Triste spectacle que ces annonces du premier ministre Justin Trudeau
On sait que Justin Trudeau a déjà fait du théâtre. Le spectacle des annonces prébudgétaires qu’il nous distille actuellement à la pièce lui offre une scène toute faite pour lui.
Il adore, on le sait, ces mises en scène de bras de chemise durant lesquelles il peut faire valoir ses talents d’acteur attentif au bien-être des « Canadiens et des Canadiennes ». Plusieurs commentateurs trouvent habile ce « show de boucane » qui offre, avant les annonces du déficit que comportera le budget, une occasion politique de faire valoir la bonté de notre gouvernement central et de se positionner face à Poilievre.
Je trouve cette mise en scène inappropriée et malhonnête envers les citoyens qui, comme cela est écrit, peuvent y trouver des possibilités de réduire leur anxiété face aux difficultés qu’ils rencontrent financièrement en matière d’accès aux garderies, aux médicaments ou au logement sans pouvoir évaluer la pénibilité de mettre en oeuvre de telles mesures.
Pour avoir, en tant que sousministre adjointe au ministère de la Main-d’oeuvre et de la Sécurité du revenu du Québec, négocié les ententes en formation professionnelle, et, en tant que sous-ministre de la Santé du Canada, piloté les négociations sur la refonte de la Loi sur le tabac et sur la réforme du système de gestion du sang — négociations qui se sont relativement bien passées —, je peux affirmer que ce qui défile sous nos yeux actuellement avec les annonces de Trudeau nous conduira à des impasses, sinon à des labyrinthes tortueux.
De toute évidence, Trudeau piétine joyeusement, au nom du pouvoir de dépenser, les compétences des provinces, l’éducation et la santé étant, selon notre Constitution, dévolues aux provinces.
Mais qui connaît tous les méandres de ces questions ? Je les connais, et je puis dire que nous allons nous heurter à plusieurs murs dans les années à venir, alors que la mise en oeuvre de ces annonces sera longue, frustrante et cahoteuse, car nous savons que le gouvernement fédéral n’a pas les ressources humaines et financières indispensables pour mettre en place les programmes qu’il annonce. Il n’a pas la capacité de gérer des logements, des garderies ou des dentistes ! La tâche de définir le modus operandi de ces programmes nécessite une connaissance fine de leur gestion, donc l’emploi de nouveaux fonctionnaires, etc.
Le tout fera l’objet de longues négociations, de confusions sur les normes ou encore d’arrêt des programmes faute de fonds, ce qui laissera les provinces avec la difficulté de continuer de les financer et de les évaluer, ou de les arrêter complètement, ce qui divisera les provinces. C’est au fond rire des citoyens qui peuvent y voir un avantage !
Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’éthique est absente du spectacle et que les suites seront coûteuses et ardues.
Le gouvernement fédéral n’a pas les ressources humaines et financières indispensables pour mettre en place les programmes qu’il annonce