Kiev revendique l’attaque d’un site industriel russe à 1000 km de la frontière
Cette offensive par drones, rare à une telle distance, a fait 13 blessés et aurait visé un site d’assemblage de drones explosifs
Une attaque de drone revendiquée par Kiev a visé mardi un site industriel au Tatarstan et fait 13 blessés, ont indiqué les autorités de cette république russe située à plus de 1000 kilomètres de l’Ukraine, qui a abaissé mardi l’âge de la mobilisation militaire à 25 ans.
L’Ukraine mène régulièrement des attaques de drones ou des sabotages contre des usines, des voies ferrées ou des raffineries en territoire russe, mais il est rare qu’une frappe touche des infrastructures aussi éloignées de la frontière.
Selon la source au sein du secteur ukrainien de la défense interrogée par l’AFP, la frappe aurait visé un site d’assemblage de drones. « C’était une opération du GUR, une attaque de drones ukrainiens sur une entreprise assemblant des drones [explosifs] Shahed. Des dégâts importants ont été infligés au site », a affirmé cette source, sans préciser si l’attaque avait été lancée depuis le territoire russe ou ukrainien.
L’autre site visé, à Nijnekamsk, est une importante raffinerie de pétrole. Selon les autorités locales, le drone a été neutralisé par un système de brouillage électronique et sa chute n’aurait fait ni blessés ni dégâts.
L’attaque « n’a pas provoqué de graves dégâts, le processus technologique des entreprises n’a pas été perturbé », a assuré le communiqué, sans préciser quelles usines avaient été visées.
Le ministère de la Santé du Tatarstan a en revanche fait état de 13 personnes blessées par l’explosion provoquée par le drone, qui sont « des étudiants, dont deux mineurs ». « Huit personnes ont été hospitalisées pour des blessures de gravité légère ou moyenne, leur vie n’est pas menacée », a-t-il ajouté sur Telegram.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a assuré que l’armée russe « s’efforçait de minimiser puis d’éliminer la menace » des frappes ukrainiennes en Russie.
Zelensky mobilise les 25 ans et plus
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a par ailleurs signé mardi un projet de loi prévoyant l’abaissement de l’âge de la mobilisation militaire de 27 à 25 ans, dans le contexte où les forces armées manquent d’hommes pour faire face à l’invasion russe.
Ce projet de loi, qui avait été voté il y a un an par les députés et qui était jusque-là en attente de promulgation à la présidence, entrera en vigueur à partir de mercredi, a indiqué le Rada, le Parlement ukrainien, sur son site Internet.
Le gouvernement ukrainien doit ensuite mettre, dans un délai de six mois, les divers textes réglementaires en conformité avec le nouvel âge de la mobilisation.
L’enrôlement dans l’armée fait débat depuis des mois en Ukraine.
L’armée ukrainienne a subi des pertes dont l’ampleur est gardée secrète et peine aujourd’hui, contrairement au début du conflit, à trouver des volontaires pour le front.
Conquête de « 403 km2 » ?
De son côté, le ministre russe de la Défense a revendiqué mardi la conquête de plus de 400 km2 de territoire en Ukraine depuis le début de l’année, assurant que ses troupes sont à l’initiative face à des soldats ukrainiens en manque de munitions.
« Au total, depuis le début de l’année, 403 km2 de territoire des nouvelles régions de la Fédération de Russie sont passés sous notre contrôle », a déclaré le ministre Sergueï Choïgou lors d’une réunion militaire, selon son ministère.
Il fait référence aux régions ukrainiennes de Lougansk, de Kherson, de Donetsk et de Zaporijjia, dont la Russie revendique l’annexion et qu’elle ne contrôle qu’en partie.
Sergueï Choïgou a affirmé que ses soldats continuaient « à pousser les unités ukrainiennes vers l’ouest ».
Ces derniers mois, l’armée russe a revendiqué la prise de plusieurs villages et, surtout, d’Avdiïvka, ville forteresse de l’est à laquelle les forces ukrainiennes s’agrippaient tant bien que mal depuis des années.
Les soldats russes n’ont toutefois pas réussi de percée majeure, de larges pans du front restant gelés. Ils semblent néanmoins avoir profité des difficultés de l’armée de Kiev, confrontée à une pénurie de munitions, à des difficultés de recrutement et à l’enrayage de l’aide occidentale.
L’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW) a estimé la semaine dernière que la Russie s’était emparée de 505 km2 de territoire en Ukraine depuis octobre dernier.