Pour une réforme du mode de scrutin

François Legault regrettera probablement d’avoir ridiculisé ceux qui réclament depuis longtemps une réforme du mode de scrutin. Pourquoi se donner du mal à respecter une promesse, disait-il en substance, quand la question ne produit pas de bagarres dans les autobus ? Tout lui semblait beau quand on pouvait obtenir une majorité parlementaire de plus de 70 % des sièges avec seulement 40 % des voix. Mais si la tendance se maintient, le site agrégateur de sondages Qc125 prévoit une dégringolade de la Coalition avenir Québec de 89 à 11 députés ! Notre système électoral peut facilement produire des majorités factices (comme aux élections de 2022) qui peuvent être balayées d’un coup aux élections suivantes… et remplacées par une autre majorité tout aussi artificielle : toute une belle stabilité, comme le prétendent aveuglément les défenseurs du mode de scrutin uninominal à un tour ! En plus de favoriser l’arrogance de politiciens investis d’une légitimité moins grande que celle qu’ils prétendent détenir, le système prive une majorité de citoyens d’avoir une voix qui compte dans la gouverne de l’État. Un pauvre péquiste dans Westmount et tant d’autres électeurs de toutes tendances, dans toutes les circonscriptions, se retrouvent littéralement désaffranchis, avec un vote réduit à l’insignifiance. C’est ce qui risque fort d’arriver à la plupart des électeurs caquistes aux prochaines élections. Ils auront bien couru après en acceptant que leur premier ministre, par paresse ou pour quelque autre raison, n’ait pas le coeur de s’engager dans un chantier important pour notre démocratie. François Thérien

Le 26 mars 2024