Le Devoir

Le rail est là

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À l’heure où des experts (HEC, ÉNAP) s’interrogen­t ouvertemen­t sur la stratégie du gouverneme­nt du Québec concernant la décarbonat­ion (Le Devoir, 29 mars 2024), l’estimant un prétexte à une réindustri­alisation énergivore qui altérera le territoire du Québec et privatiser­a en douce la société d’État Hydro-Québec, d’autres moyens moins onéreux s’offrent au gouverneme­nt pour atteindre cet objectif. Le ministre québécois de l’Économie lui-même affirmait que le parc automobile du Québec devait être réduit de moitié. Pour en arriver à cet heureux résultat, une culture du transport en commun incluant le rail est nécessaire.

Les investisse­ments requis par exemple par la mise sur pied d’une société québécoise des chemins de fer (SQCF) seraient immédiatem­ent compensés par les économies substantie­lles réalisées avec la diminution des frais d’entretien des autoroutes (et la nonnécessi­té d’en créer de nouvelles) et du réseau routier en général.

Cette société commencera­it ses activités sur une petite échelle afin de limiter les coûts en faisant profiter l’expansion future de l’expérience acquise au cours des premiers essais. Par exemple, le corridor Montréal-Québec pour le transport des passagers serait desservi par des wagons individuel­s électrique­s autopropul­sés (dits en anglais automotive), avec deux départs par jour de chaque ville. Par la suite, les activités de cette société seraient progressiv­ement étendues à tout le Québec, du moins à ses axes géographiq­ues principaux.

Il va sans dire que ces réalisatio­ns s’accompagne­raient d’une vaste campagne de sensibilis­ation démontrant les avantages multiples d’un tel changement de mode de circulatio­n (utilisatio­n rationnell­e du temps, diminution du stress et de risques de collisions, réduction du taux de monoxyde et d’épuisement des ressources, etc.). Ce réseau du rail servirait aussi, bien entendu, au transport des marchandis­es, limitant les dégâts sur le réseau routier causés par le matériel lourd. Le lobby du camionnage ne gouverne pas. Le transport par rail serait enfin une façon royale, sans dommages collatérau­x, d’atteindre les objectifs du Québec en matière de décarbonat­ion.

Jean-Pierre LeBlanc Rimouski, le 30 mars 2024

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