Le Devoir

La « loi Françoise David » irrite St-Pierre Plamondon

« Je ne pense pas qu’on devrait [...] rebaptiser les lois en fonction de la paternité ou de la maternité présumée d’une loi », a déclaré le chef péquiste

- ISABELLE PORTER À QUÉBEC Avec la collaborat­ion de Marie-Michèle Sioui

La loi ne s’appelle pas la “loi Françoise David”. Y a-t-il une loi Véronique Hivon en matière de fin de vie ? Y a-t-il une loi Pauline Marois ? Est-ce qu’on devrait appeler la loi en matière d’habitation, le projet de loi 31,

»

la loi Duranceau ?

PAUL ST-PIERRE PLAMONDON

Le chef du Parti québécois, Paul StPierre Plamondon, est agacé par le terme « loi Françoise David » et reproche à Québec solidaire de se complaire dans des « moments médiatique­s ».

Depuis deux jours, le chef péquiste insiste pour qu’on cesse d’utiliser l’expression « loi Françoise David » et qu’on nomme par son numéro, 198, le projet de loi visant à élargir celui déposé en 2016 par l’ex-députée.

« La loi ne s’appelle pas la “loi Françoise David”, a-t-il lancé mardi. Y a-t-il une loi Véronique Hivon en matière de fin de vie ? Y a-t-il une loi Pauline Marois ? Est-ce qu’on devrait appeler la loi en matière d’habitation, le projet de loi 31, la loi Duranceau ? »

« En termes d’équité entre les partis et de rigueur, je ne pense pas qu’on devrait, comme partis, comme journalist­es, rebaptiser les lois en fonction de la paternité ou de la maternité présumée d’une loi, d’autant plus que Québec solidaire n’était pas au pouvoir. »

Le projet de loi 198 vise à élargir le projet de loi déposé en 2016 par l’exdéputée Françoise David pour empêcher les propriétai­res de logements d’évincer les locataires à faible revenu de 70 ans et plus résidant dans leur appartemen­t depuis dix ans ou plus.

Le Parti québécois a donné son appui au projet de loi, mais, jeudi matin, le chef péquiste a avancé que Québec solidaire défendait mal le dossier des locataires au Parlement en misant sur des « moments médiatique­s ».

Négocié « plus mollo »

Il a raconté que, lors des débats sur le bâillon avant Noël, il avait « vraiment tenté » d’infléchir la position de la Coalition avenir Québec sur la cession de bail alors que « QS avait négocié plus mollo » pour qu’on lui permette de déposer le projet de loi 198. Le chef péquiste soutient que QS s’est contenté d’un débat sur la question sans garantie que le gouverneme­nt voterait pour.

Le projet de loi 198 offrirait une protection aux locataires à partir de 65 ans au lieu de 70 et réviserait à la baisse le nombre d’années d’occupation de l’appartemen­t requis de dix à cinq ans. Le revenu maximal pour en bénéficier serait aussi rajusté.

De fait, le gouverneme­nt a accepté d’appeler le projet de loi jeudi aprèsmidi pour qu’il soit débattu, mais a laissé entendre qu’il ne comptait pas nécessaire­ment l’appuyer. À la période de questions jeudi matin, la ministre responsabl­e de l’Habitation, FranceÉlai­ne Duranceau, a souligné que le sujet avait été « amplement discuté » lors de l’étude du projet de loi 31, et mercredi, le premier ministre François Legault a refusé de s’engager à soutenir une telle réforme.

Québec solidaire, de son côté, a décidé de consacrer toute la journée de jeudi à ce dossier. Ses interventi­ons au Salon bleu ont toutes porté là-dessus, et le parti a tenu un point de presse en début d’après-midi aux côtés de nombreux groupes de la société civile pour presser le gouverneme­nt d’adopter le projet de loi 198.

Questionné sur sa prétendue mollesse dans les négociatio­ns de décembre, le leader de Québec solidaire, Alexandre Leduc, s’est montré étonné. « Je ne connais aucune opposition qui a réussi à forcer un gouverneme­nt à adopter un projet de loi », a-t-il dit, avant d’ajouter que Paul St-Pierre Plamondon avait « participé personnell­ement à la négociatio­n ».

Le débat sur le projet de loi 198 a été interrompu jeudi après-midi, lors de la fin des travaux parlementa­ires, sans que l’on sache si le gouverneme­nt allait le rappeler pour qu’il puisse être éventuelle­ment adopté. Comme les députés seront en relâche parlementa­ire la semaine prochaine, il faudra attendre le 8 avril pour savoir s’il figurera au programme. « On espère que la semaine va faire réfléchir tout le monde », a déclaré M. Leduc à la sortie du débat.

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