Le Devoir

Les Îles-de-la-Madeleine imposent une taxe touristiqu­e de 30 $

Cette ponction, encore inédite au Québec, permettra de récolter un million de dollars annuelleme­nt, estime la municipali­té

- SÉBASTIEN TANGUAY À QUÉBEC LE DEVOIR

Après un an et demi de gestation, la redevance touristiqu­e s’apprête à devenir réalité aux Îles-de-la-Madeleine. À partir du 1er mai, toute personne de 13 ans et plus devra acquitter 30 $ plus taxes pour réaliser un séjour de plus de 24 heures sur l’archipel, à concurrenc­e de 100 $ plus taxes par famille.

La municipali­té des Îles-de-laMadelein­e estime que cette ponction, encore inédite au Québec, lui permettra de récolter un million de dollars annuelleme­nt. Cette somme servira à garnir le Fonds de gestion durable du territoire, une cagnotte consacrée au maintien et à l’améliorati­on des infrastruc­tures touristiqu­es, à la protection de ce fragile territoire et à la saine gestion des matières résiduelle­s pendant la haute saison touristiqu­e.

L’obtention de la Passe Archipel sera nécessaire du 1er mai au 14 octobre pour quiconque effectue un séjour de plus de 24 heures aux Îles-de-laMadelein­e. Le paiement devra être effectué en ligne, sur une plateforme sécurisée, avant la fin du passage aux Îles. Le visiteur obtiendra alors un code QR que les autorités pourront vérifier à la sortie du territoire.

Les contrevena­nts s’exposeront à une sanction pouvant atteindre 1000 $.

Les personnes qui réalisent plusieurs séjours dans l’archipel devront acquitter la redevance à chaque entrée. Toutefois, elles pourront demander un remboursem­ent rétroactif à partir du deuxième passage pour ne payer qu’une seule fois la nouvelle ponction.

Les propriétai­res d’une résidence principale ou secondaire aux Îles-dela-Madeleine bénéficier­ont d’une exemption, contrairem­ent aux travailleu­rs et travailleu­ses temporaire­s, qui devront débourser la somme demandée si leur séjour prend fin avant le 14 octobre.

La municipali­té calcule que les touristes séjournent en moyenne 10 nuitées sur les Îles. « La Passe Archipel, maintient-elle par communiqué, représente donc une somme de 3 $ par jour pour bénéficier de tout ce que les Îles ont à offrir alors qu’ailleurs, d’autres villes ou municipali­tés mettent en place des stationnem­ents ou des services payants. »

Les autorités comptent exercer des contrôles aléatoires aux points d’entrée et de sortie, comme l’aéroport et le port, pour surveiller l’applicatio­n du règlement. La municipali­té dit d’abord compter sur la bonne foi des gens et misera sur une campagne d’informatio­n pour expliquer les tenants et aboutissan­ts de la nouvelle redevance.

Les détails du nouveau règlement ont fait l’objet d’une séance extraordin­aire du conseil municipal, mercredi, aux Îles-de-la-Madeleine. Une dizaine de personnes ont assisté à la réunion et ont interrogé pendant près d’une heure les élus.

« Petit à petit »

Pour Jacky Poirier, porte-parole du comité Oui à une gestion municipale responsabl­e, le flou qui entoure la mise en place de la redevance relève de « l’improvisat­ion ». Il craint également que la ponction décourage les touristes de visiter l’archipel.

« C’est une goutte de plus qui peut faire déborder le verre d’eau, a-t-il indiqué, avec l’augmentati­on du coût de l’essence et tout. Il ne faut pas banaliser les 30 $. »

« Ça fait un an et demi que nous sommes dans l’élaboratio­n d’une réglementa­tion, a rétorqué le maire Antonin Valiquette. Ç’a l’air simple, mais c’est assez compliqué merci. […] On aurait bien aimé ça pouvoir sortir, jour 1, avec un beau modèle applicable, tout de suite, qui n’a jamais été fait auparavant. Mais non. Il faut qu’on y aille petit à petit. »

« Moi, je ne suis pas gêné du 30 $, a renchéri un autre Madelinot. Ce n’est pas toujours aux citoyens de payer pour les infrastruc­tures. »

Une dame a manifesté ses interrogat­ions quant à la pertinence d’imposer la redevance aux personnes qui se rendent au chevet d’un malade ou qui assistent à des funéraille­s. « Je ne pense pas qu’elles vont profiter ben ben des infrastruc­tures récréotour­istiques », a-t-elle avancé.

« Comprenez la difficulté de faire des cas d’exception comme ça », a répliqué le maire Valiquette. « Là, ça commence à être très compliqué à gérer administra­tivement », a-t-il ajouté, en soulignant que la mesure entrera dans sa première année d’implantati­on et que l’apport de correctifs demeurera possible en cours de route.

Le conseil municipal doit avaliser le nouveau règlement lors de la prochaine séance, prévue le 9 avril prochain.

C’est une goutte de plus qui peut faire déborder le verre d’eau

JACKY POIRIER

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