Les Îles-de-la-Madeleine imposent une taxe touristique de 30 $
Cette ponction, encore inédite au Québec, permettra de récolter un million de dollars annuellement, estime la municipalité
Après un an et demi de gestation, la redevance touristique s’apprête à devenir réalité aux Îles-de-la-Madeleine. À partir du 1er mai, toute personne de 13 ans et plus devra acquitter 30 $ plus taxes pour réaliser un séjour de plus de 24 heures sur l’archipel, à concurrence de 100 $ plus taxes par famille.
La municipalité des Îles-de-laMadeleine estime que cette ponction, encore inédite au Québec, lui permettra de récolter un million de dollars annuellement. Cette somme servira à garnir le Fonds de gestion durable du territoire, une cagnotte consacrée au maintien et à l’amélioration des infrastructures touristiques, à la protection de ce fragile territoire et à la saine gestion des matières résiduelles pendant la haute saison touristique.
L’obtention de la Passe Archipel sera nécessaire du 1er mai au 14 octobre pour quiconque effectue un séjour de plus de 24 heures aux Îles-de-laMadeleine. Le paiement devra être effectué en ligne, sur une plateforme sécurisée, avant la fin du passage aux Îles. Le visiteur obtiendra alors un code QR que les autorités pourront vérifier à la sortie du territoire.
Les contrevenants s’exposeront à une sanction pouvant atteindre 1000 $.
Les personnes qui réalisent plusieurs séjours dans l’archipel devront acquitter la redevance à chaque entrée. Toutefois, elles pourront demander un remboursement rétroactif à partir du deuxième passage pour ne payer qu’une seule fois la nouvelle ponction.
Les propriétaires d’une résidence principale ou secondaire aux Îles-dela-Madeleine bénéficieront d’une exemption, contrairement aux travailleurs et travailleuses temporaires, qui devront débourser la somme demandée si leur séjour prend fin avant le 14 octobre.
La municipalité calcule que les touristes séjournent en moyenne 10 nuitées sur les Îles. « La Passe Archipel, maintient-elle par communiqué, représente donc une somme de 3 $ par jour pour bénéficier de tout ce que les Îles ont à offrir alors qu’ailleurs, d’autres villes ou municipalités mettent en place des stationnements ou des services payants. »
Les autorités comptent exercer des contrôles aléatoires aux points d’entrée et de sortie, comme l’aéroport et le port, pour surveiller l’application du règlement. La municipalité dit d’abord compter sur la bonne foi des gens et misera sur une campagne d’information pour expliquer les tenants et aboutissants de la nouvelle redevance.
Les détails du nouveau règlement ont fait l’objet d’une séance extraordinaire du conseil municipal, mercredi, aux Îles-de-la-Madeleine. Une dizaine de personnes ont assisté à la réunion et ont interrogé pendant près d’une heure les élus.
« Petit à petit »
Pour Jacky Poirier, porte-parole du comité Oui à une gestion municipale responsable, le flou qui entoure la mise en place de la redevance relève de « l’improvisation ». Il craint également que la ponction décourage les touristes de visiter l’archipel.
« C’est une goutte de plus qui peut faire déborder le verre d’eau, a-t-il indiqué, avec l’augmentation du coût de l’essence et tout. Il ne faut pas banaliser les 30 $. »
« Ça fait un an et demi que nous sommes dans l’élaboration d’une réglementation, a rétorqué le maire Antonin Valiquette. Ç’a l’air simple, mais c’est assez compliqué merci. […] On aurait bien aimé ça pouvoir sortir, jour 1, avec un beau modèle applicable, tout de suite, qui n’a jamais été fait auparavant. Mais non. Il faut qu’on y aille petit à petit. »
« Moi, je ne suis pas gêné du 30 $, a renchéri un autre Madelinot. Ce n’est pas toujours aux citoyens de payer pour les infrastructures. »
Une dame a manifesté ses interrogations quant à la pertinence d’imposer la redevance aux personnes qui se rendent au chevet d’un malade ou qui assistent à des funérailles. « Je ne pense pas qu’elles vont profiter ben ben des infrastructures récréotouristiques », a-t-elle avancé.
« Comprenez la difficulté de faire des cas d’exception comme ça », a répliqué le maire Valiquette. « Là, ça commence à être très compliqué à gérer administrativement », a-t-il ajouté, en soulignant que la mesure entrera dans sa première année d’implantation et que l’apport de correctifs demeurera possible en cours de route.
Le conseil municipal doit avaliser le nouveau règlement lors de la prochaine séance, prévue le 9 avril prochain.
C’est une goutte de plus qui peut faire déborder le verre d’eau
JACKY POIRIER