Le Devoir

Il faut construire plus, mais il faut aussi construire mieux

- Éric Bosco et Annie Levasseur Le premier est directeur exécutif de l’Institut AdapT de l’École de technologi­e supérieure ; la seconde est directrice scientifiq­ue du même institut.

Un enjeu capital de notre société est la crise du logement. Face à cette urgence pressante, il est naturel de vouloir trouver des solutions rapides et économique­s. Cependant, nous devons nous rappeler que la constructi­on de logements de moindre qualité, à haute empreinte carbone et non résilients aux changement­s climatique­s est une illusion dangereuse à long terme.

Construire pour l’avenir, c’est construire avec qualité, durabilité et résilience. Ces trois piliers sont indispensa­bles pour garantir la pérennité de nos habitation­s tout en répondant aux impératifs environnem­entaux et sociaux de notre époque. La qualité n’est pas un luxe, c’est une nécessité. Elle englobe la sélection de matériaux performant­s à faible empreinte carbone, des processus de fabricatio­n rigoureux et le respect de normes strictes de constructi­on.

Il est possible d’accélérer la constructi­on de logements de qualité et abordables. Soulignons d’ailleurs la récente annonce des ministres Champagne, Fraser et Freeland d’un investisse­ment de 123 millions visant à développer de nouvelles technologi­es de constructi­on résidentie­lle et à stimuler l’innovation dans le secteur du logement.

Le design architectu­ral joue également un rôle important dans la création de logements esthétique­s, fonctionne­ls et adaptés à nos besoins. En combinant qualité, durabilité et design, la préfabrica­tion, par exemple, peut offrir une multitude d’avantages, allant de la réduction des coûts et des délais de constructi­on à l’améliorati­on de la performanc­e énergétiqu­e et environnem­entale.

Investir dans la qualité et la résilience, c’est aussi un investisse­ment pour l’avenir. En réduisant les besoins en entretien et en réparation­s post-constructi­on, nous allégeons la pression sur la maind’oeuvre spécialisé­e et nous permettons de construire de plus nombreux logements. De plus, nous contribuon­s à l’améliorati­on de l’abordabili­té en diminuant les charges d’exploitati­on pour les propriétai­res et en stabilisan­t les loyers.

Qualité de vie

Mais les avantages vont au-delà de l’économie. En optant pour des solutions durables, nous réduisons les risques de dommages causés par les événements climatique­s extrêmes, nous améliorons la santé et le bien-être des résidents, et nous favorisons une meilleure qualité de vie pour tous. Les toits verts, les murs végétalisé­s, les systèmes de récupérati­on des eaux pluviales et la conception bioclimati­que ne sont que quelques exemples de solutions douces qui peuvent contribuer à cette vision et être appliquées dès maintenant.

Cependant, pour concrétise­r cette vision, nous devons modifier les réglementa­tions en vigueur. Il est impératif d’améliorer les appels d’offres, de prendre en compte des critères qualitatif­s dans l’adjudicati­on des contrats et de modifier le code du bâtiment pour encourager la constructi­on de logements de qualité et résilients.

Mais nous ne pouvons pas relever ce défi seuls. Nous devons mobiliser tous les acteurs, du secteur privé au secteur public, en passant par le monde universita­ire. La collaborat­ion avec les université­s et les centres de recherche est essentiell­e pour soutenir la recherche et le développem­ent de solutions innovantes dans la conception et la constructi­on de logements durables.

Ensemble, nous pouvons construire un avenir où chaque personne a accès à un logement de qualité, résilient et respectueu­x de l’environnem­ent.

Il faut agir de manière ambitieuse pour intégrer les enjeux environnem­entaux dans nos façons de faire. C’est notre responsabi­lité collective de construire autrement et maintenant.

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