Le Canada n’atteindra pas les 2 % en dépenses militaires demandés par l’OTAN
Dans un contexte de « crise de la sécurité internationale », le Canada investira 8,1 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années pour renforcer sa défense nationale — et 73 milliards d’ici les 20 prochaines années. Ces investissements massifs ne permettront toutefois pas au pays d’atteindre la fameuse cible de l’OTAN, qui veut que ses membres consacrent plus de 2 % de leur PIB à la défense.
Le premier ministre, Justin Trudeau, la vice-première ministre, Chrystia Freeland, et le ministre de la Défense nationale, Bill Blair, en ont fait l’annonce lundi, en Ontario, en dévoilant la mise à jour de la politique de défense du Canada, intitulée Notre Nord, fort et libre. Une vision renouvelée pour la défense du Canada.
Cette nouvelle politique remplace la politique actuelle, Protection, sécurité, engagement, lancée en 2017, et définit les priorités de l’armée pour 20 ans.
Les nouveaux investissements d’Ottawa feront plutôt passer ses dépenses militaires actuelles de 1,33 % du PIB à 1,76 % en 2029-2030.
« Il s’agit d’une augmentation significative des dépenses en matière de défense du Canada et [cela] représente une avancée majeure dans nos efforts visant à consacrer 2 % du PIB du pays », peut-on lire dans la mise à jour d’une cinquantaine de pages.
« Réel progrès »
Cette contribution reste toutefois bien inférieure à celle de nombreux autres pays de l’OTAN.
Dans un courriel acheminé au Devoir, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a salué l’annonce d’Ottawa, mais rappelle que les deux tiers des alliés ont désormais atteint le seuil de 2 %. « Je compte sur le Canada pour atteindre cet objectif dès que possible, tant pour sa propre sécurité que pour celle de l’Alliance », déclare-t-il.
Questionné par les journalistes, le premier ministre Trudeau s’est défendu d’avoir investi massivement dans la défense depuis son arrivée au pouvoir et affirme vouloir « continuer à travailler » pour atteindre la cible de l’OTAN.
« Nous savons qu’il y aura davantage à venir dans les années à venir pour que le Canada continue d’intensifier ses efforts dans un monde plus incertain et, franchement, plus dangereux », a-t-il déclaré à la base des Forces canadiennes de Trenton, en Ontario.
En 2014, les dirigeants des pays de l’OTAN ont convenu que chaque membre devrait consacrer 2 % de son PIB en défense afin, entre autres, d’assurer une disponibilité opérationnelle à l’échelle de l’Alliance.
L’ambassadeur des États-Unis au Canada, David Cohen, a lui aussi applaudi ces nouveaux investissements. « Passer de 1,33 % à 1,76 % d’ici 20292030 constitue un réel progrès, et nous sommes également encouragés par les assurances que nous avons reçues quant à des investissements supplémentaires », a-t-il déclaré par voie de communiqué.
Défendre l’Arctique
La défense de la souveraineté dans l’Arctique, où les menaces se multiplient depuis les dernières années, est au coeur de la mise à jour de la politique de défense d’Ottawa.
« Le changement climatique frappe de manière disproportionnée notre Arctique, qui se réchauffe quatre fois plus que la moyenne mondiale. À mesure que la calotte polaire fond, l’Arctique devient plus accessible et nous assistons à une activité russe et chinoise bien plus importante dans la région », a indiqué le ministre Bill Blair en anglais.
Ottawa prévoit acquérir des capteurs maritimes afin d’effectuer la surveillance des océans, d’une valeur de 1,4 milliard de dollars sur 20 ans, ainsi que 218 millions sur 20 ans pour le développement d’infrastructures dans le Nord.
Depuis les dernières années, plusieurs experts et comités parlementaires ont sonné l’alarme sur les menaces russes dans le Nord et l’importance d’investir dans la surveillance des eaux.
Une grande partie des dépenses prévues dans la mise à jour sont postérieures aux élections fédérales de 2025.
Recrutement plus souple
La mise à jour prévoit une réforme des méthodes de recrutement de la Défense afin de « reconstruire » les effectifs des forces armées d’ici 2032.
« Les Forces armées canadiennes créeront une période probatoire afin d’accélérer l’enrôlement des candidats. Nous rationaliserons la procédure d’habilitation de sécurité afin de réduire le temps nécessaire aux nouvelles recrues pour prendre leur poste », détaille-t-on dans le document.
L’armée compte actuellement environ 16 000 postes vacants, malgré ses efforts de recrutement des dernières années. « Nous ne compromettrons pas les normes que nous avions. Nous devons simplement attirer plus de personnes et les faire entrer dans l’uniforme plus rapidement », a précisé le ministre.
Des investissements pour les soins de santé, les logements et la garde d’enfants du personnel militaire ont aussi été annoncés.
La nouvelle mise à jour de la politique de défense a été promise pour la première fois il y a plus de deux ans, à la suite de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie.