Gaza meurtrie après six mois de guerre
L’attention se porte désormais sur Rafah, où l’armée israélienne reste déterminée à engager une offensive terrestre
Le 7 octobre, le Hamas lançait une attaque d’une grande ampleur sur le territoire d’Israël, du jamais vu jusqu’alors au Proche-Orient. Depuis, la bande de Gaza est en proie à des bombardements israéliens quotidiens. Une opération militaire d’envergure qui a fait des dizaines de milliers de morts chez les Palestiniens, et qui a plongé le territoire dans une crise humanitaire sans précédent. Six mois plus tard, où en sommes-nous ? Tour d’horizon en cartes, tableaux et graphiques. Un bilan lourd
Six mois après le début de la guerre à Gaza, le territoire palestinien est complètement meurtri par l’offensive israélienne. En date du 5 avril, le ministère de la Santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, dénombrait 33 091 personnes tuées depuis le 7 octobre. Près de la moitié sont des enfants. Les autorités comptent aussi au moins 75 750 blessés.
Pour rappel, l’attaque du Hamas sur Israël, le 7 octobre dernier, avait fait 1170 morts, selon un décompte de l’Agence France-Presse à partir des données de l’armée israélienne. Plus de 250 personnes ont été prises en otage ce jour-là ; environ 130 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 sont décédées, selon Tsahal.
Des enfants tués
Selon l’Organisation des Nations unies (ONU), la guerre actuelle est le conflit armé opposant Israël aux Palestiniens le plus meurtrier depuis au moins 18 ans, lorsque l’agence a commencé à colliger les données provenant de Gaza et de la Cisjordanie.
Par ailleurs, environ 40 % des victimes des bombes israéliennes sont des enfants. L’ONU déclarait le mois dernier que le nombre d’enfants tués à Gaza en cinq mois atteignait le nombre d’enfants tués lors de conflits armés dans le monde en quatre ans, entre 2019 et 2022. Les données les plus récentes montrent que ce nombre est désormais largement dépassé.
Un territoire meurtri
Au moins 56,6 % des immeubles à Gaza ont été endommagés par l’offensive israélienne en date du 2 avril, selon des données obtenues grâce à l’analyse d’images satellite réalisée par Corey Scher, candidat au doctorat à l’Université de la ville de New York, et Jamon Van Den Hoek, professeur agrégé de géographie à l’Université d’État de l’Oregon.
C’est dans la ville de Gaza que l’on remarque le plus de destruction. La ville a vu 74,3 % de ses infrastructures
Israël a retiré ses troupes du sud de la bande de Gaza, notamment de la ville de Khan Younès, après des mois de combats acharnés contre le Hamas qui ont engendré une catastrophe humanitaire et valu à Israël une salve de critiques, y compris de ses alliés.
« Aujourd’hui, dimanche 7 avril, la 98e division de commandos de l’armée israélienne a terminé sa mission à Khan Younès. La division a quitté la bande de Gaza afin […] de se préparer à de futures opérations », a indiqué l’armée dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse (AFP).
L’armée a précisé qu’une force importante continuerait à opérer dans le petit territoire palestinien au gré de ses besoins stratégiques, au septième mois d’une guerre dévastatrice menée par Israël contre le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.
« Une force [importante] menée par la 162e division et la brigade Nahal continue d’opérer dans la bande de Gaza pour garantir la liberté d’action de l’armée et sa capacité à conduire des opérations précises basées sur du renseignement », souligne encore son communiqué.
« D’après ce que nous comprenons, et d’après leurs annonces publiques, il s’agit en fait d’une période de repos et de remise en forme pour ces troupes qui sont sur le terrain depuis quatre mois », a estimé sur ABC John Kirby, un porte-parole de la Maison-Blanche.
Le quotidien israélien Haaretz avance pour sa part que le retrait de l’infanterie du sud de la bande de Gaza est motivé par le fait que l’armée y a atteint ses objectifs.
Selon un responsable militaire cité par le journal, Israël n’a « plus besoin de rester dans le secteur sans nécessité » stratégique. « La 98e division a démantelé les brigades du Hamas à Khan Younès et tué des milliers de leurs membres. Nous y avons fait tout ce que nous devions faire. »
Mais pour Omer Dostri, expert au Jerusalem Institute for Strategy and Security (JISS), la principale raison de ce retrait tient à « la grande pression » récemment exercée par Washington, comme il l’a déclaré à l’AFP.
Le président américain, Joe Biden, a évoqué pour la première fois jeudi la possibilité de conditionner son aide à Israël à des mesures « tangibles » pour améliorer la situation humanitaire et la préservation des civils à Gaza.
La réduction des forces israéliennes au sol « peut être utile dans le cadre de négociations » pour une trêve et le retour des otages israéliens encore détenus dans la bande de Gaza, décrypte Omer Dostri.
Rafah, prochaine cible
Conséquence de ce retrait, les Palestiniens déplacés de Khan Younès — une partie seulement des déplacés — peuvent désormais théoriquement retourner chez eux après avoir trouvé refuge à Rafah, plus au sud près de la frontière fermée avec l’Égypte.
Dimanche, un photographe de l’AFP a vu des dizaines de personnes quitter Rafah en direction de Khan Younès, à pied, en voiture ou sur des charrettes tirées par des ânes.
Cette grande ville jadis densément peuplée a été des mois durant le théâtre d’incessantes frappes aériennes et d’intenses combats, et une grande partie des logements et des infrastructures ont été rasés.
L’attention se porte désormais sur Rafah où, malgré l’inquiétude de nombreuses capitales étrangères, Israël s’est dit déterminé à engager une offensive terrestre alors que plus de 1,5 million de Gazaouis y ont trouvé refuge.
Selon Omer Dostri, après l’évacuation des civils, « d’ici deux mois il y aura une opération [terrestre] à Rafah pour détruire les brigades du Hamas restantes ».
Il ajoute qu’une fois le Hamas éliminé à Gaza, Israël « lancera une campagne dans le nord » contre le Hezbollah basé dans le sud du Liban avec lequel l’armée échange des tirs quasi quotidiens depuis le 7 octobre, signe d’une exacerbation des tensions dans la région.
La guerre de Gaza a été déclenchée après l’attaque sans précédent du Hamas sur le territoire israélien le 7 octobre, qui a entraîné la mort de plus de 1170 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP fondé sur des chiffres officiels israéliens.
Au moins 33 175 personnes, en majorité des femmes et des enfants, ont été tuées dans la campagne de représailles militaires d’Israël, selon le ministère de la Santé de Gaza contrôlée depuis 2007 par le Hamas.