6000 tonnes de résidus abandonnées sur un site d’Exo
Le propriétaire de Recycle Gypse Québec a déclaré faillite cet automne
Contrainte de nettoyer le site, Exo a lancé un appel d’offres à cet effet la semaine dernière
Le « numéro un » du recyclage de gypse de la province, Recycle Gypse Québec, a discrètement cessé ses activités, abandonnant une « importante quantité de matières résiduelles ». La société de transport en commun Exo, propriétaire du terrain, risque maintenant de devoir essuyer une facture de plus d’un million de dollars pour nettoyer le site parce que le propriétaire de Recycle Gypse a déclaré faillite cet automne, a constaté Le Devoir.
En cessant ses activités au printemps dernier, Recycle Gypse Québec a laissé en héritage plus de 6000 tonnes de résidus de construction, de poudres de gypse et de blocs de béton sur un site situé à Delson, en Montérégie, qui appartient à Exo. Au total, ce sont plus de 20 000 m3 de matières résiduelles, soit l’équivalent de 1000 camions de dix roues, qui s’entassent pêle-mêle dans deux immeubles.
Avant de faire disparaître son site Internet, Recycle Gypse Québec s’y présentait comme le « numéro un » du recyclage de gypse dans la province. La compagnie soutenait être motivée par des valeurs environnementales : « Toutes nos opérations se font en harmonie avec la nature et l’environnement, c’est une fierté pour notre entreprise. »
La présence de matières résiduelles sur le site a mené à un bras de fer juridique entre l’entreprise et le propriétaire du site. Exo poursuit Recycle Gypse depuis novembre 2021, tentant de forcer l’entreprise à nettoyer le terrain. « Malgré plusieurs promesses faites au fil du temps, Exo a constaté que l’entreprise ne respectait pas ses engagements et a finalement mis un terme à l’occupation du site en juin 2023 », explique Exo dans un courriel envoyé au Devoir.
Dans les dernières années, l’administration de Delson s’est elle aussi tournée vers les tribunaux, soutenant que Recycle Gypse ne respectait pas la réglementation municipale qui interdit l’entreposage extérieur de matériaux de récupération. En 2020, la Cour municipale avait donné raison à la Ville.
Contrainte de nettoyer le site, Exo a lancé un appel d’offres à cet effet la semaine dernière. La société de transport indique qu’une « importante quantité de matières résiduelles », évaluée à 6000 tonnes, a été laissée par son ancien locataire. Selon les prix actuels dans l’industrie, disposer d’un tel volume devrait dépasser le million de dollars.
Exo n’a pas mis fin aux procédures judiciaires contre Recycle Gypse. Elle demande toujours au juge de « condamner Recycle Gypse au paiement de la somme requise pour le nettoyage et la remise en état des lieux », explique Exo. Une audition sur le fond est prévue en novembre 2024.
Or, même si un juge donne raison à la société de transport, rien n’indique que l’organisation sera en mesure de récupérer les sommes. En novembre dernier, le propriétaire de l’entreprise, Mathieu Fortier-Mercier, a déclaré faillite, a constaté Le Devoir.
Il a été impossible de s’entretenir avec ce dernier. Son avocat, KarlEmmanuel Harrison, a toutefois précisé par courriel que cette faillite personnelle « incluait la valeur des actions de Recycle-Gypse Québec inc., évaluée à 1 $ ». Il a aussi confirmé que l’entreprise a cessé ses activités en mai 2023.