Ensemble Montréal juge insuffisantes les mesures qui visent à rassurer les usagers du métro
Des constables spéciaux et des ambassadeurs de sûreté seront plus présents et plus visibles dans dix stations jugées problématiques
Ensemble Montréal ne croit pas que le plan de la Société de transport de Montréal (STM) qui vise à concentrer une partie de ses effectifs dans dix stations problématiques du métro va réellement rassurer les usagers. « On est en train de déshabiller Paul pour habiller Pierre », soutient le chef de l’opposition, Aref Salem, qui lui suggère plutôt d’augmenter le nombre de constables spéciaux et d’instaurer un système de ligne d’aide par téléphone ou par texto pour que la clientèle puisse obtenir une assistance rapide en cas d’urgence.
Pour contrer le sentiment d’insécurité de ses usagers à la suite de plusieurs événements violents, la STM a confirmé mercredi qu’elle augmenterait la visibilité de ses constables spéciaux et de ses ambassadeurs de sûreté dans certaines stations de métro. Dix ont été désignées, soit Joliette, Papineau, Beaudry, Frontenac, Lionel-Groulx, Atwater, Jean-Talon, Mont-Royal, Bonaventure et Jarry.
Le plan baptisé « Réassurance » prévoit que des constables spéciaux seront jumelés à deux ambassadeurs de sûreté afin d’assurer une présence dès le matin et jusqu’à la fermeture des stations. La STM n’ajoutera pas d’effectifs, mais demandera à ses constables spéciaux de faire des heures supplémentaires. La STM ignore toutefois quel sera le coût de cette mesure.
« Cette année, à la STM, on a coupé 232 postes et on en a créé 60 pour les enjeux de sécurité et de propreté », a rappelé le président du conseil d’administration de la STM, Éric Alan Caldwell. « Mais il ne faut pas se conter d’histoires. Notre réseau est en aval du problème. Si on ne règle pas les enjeux d’habitation, de suivi clinique, de santé mentale et de toxicomanie, les gens, s’ils ne trouvent pas de place ailleurs, vont se réfugier dans le métro. »
« Annonce bidon »
Aref Salem a qualifié ce plan d’« annonce bidon ». Selon lui, la STM et la Ville de Montréal devront en faire bien davantage pour contrer le sentiment d’insécurité vécu par les usagers du métro. Les mesures proposées par Ensemble Montréal suggèrent, outre l’implantation d’un service d’aide, l’augmentation du nombre de constables spéciaux à 230. À l’heure actuelle, la STM compte 160 constables spéciaux, mais 20 constables supplémentaires seront déployés d’ici l’été et 20 autres seront en formation l’automne prochain.
« On ne peut pas exiger de nos constables de travailler en temps supplémentaire. Il va y avoir de l’épuisement professionnel, fait valoir Aref Salem. Ces gens-là ne travaillent pas derrière un bureau. Ils sont en contact avec des humains vulnérables. »
Selon lui, la STM doit aussi améliorer l’éclairage des stations — ce qu’elle a déjà entrepris de faire —, déployer des employés dans tous les guichets de métro et installer des toilettes à l’extérieur des stations pour la population vulnérable.
Aref Salem craint une baisse de l’achalandage dans les transports en commun si le métro n’est pas plus accueillant pour les usagers. « Ça ne prend pas la tête à Papineau pour dire que si on n’est pas sécuritaire, il y a de moins en moins de gens qui vont se déplacer avec le transport en commun. »
Ni la STM ni Aref Salem ne croient qu’il est justifié d’armer les constables spéciaux, qu’il s’agisse d’armes à feu ou d’armes à impulsion électrique, comme le suggère la Fraternité des constables et agents de la paix de la STM. « Ce n’est aucunement dans les plans et ce n’est pas un besoin non plus », a soutenu Jocelyn Latulippe, directeur Sûreté et sécurité incendie de la STM. « On est dans une situation de débordement où il y a des problèmes de santé mentale. Oui, ça occasionne l’agressivité, mais on n’est pas à ce niveau-là. »
Questionné sur la tolérance de la STM face à la présence d’itinérants ou de personnes sous l’influence de la drogue ou de l’alcool dans les stations, source d’insécurité pour les usagers, M. Latulippe a précisé que le flânage n’était pas interdit dans le métro, mais que les employés devaient intervenir en cas d’incivilité ou de méfait.
Le plan de la STM devrait faire l’objet de modifications au mois de mai en prévision de la saison estivale.
Même s’il réclamait davantage d’embauches, le président de la Fraternité des constables et agents de la paix de la STM, Kevin Grenier, a salué le plan proposé par l’employeur. « C’est une bonne idée. C’est sûr que ça va avoir un effet à court terme, mais ma crainte, c’est que ce ne soit pas inscrit dans un plan à long terme. La sécurité, c’est 365 jours par année. »
M. Grenier se dit aussi préoccupé par l’épuisement professionnel qui pourrait, à la longue, affecter ses troupes.
Mais il ne faut pas se conter d’histoires. Notre réseau est en aval du problème. Si on ne règle pas les enjeux d’habitation, de suivi clinique, de santé mentale et de toxicomanie, les gens, s’ils ne trouvent pas de place ailleurs, vont se réfugier dans le métro.
ÉRIC ALAN CALDWELL