Le Devoir

Les lois fiscales canadienne­s et les travailleu­rs étrangers

- QUESTION D’ÉCONOMIE RICHARD NANTEL

Que vos questions concernent les finances personnell­es, la transition énergétiqu­e, les échanges commerciau­x internatio­naux ou le marché immobilier, envoyez-les-nous. Notre équipe de journalist­es s’attellera à y répondre.

Est-ce que les travailleu­rs étrangers sont assujettis à nos lois fiscales ?

Oui, dans la majorité des cas. Toute personne qui gagne un salaire dans une entreprise basée au Canada doit se conformer aux lois fiscales canadienne­s. Des exceptions existent en revanche et certains travailleu­rs ne paient pas d’impôts en toute légalité.

Des ententes fiscales entre le Canada et la plupart des pays du monde encadrent le paiement des impôts pour les Canadiens qui gagnent leur vie à l’étranger et, vice versa, pour les étrangers qui travaillen­t au Canada.

Qu’elles impliquent la Tunisie, les Philippine­s ou le Mexique, les ententes bilatérale­s établissen­t en général qu’une personne « est considérée comme un résident seulement de l’État contractan­t où elle séjourne de façon habituelle ». Autrement dit, tous ceux qui vivent au Canada à l’année, quel que soit leur statut, peuvent être considérés comme « un résident » et sont inclus dans le régime fiscal du Canada. Ils paient donc leurs impôts comme n’importe quel Canadien, même s’ils doivent quitter le territoire après l’échéance de leur contrat.

Cette manne fiscale est imposante. Uniquement au Québec, Statistiqu­e Canada recensait en début d’année pas moins de 284 270 résidents non permanents détenteurs d’un permis de travail.

Même un travailleu­r temporaire « qui ne réside pas au Canada pendant toute l’année » paiera de l’impôt au Québec, « sur son revenu gagné au Québec », confirme Revenu Québec dans une communicat­ion écrite.

Les travailleu­rs temporaire­s peuvent profiter de plusieurs avantages qui viennent avec leur statut de contribuab­le, notamment l’accès à la carte de la Régie de l’assurance maladie du Québec.

Exemptions

Des exemptions au régime fiscal canadien existent par ailleurs. « Un expert étranger » peut bénéficier d’une exemption fiscale totale ou partielle pendant cinq ans. Même si ce chercheur, ce professeur ou cet autre profession­nel hautement qualifié demeure physiqueme­nt au Québec, il peut être classé comme non-résident aux yeux de la loi et donc obtenir une dérogation. Se réclamer de cette catégorie d’immigrants spécialisé­s peut donc permettre une optimisati­on fiscale.

Une exemption d’impôts est aussi accordée aux employés de certaines organisati­ons internatio­nales basées au pays, comme l’Organisati­on de l’aviation civile internatio­nale (OACI), qui a son siège à Montréal.

Tout à l’opposé de ces travailleu­rs du savoir, les travailleu­rs agricoles

bénéficien­t aussi d’exemptions fiscales. Tout employé saisonnier qui gagne moins de 36 112 $ par an n’a pas à payer d’impôts. Certaines ententes fiscales internatio­nales prévoient aussi qu’un travailleu­r étranger qui passe moins de la moitié de l’année au Canada n’a pas à payer d’impôts au Canada. Cette dernière exemption demeure très rare.

En bref, sauf exception, le salaire gagné au Canada est imposable au Canada, « que la personne soit considérée comme résidente ou non-résidente pour les fins fiscales », selon les mots de Lyne Latulippe, chercheuse principale à la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke, qui a contribué à la présente réponse.

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GRAHAM HUGHES LA PRESSE CANADIENNE Même un travailleu­r temporaire qui ne réside pas sur notre territoire les douze mois de l’année paiera de l’impôt au Québec. Ce texte est tiré du Courrier de l’économie.

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