L’achat local fait du surplace
Bien que les politiques dites d’achat local poussées par nos gouvernements soient populaires auprès de la population, il n’est pas évident qu’elles soient réellement efficaces et aident vraiment l’économie. D’autres trucs me dérangent aussi.
Pour le premier point, on peut prendre par exemple plusieurs éditions de l’étude annuelle du MAPAQ sur l’alimentation au Québec. Une fois qu’on a tenu compte de l’inflation et de la croissance de la population, on remarque que l’achat d’aliments locaux fait du surplace malgré toutes les initiatives comme les étiquettes bleues « Produit du Québec ». (Je tiens compte de la baisse dans les dernières années des dépenses au restaurant et des produits prêts à manger.)
Deuxièmement, on achète ultimement nos importations avec nos exportations. Refuser d’importer, c’est aussi refuser d’exporter.
Puis, le budget pour l’achat de biens par les écoles est fixé au dollar près. Est-ce que les fournisseurs locaux sont plus chers ? Si c’est le cas, est-ce qu’on est prêts à accepter que nos jeunes aient moins de livres ou de matériel didactique pour pouvoir faire plus d’achats chez nous ?
Est-ce que les biens en cause sont même disponibles au Québec ? (Une des raisons pour lesquelles je vais chez Amazon est qu’ils ont des biens qui ne sont pas disponibles au Québec. Par exemple, des bouquins spécialisés — ou qui ne sont plus imprimés — peuvent n’être vendus qu’en Europe.)
Enfin, signalons qu’un certain nombre de compagnies d’ici vendent sur Amazon. Est-ce qu’une partie des biens achetés par nos écoles provient dans les faits d’une ou de plusieurs compagnies d’ici qui s’affichent sur Amazon pour augmenter leur visibilité et qui, sans cela, n’auraient pas pu vendre aux cégeps et aux universités faute d’être connues ?
Carl-Stéphane Huot
Le 9 avril 2024