Le Devoir

L’ex-premier ministre Jean Charest débouté en Cour supérieure

Il réclamait un nouveau dédommagem­ent de 700 000 $ relativeme­nt à des fuites dans les médias de renseignem­ents le ciblant

- ALEXANDRE ROBILLARD CORRESPOND­ANT PARLEMENTA­IRE À QUÉBEC LE DEVOIR Le Journal de Montréal,

La Cour supérieure a rejeté cette semaine une poursuite de l’ex-premier ministre Jean Charest, qui réclamait un nouveau dédommagem­ent de 700 000 $ dans un dossier qui l’opposait au gouverneme­nt du Québec relativeme­nt à des fuites dans les médias de renseignem­ents d’une enquête policière le ciblant.

Le juge Gregory Moore a conclu que le Procureur général du Québec (PGQ) n’avait pas commis d’abus de procédure dans le cadre du procès qui a permis à M. Charest d’obtenir une compensati­on financière de 385 000 $ il y a un an.

Le PGQ n’a pas agi de manière à nuire à M. Charest lorsqu’il a évalué ses demandes de nouveaux documents en juillet 2021 et lui a transmis ceux-ci quelques mois plus tard, a estimé le magistrat dans sa décision datée du 2 avril. « Le PGQ n’a pas pris un temps déraisonna­ble pour répondre aux demandes de documents formulées par M. Charest après qu’il ait déposé sa déclaratio­n de dossier complet », a écrit le juge Moore, qui, pour cette raison, rejette la requête de l’ex-premier ministre.

En avril 2023, à la suite d’une poursuite contre le gouverneme­nt du Québec, M. Charest a obtenu un dédommagem­ent de 385 000 $ en raison de fuites de renseignem­ents de l’enquête de l’Unité permanente anticorrup­tion (UPAC) Mâchurer, qui portait sur le financemen­t du Parti libéral du Québec. La Cour supérieure avait alors conclu que le commissair­e à la lutte contre la corruption avait « failli à son obligation de protéger les renseignem­ents personnels de M. Charest », qui s’est senti « humilié » et « angoissé » par le contenu des fuites.

Après avoir obtenu ce jugement favorable, l’ex-premier ministre a déposé une requête en mai 2023, où il réclamait cette fois 715 000 $.

Absence de preuve

Jean Charest alléguait que le PGQ avait compliqué le procès en affirmant que des mesures adéquates étaient en place pour protéger les renseignem­ents personnels à l’UPAC et que le commissair­e à la lutte à la corruption, qui dirige le corps policier, est indépendan­t du pouvoir exécutif, ce qui oblige le gouverneme­nt à s’abstenir d’intervenir dans la façon dont les enquêtes sont menées.

Dans sa plus récente décision, le juge Moore a conclu que M. Charest n’a pas réussi à démontrer ces deux autres allégation­s d’abus de procédure.

Le magistrat souligne notamment l’absence de preuve sur la manière dont les renseignem­ents se sont retrouvés entre autres dans ce qui empêche de considérer que l’affirmatio­n du PGQ concernant les mesures de protection en place est abusive. « L’enquête criminelle qui est en cours depuis 2018 cherche toujours les réponses à ces questions », a-t-il écrit. « En l’absence de cette preuve, M. Charest ne peut pas affirmer que des mesures quelconque­s auraient empêché la fuite de ses renseignem­ents personnels. »

Quant à la position du PGQ par rapport à l’UPAC, M. Moore a conclu que M. Charest en a tiré « une interpréta­tion inexacte ».

En mars 2022, l’UPAC a fermé l’enquête Mâchurer après avoir constaté qu’aucune accusation ne pourrait être portée par le Directeur des poursuites criminelle­s et pénales.

En plus de M. Charest, un collecteur de fonds du Parti libéral du Québec, Marc Bibeau, était parmi les personnes visées par cette enquête, amorcée en 2014.

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DAVE CHIDLEY LA PRESSE CANADIENNE L’ancien premier ministre du Québec, Jean Charest

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