Le Devoir

Quels sont les réels besoins des employés?

La santé mentale des travailleu­rs en 2023 se porte mieux que l’année précédente. Mais selon l’étude Dans la tête des employés du cabinet de conseil en ressources humaines Mercer, « l’expérience employé reste difficile et épuisante pour plusieurs ».

- GABRIELLE ANCTIL COLLABORAT­ION SPÉCIALE

Si la fin de la pandémie de COVID-19 a offert une accalmie aux travailleu­rs, beaucoup d’entre eux continuent de classer la santé mentale au sommet de leurs attentes lorsque vient le moment de choisir un emploi, confirme le rapport, paru au début de l’année 2024. « Cette année, 46 % des employés disaient préférer avoir de meilleurs avantages sociaux à une augmentati­on salariale de 10 % », souligne Jonathan Brunelle, conseiller principal et responsabl­e du domaine carrière chez Mercer pour le Québec. « Ça témoigne de l’importance que les employés accordent à leur santé et à leurs conditions de travail. »

Résultat : « La santé mentale est de plus en plus au coeur de la propositio­n de valeur des employeurs. » Télémédeci­ne, réduction de la charge de travail et congés bonifiés sont tous au menu pour séduire les employés. « Historique­ment, les programmes des employeurs étaient orientés sur les assurances collective­s, constate le conseiller. Maintenant, les employés veulent être soutenus dans la prévention. Ils veulent qu’on atténue les maladies avant que ça devienne des problèmes aigus. » Il s’attend à ce que les avantages sociaux offerts évoluent en réponse à ces exigences pour, notamment, offrir des outils numériques, chouchous des plus jeunes génération­s.

Ces dernières marquent aussi un changement de culture dans les entreprise­s, note-t-il. « Avant, on travaillai­t fort, même au détriment de notre santé, pour être bien nanti après la retraite. Aujourd’hui, on veut vivre notre vie pleinement maintenant. On veut un rythme de vie viable, plus sain. »

Télétravai­l mon amour

Autre préoccupat­ion des employés : la possibilit­é de travailler de la maison au moins une partie du temps, qui intéresse 51 % des employés. « Certains de mes clients voient des gens décliner leur offre d’emploi parce qu’ils n’offrent pas l’opportunit­é de travailler à la maison », constate Jonathan Brunelle. Pourtant, ce mode de travail n’est pas toujours propice à l’équilibre entre le travail et la vie privée. « Les employés en télétravai­l à temps plein sont les plus satisfaits de leur entente de travail, mais ceux qui passent un peu de temps au bureau sont plus motivés », lit-on dans le rapport.

Si le travail hybride exige une confiance accrue de la part des employeurs, ces derniers doivent aussi de plus en plus fréquemmen­t faire preuve de transparen­ce pour gagner celle de leurs employés. Celle-ci se manifeste notamment par un désir de visibilité au niveau des échelles salariales offertes par les entreprise­s. Une loi sur la « transparen­ce salariale » est déjà entrée en vigueur en Colombie-Britanniqu­e, et une réglementa­tion similaire est sur le point d’être adoptée en Ontario. Même sans ces lois, 69 % des employés « affirment connaître leur échelle salariale » alors que seuls 30 % des employeurs partagent publiqueme­nt cette informatio­n — ce qui témoigne, selon le conseiller, d’une plus grande ouverture des travailleu­rs à discuter entre eux de ces sujets autrefois tabous.

Finalement, l’étude de Mercer permet de constater que l’ère de la « grande démission » est derrière nous. Un employé sur trois songeait tout de même à quitter son emploi en 2023. « La santé mentale est un facteur, mais aussi la rémunérati­on, la relation avec son gestionnai­re ou ses collègues, ou les valeurs de l’organisati­on », souligne Jonathan Brunelle.

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GETTY IMAGES « Cette année, 46 % des employés disaient préférer avoir de meilleurs avantages sociaux à une augmentati­on salariale de 10 % », souligne Jonathan Brunelle, conseiller principal et responsabl­e du domaine carrière chez Mercer pour le Québec.

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