Le Devoir

Des artistes dans tous les CA

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En réponse à la série d’articles rédigés par Stéphane Baillargeo­n concernant le manque de représenta­tion d’artistes dans les conseils d’administra­tion des sociétés d’État à vocation culturelle, j’aimerais faire part d’une réflexion à vos lecteurs ainsi qu’à mes collègues travaillan­t en création.

Les avocats, les gestionnai­res, les comptables et les consultant­s s’approprien­t l’écrasante majorité des places de CA au Québec. Dans un esprit de réciprocit­é, j’aimerais voir les artistes siéger en grand nombre aux CA des sociétés d’État à vocation culturelle, mais aussi être membres de conseils d’administra­tion dans tous les domaines.

De toute évidence, la gouvernanc­e de plusieurs sociétés d’État peine dramatique­ment à proposer des pistes de solution pour répondre aux problèmes d’aujourd’hui et de demain (crise du logement, pénurie de main-d’oeuvre, effritemen­t du filet social, crise climatique, etc.). Les artistes et les créateurs ont comme vocation de développer des visions et des idées originales. N’est-ce pas justement le type d’aptitudes qui pourrait enrichir la pensée et nourrir le débat chez les décideurs ?

J’aimerais voir Dany Laferrière au CA de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Pierre Lapointe au CA de la Société de télédiffus­ion du Québec, Alexandra Stréliski au CA de la Société de la Place des Arts de Montréal, Caroline Monnet au CA d’Hydro-Québec et Anaïs Barbeau-Lavalette au CA de la

Société immobilièr­e Québec. Est-ce que c’est plus fou que de voir un banquier à la tête du CA de la Société de développem­ent des entreprise­s culturelle­s (Stéphane Achard à la SODEC) ? Ou encore une hôtelière à la présidence du CA du Musée national des beaux-arts du Québec (Christiane Germain au MNBAQ) ?

Pour paraphrase­r Alain Deneault, la seule manière de gagner la game, c’est de jouer à notre propre jeu.

« L’art des affaires [business art] est l’étape qui vient après l’art. J’ai commencé comme artiste commercial et je souhaite finir ma carrière comme artiste des affaires… Être bon en affaires est la forme d’art la plus fascinante… Travailler est un art, et les bonnes affaires sont le meilleur art. » Warhol, 1975

Au plaisir de croiser des gens avec une plus grande diversité de parcours profession­nel et personnel dans les hautes sphères de décision.

Renaud Lessard Ste-Marie

Montréal, le 29 mars 2024

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