Le Devoir

Une date serait fixée pour l’offensive sur Rafah, dit Nétanyahou

- GUERRE ISRAËL-HAMAS BELAL AL SABBAGH ET GAËL BRANCHEREA­U DANS LA BANDE DE GAZA ET À JÉRUSALEM AGENCE FRANCE-PRESSE

Le premier ministre israélien a annoncé lundi qu’une date avait été fixée pour une offensive sur Rafah, à l’extrême sud de la bande de Gaza, malgré l’opposition de Washington, à l’heure où le Hamas et Israël tentent de se mettre d’accord sur une trêve.

Six mois après le début de la guerre, le mouvement islamiste palestinie­n examine une propositio­n en trois étapes remise par les pays médiateurs, dont la première prévoit un cessez-lefeu de six semaines, a indiqué samedi soir une source au sein du Hamas.

Parallèlem­ent aux négociatio­ns, Benjamin Nétanyahou a annoncé qu’une date avait été fixée pour une offensive sur Rafah, qui, selon lui, est l’un des derniers bastions du Hamas dans la bande de Gaza. « Cela se fera — il y a une date », a-t-il déclaré dans un message vidéo, six mois après le début de la guerre, sans donner la date.

Presque immédiatem­ent après cette annonce, les États-Unis ont réaffirmé leur opposition à cette opération sur cette ville frontalièr­e de l’Égypte où s’entassent dans des conditions très précaires près d’un million et demi de déplacés palestinie­ns.

« Nous avons clairement fait savoir à Israël que nous pensions qu’une invasion militaire massive de Rafah aurait un effet extrêmemen­t néfaste sur ces civils et qu’elle nuirait en fin de compte à la sécurité d’Israël », a déclaré à la presse le porte-parole du départemen­t d’État Matthew Miller.

Plusieurs responsabl­es israéliens ont réaffirmé ce projet d’assaut après l’annonce dimanche du retrait des troupes israélienn­es de Khan Younès, ville du sud du territoire, qui était l’épicentre de combats entre l’armée et le Hamas, lequel a pris le pouvoir à Gaza en 2007.

Khan Younès « indescript­ible »

Dimanche puis lundi, des milliers de Palestinie­ns qui avaient fui ont regagné Khan Younès, a constaté l’Agence France-Presse (AFP). « Nous espérions trouver la maison ou ce qu’il en reste », a raconté Safa Qandil, une femme de 46 ans. De la maison, il ne reste rien. Safa a aussi perdu son fils et sa belle-fille, qui était enceinte. « C’est […] indescript­ible », confie-t-elle.

Salim Sharab, un homme de 37 ans lui aussi à la recherche de sa maison, se dit « choqué » par le spectacle. « Plus rien ne ressemble à ce que nous avons connu », dit-il.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre lorsque des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza ont mené une attaque sans précédent dans le sud d’Israël, entraînant la mort de 1170 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l’AFP à partir des chiffres officiels israéliens.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 sont toujours détenues à Gaza, dont 34 sont mortes, d’après des responsabl­es israéliens. En représaill­es,

Israël a juré de détruire le Hamas et a lancé une offensive terrestre après une campagne de bombardeme­nts aériens.

Lundi, le ministère de la Santé du Hamas a annoncé la mort de 32 Palestinie­ns en 24 heures, ce qui porte le bilan total à 33 207 morts.

Des sources de sécurité et médicales ont fait état lundi soir de frappes aériennes israélienn­es partout dans la bande de Gaza.

« Moment opportun »

Outre un cessez-le-feu de six semaines, la propositio­n de trêve qu’étudie le Hamas prévoit également, dans un premier temps, la libération de 42 otages israéliens en échange de 800 à 900 Palestinie­ns détenus dans les prisons israélienn­es, l’entrée de 400 à 500 camions d’aide alimentair­e par jour et le retour chez eux des habitants du nord de la bande de Gaza déplacés par la guerre, selon la source au sein du Hamas.

Cette propositio­n est le fruit d’un nouveau cycle de négociatio­ns au Caire entre le Hamas et Israël par l’intermédia­ire de l’Égypte, des États-Unis et du Qatar.

Plus tôt dans la journée, des responsabl­es israéliens et du Hamas ont tempéré les espoirs d’une trêve prochaine, les deux protagonis­tes s’accusant mutuelleme­nt de blocage.

« Le Hamas bloque les négociatio­ns », a affirmé le porte-parole du gouverneme­nt israélien, Avi Hyman.

Le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant, a pour sa part jugé « le moment opportun » pour conclure une trêve.

Selon un responsabl­e du Hamas contacté lundi par l’AFP, « on ne peut pas parler de progrès concrets jusqu’à présent » et les divergence­s portent surtout sur le retour des déplacés dans la ville de Gaza, réclamé par le mouvement islamiste, qui est considéré comme une organisati­on terroriste par Israël, les États-Unis, le Canada et l’Union européenne.

Fin novembre, une trêve de sept jours avait permis la libération de 80 otages israéliens (et de 25 autres hors de l’accord) en échange de celle de 240 prisonnier­s palestinie­ns.

Des témoins ont raconté à l’AFP que plusieurs frappes aériennes avaient touché une maison et des terres agricoles à Rafah, ainsi que les secteurs de Nousseirat et de Deir el-Balah, dans le centre du territoire assiégé. Des tirs d’artillerie ont également visé le sudouest de la ville de Gaza, située dans le nord.

Outre les destructio­ns et le bilan humain, la guerre a aussi provoqué une catastroph­e humanitair­e dans le territoire de 2,4 millions d’habitants assiégé par Israël, où l’aide humanitair­e contrôlée par Israël arrive au compte-gouttes.

Lundi, Avi Hyman a annoncé que « 322 camions » étaient entrés à Gaza au cours des dernières 24 heures, soit le nombre le plus élevé depuis le début de la guerre.

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AGENCE FRANCE-PRESSE Des Palestinie­ns près de l’hôpital où ont été transporté­es les victimes des bombardeme­nts israéliens sur le camp d’al-Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, lundi.

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