Québec coupe les vivres au Carrefour jeunesse-emploi
Québec a décidé de cesser le financement du Carrefour jeunesse-emploi (CJE) de Pointe-aux-Trembles MontréalEst en raison d’une utilisation jugée non conforme des sommes qui lui sont allouées, a appris Le Devoir. Le Service d’aide à l’emploi de l’Est, qui gère le CJE et oeuvre dans la circonscription de Chantal Rouleau, ministre responsable de la Solidarité sociale, craint maintenant de devoir cesser ses activités.
Depuis 26 ans, le CJE de Pointe-auxTrembles Montréal-Est accompagne chaque année des jeunes dans leurs démarches d’emploi et de réinsertion sociale. L’organisme a cependant appris la semaine dernière du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS) que ses subventions seraient abolies.
« Cette décision a été prise à la suite d’analyses qui révèlent une utilisation non conforme par l’organisme des montants alloués par le Ministère », a indiqué par courriel Catherine Poulin, conseillère en communication au MESS. « Par ailleurs, l’ensemble des critères d’admissibilité du Programme de soutien financier des carrefours jeunesse-emploi n’est pas respecté par l’organisme malgré une période d’accompagnement de plus de deux ans visant à permettre à l’organisme de se conformer. »
En 2023-2024, le CJE avait bénéficié d’un financement de 348 741 $ pour les services de développement de l’employabilité et d’une somme de 350 645 $ en vertu du Programme de soutien financier des carrefours jeunesse-emploi, subventions qui ne seront pas renouvelées.
Le MESS assure toutefois que cette décision n’entraînera pas de rupture de services puisque les organismes servant les arrondissements voisins pourront prendre la relève. Un employé de Services Québec est aussi en poste à la bibliothèque de Pointe-auxTrembles pour s’occuper des jeunes.
Flou et incertitude
La décision du MESS a toutefois créé un émoi au Service d’aide à l’emploi de l’Est, qui gère trois services, dont le CJE, et compte près de 25 employés. La direction de l’organisme n’a pas voulu accorder d’entrevue à ce sujet, mais par courriel, Carl Veilleux, directeur général du Service, soutient que les motifs ayant conduit à cette décision du ministère n’ont pas été clairement communiqués à l’organisme. « Bien que nous soyons surpris par cette décision, nous avons tendu la main au ministère afin de mieux comprendre ses préoccupations et, si cela s’avère nécessaire, d’appliquer des modifications au sein de notre structure pour éviter une fermeture du CJE », a souligné M. Veilleux.
La décision du ministère pourrait être catastrophique pour l’organisme, qui administre aussi deux autres services d’aide, l’un destiné aux adultes et l’autre, aux personnes judiciarisées. Les trois services qui accompagnent chaque année 1200 personnes sont donc menacés de fermeture si aucune solution n’est trouvée, d’autant que l’organisme soutient qu’en plus des coupes totalisant près de 700 000 $, il a perdu des contrats du MESS d’une valeur globale de 710 000 $.
Le Service d’aide à l’emploi de l’Est affirme avoir eu de nombreux échanges avec le ministère au cours de la dernière année concernant l’utilisation de certains fonds. « À ce jour, le Service d’aide à l’emploi de l’Est, sa direction ou ses administrateurs n’ont été informés d’aucune faute commise quant à la gestion de l’organisme », ajoute-t-on.
Le directeur du Réseau des carrefours jeunesse-emploi, Rudy Humbert, déplore la menace qui plane sur le CJE, mais ignore les raisons exactes qui ont motivé le ministère à cesser son financement. Le Québec compte 111 CJE au Québec, mais aucun autre n’a subi d’interruption de financement, a-t-il dit.
De son côté, le cabinet de la ministre Rouleau n’a pas voulu commenter le dossier, indiquant qu’il s’agissait d’une décision administrative.