L’avenir de l’église Saint-Édouard
Nous avons appris par les médias qu’après une décennie de fermeture, l’église SaintÉdouard de Port-Alfred se cherchait toujours une vocation.
Certains ont proposé, mais sans succès, qu’on y transfère la bibliothèque municipale. D’autres persistent et proposent que l’on continue à lui chercher une utilité quelconque pendant que l’on répare et consolide tous les éléments de structure extérieurs.
Selon moi, il ne serait pas sage de procéder dans cet ordre, car il est de la plus haute importance de savoir au préalable avec certitude quel est le rôle social envisagé pour l’immeuble.
On sait qu’à l’origine, l’église était au centre de la vie quotidienne des habitants de la ville et essentielle à leur vie morale et spirituelle. Cela justifiait sa construction, d’abord, puis son entretien soigné.
Reste-t-il des besoins sociaux importants et pressants auxquels une église remise en état à grands frais pourrait répondre ?
Quant à sa valeur esthétique et architecturale, pourrait-elle justifier sa restauration ?
Il faut reconnaître au départ que son profil hérité du Moyen Âge ne s’harmonise pas trop bien avec le paysage d’une ville industrielle moderne conçue par des ingénieurs pour qui le cadastre l’emportera toujours sur le rêve ou le mysticisme. L’église SaintÉdouard rappelle effectivement les lignes sévères d’une église anglicane. Faut-il rappeler qu’elle est un corps architectural étranger mis en avant par le curé fondateur de Saint-Édouard, connu pour sa mégalomanie et sa prodigalité avec l’argent de ses ouailles.
Par ailleurs, ceux que l’époque médiévale et le style architectural gothique passionnent peuvent depuis longtemps en admirer un parfait exemplaire tout près en l’église Sacré-Coeur du Bassin, à Chicoutimi.
Reste enfin la démolition de l’édifice et la récupération des blocs de granit de ses murs.
Ils pourraient à la limite servir à élever un mémorial consacré à tous ceux qui ont apporté leur pierre à la création de la ville de Port-Alfred et qui l’ont fait briller partout où ils sont passés.