Le Devoir

Cri du coeur de répartiteu­rs médicaux d’urgence

Plus de 250 syndiqués qui répondent à des appels sont sans contrat de travail depuis deux ans

- MARIE-EVE COUSINEAU

Sans convention collective depuis deux ans, les quelque 250 répartiteu­rs médicaux d’urgence (RMU) de la Fédération des employés du préhospita­lier du Québec (FPHQ) dénoncent la lenteur des négociatio­ns avec le gouverneme­nt québécois. Le syndicat réclame que le salaire d’entrée de ses membres passe de 22 $ l’heure à près de 27 $, afin d’attirer de nouveaux employés et de retenir ceux en poste.

Les RMU répondent aux appels d’urgence des citoyens et assurent la coordinati­on des ressources ambulanciè­res sur leur territoire. Les membres de la FPHQ travaillen­t dans cinq centres de communicat­ion santé (communémen­t appelés CCS), qui desservent l’Outaouais, la Mauricie, le Centre-duQuébec, les Laurentide­s, Lanaudière, la Montérégie, une partie de l’Estrie et l’Est du Québec.

« Tous nos centres de communicat­ion santé sont à court d’effectif, signale le président de la FPHQ, Daniel Chouinard. C’est un travail très exigeant psychologi­quement. Les gens sont toujours devant la catastroph­e humaine. »

Les syndiqués de la FPHQ, dont la convention collective est échue depuis le 31 mars 2022, sont en grève depuis plus d’un an. Ils sont cependant tenus d’assurer les services essentiels. Pour signifier qu’ils sont en conflit de travail, ils commencent par exemple leur conversati­on avec les technicien­s ambulancie­rs paramédica­ux en mentionnan­t « RMU en grève, à l’écoute » ou « Centrale en grève, à l’écoute ».

Selon la FPHQ, Québec a annulé dernièreme­nt deux rencontres de négociatio­ns prévues les 25 et 26 mars. Une autre doit avoir lieu ce mercredi. Daniel Chouinard qualifie le gouverneme­nt de « nonchalant » dans ce dossier. « On attend toujours notre tour », affirme-t-il.

Québec s’est entendu en février avec la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) et a conclu une entente de principe un mois plus tard avec la Fédération interprofe­ssionnelle de la santé du Québec (FIQ). Cette dernière entente sera soumise au vote des quelque 80 000 membres de la FIQ les 10, 11 et 12 avril. Rappelons que le Syndicat des employé-es d’Urgencessa­nté (FSSS-CSN), qui représente des RMU et du personnel administra­tif, a pour sa part conclu une entente de principe avec le gouverneme­nt en mai 2023.

Estelle Lafrance, présidente de la Fraternité des répartiteu­rs médicaux d’urgence du Groupe alerte Santé, qui fait partie de la FPHQ, s’indigne de l’état des négociatio­ns. « Les RMU, qui sont toujours cachés derrière leurs écrans et leurs téléphones, sont faciles à ignorer », dit-elle. Ils ont pourtant une tâche de travail « insoutenab­le », soutient-elle. « Nous avons besoin d’une augmentati­on salariale pressante. Quand les autres centrales d’urgence des environs embauchent à 35 $ l’heure, personne ne peut blâmer les candidats de ne pas nous choisir. »

Au cabinet de la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, on répond que les « négociatio­ns sont en cours » entre le gouverneme­nt et la FPHQ. « Les discussion­s se poursuiven­t aux tables, ajoute-t-on. Nous ne commentero­ns pas davantage. »

On attend toujours notre tour DANIEL CHOUINARD

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JACQUES NADEAU ARCHIVES LE DEVOIR Le syndicat réclame que le salaire d’entrée de ses membres passe de 22 $ l’heure à près de 27 $.

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