Nétanyahou sous pression
Biden presse le premier ministre israélien de conclure « sans délai » un accord pour un cessez-le-feu à Gaza, mais son soutien reste « inébranlable »
Le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, fait face à une pression internationale accrue, notamment de la part du président américain, Joe Biden, qui l’a pressé jeudi de conclure « sans délai » un accord pour un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, au bord de la famine.
L’entretien téléphonique entre les deux dirigeants survient près de six mois après le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, qui a dévasté la bande de Gaza, et quelques jours après la mort de travailleurs humanitaires dans une frappe israélienne contre le territoire palestinien.
M. Biden, qui s’était dit « indigné » par cette frappe, a évoqué pour la première fois la possibilité de conditionner l’aide américaine à Israël à des mesures « tangibles » de la part du gouvernement israélien pour répondre à la catastrophe humanitaire en cours dans le petit territoire assiégé.
Aucun système de santé au monde ne peut faire face au volume et au type de blessures, ainsi qu’aux états de santé que nous voyons quotidiennement
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GENÈVE AMBER ALAYYAN
« Destructions délibérées »
L’ONG Médecins sans frontières (MSF) a dénoncé jeudi les « destructions systématiques et délibérées du système de santé » du territoire palestinien « par Israël » lors d’une conférence de presse.
« Il y a des blessures par écrasement à l’abdomen, au thorax, des amputations des jambes et des bras nécessaires, et en plus de cela, les patients souffrent de graves brûlures, a détaillé Genève Amber Alayyan, responsable adjointe des programmes de l’ONG pour le Proche-Orient. Aucun système de santé au monde ne peut faire face au volume et au type de blessures, ainsi qu’aux états de santé que nous voyons quotidiennement », a-t-elle déclaré.
Les ONG MSF, Oxfam, Médecins du monde et Save the Children International ont par ailleurs lancé une alerte quant à leur quasi-impossibilité de travailler dans le territoire palestinien. Aucune de ces ONG ne prévoit à ce stade de partir, même si la question se pose « chaque jour », a indiqué Isabelle Defourny, présidente de MSF France. « Les conditions pour apporter une assistance humanitaire ne sont pas réunies », a-t-elle ajouté.
La mort lundi dans une frappe israélienne de sept travailleurs humanitaires de l’ONG World Central Kitchen, basée aux États-Unis, a accru le mécontentement international, l’armée israélienne ayant reconnu une « grave erreur ».
Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, près de 200 travailleurs humanitaires ont été tués, selon Christopher Lockyear, secrétaire général de MSF.
Au Canada, le premier ministre, Justin Trudeau, a souligné lors d’un point de presse que la mort d’humanitaires « n’arrivait pas par hasard » et que ce n’était « pas acceptable ».
Malgré un « mécontentement croissant » de Washington face à son allié, le soutien des États-Unis à Israël reste « inébranlable », a toutefois assuré jeudi un porte-parole de la MaisonBlanche.