Le Devoir

Le Québec entre deux culs-de-sac

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Le mépris qu’affiche ouvertemen­t Trudeau fils ces derniers temps envers les juridictio­ns provincial­es montre non seulement que le Québec n’est toujours pas reconnu comme nation par le gouverneme­nt fédéral canadien, mais qu’il n’est même plus respecté en tant que simple province. Quand des fédéralist­es indéfectib­les comme André Pratte et feu Benoît Pelletier deviennent des critiques virulents du fédéralism­e canadien, c’est signe que le Québec ne pèse plus très lourd dans la balance canadienne.

Le PLQ, quant à lui, n’a plus aucune revendicat­ion autonomist­e réelle, il est devenu un parti essentiell­ement anglophone et multicultu­raliste qui pourrait avoir pour devise « tout, sauf les séparatist­es », voire « tout, sauf les nationalis­tes québécois ». Il dit vouloir se rapprocher des Québécois francophon­es, mais il accepte que ceux-ci restent une minorité linguistiq­ue impuissant­e soumise aux décisions du fédéral et promise au déclin.

La CAQ a, quant à elle, par résignatio­n et par opportunis­me, causé un grand tort au Québec en faisant se dégrader en une lutte défensive, hermétique et rabougrie pour la sauvegarde de l’ethnie canadienne­française à l’intérieur du Canada, ce qui, avant elle, était un projet politique inclusif pour l’indépendan­ce et l’entrée en scène du peuple québécois.

Pris entre le cul-de-sac du provincial­isme résigné de Legault et le cul-de-sac du fédéralism­e dominateur de Trudeau, le Québec ne devrait-il pas reconstrui­re l’exigeante mais prometteus­e voie de l’émancipati­on nationale ?

Yann Leduc Le 7 avril 2024

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