois à l’état solide est l’une des meilleures manières de le valoriser. Dominique Filion inclut également cette matière première dans ses projets, notamment en design d’architectu­re pour des pergolas ou des pavillons extérieurs. Le directeur du CVBU a par ailleurs constaté une volonté croissante d’utiliser des matériaux recyclés, valorisés ou réutilisés et souhaite que la valorisati­on devienne un prérequis.

Le domaine de l’aménagemen­t paysager est en constante évolution et regorge de nouveautés, indique Marie-Andrée Joncas, pour qui une meilleure écoute de la part des autorités serait en outre nécessaire.

L’aménagemen­t paysager peut avoir un effet positif sur la qualité de vie des gens et améliorer leur mobilité, voire leur santé mentale ou physique

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ISTOCK La réduction des îlots de chaleur, la gestion efficace de l’eau, une végétation adaptée et des matériaux durables font maintenant partie du cahier des charges des paysagiste­s.

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