Le Devoir

Transition écologique : qui se soucie des travailleu­rs ?

- Andréanne Brazeau, analyste des politiques climatique­s, Équiterre Le 5 avril 2024

Lorsqu’il est question de transforme­r notre économie pour lutter contre la crise climatique et mener la transition énergétiqu­e, on parle souvent des moyens d’y parvenir : du « comment ». On parle toutefois rarement de l’élément essentiel à notre réussite, le « qui » : les travailleu­rs et travailleu­ses.

Et en ce moment, à Ottawa, nos élus ont la responsabi­lité de planifier l’avenir de millions de ces personnes.

Le projet de loi C-50, la Loi canadienne sur les emplois durables, permettrai­t de faire un bout de chemin sur ce plan. Pourtant, ce dernier ne progresse pas assez rapidement vers une adoption.

Le temps presse. Il ne faut pas laisser tomber celles et ceux qui travaillen­t dans des secteurs voués à disparaîtr­e ou à se transforme­r. Pensons aux raffinerie­s de Montréal-Est, à Énergir, à la Fonderie Horne ; tant d’exemples d’entreprise­s qui devront, à moyen terme, revoir leurs activités pour survivre. Toute l’économie de demain en dépend. Il faut donc arrêter de ramer à contre-courant et préparer cette transition.

Nous sommes plusieurs à attendre cette loi, que ce soit le mouvement syndical, les groupes environnem­entaux, les communauté­s dépendante­s économique­ment des ressources naturelles de leur région ou les entreprise­s qui occupent leur territoire. Après l’adoption du projet de loi, le gouverneme­nt fédéral devra mettre en place un plan d’action visant à adapter les milieux de travail et les compétence­s de notre maind’oeuvre à une économie qui se décarbone. Ce n’est pas rien.

Il est urgent qu’on se dote de ce genre de mécanisme si on veut bien se positionne­r dans le marché mondial. D’autres régions, comme l’Écosse, l’Espagne, l’Afrique du Sud et la NouvelleZé­lande, l’ont déjà fait.

Quelles compétence­s devonsnous développer ? Quels secteurs d’avenir manquent de main-d’oeuvre en ce moment ? On nous dit à l’oreille que les 3000 emplois créés par la mégausine de batteries Northvolt pourraient rester vacants longtemps…

Pour entrer en vigueur avant que le Parlement ne tombe en période préélector­ale, il faut que le projet de loi soit adopté par les deux chambres d’ici juin. Le marché du travail et la main-d’oeuvre doivent être prêts à saisir les occasions offertes par la transition écologique et énergétiqu­e.

L’adoption du projet de loi sur les emplois durables permettra de passer le message haut et fort : les travailleu­rs et travailleu­ses du Canada seront mobilisés et prêts à se mettre à l’oeuvre pour une société qui a réussi une transition juste hors des énergies fossiles, qui offre des emplois de qualité et où il fait bon investir.

La transition n’est pas à venir. Elle est en marche. Le Canada doit rattraper le temps perdu.

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