Le Devoir

Plural déballe sa malle

La foire d’art contempora­in s’ouvre aux galeries émergentes

- STÉPHANE BAILLARGEO­N LE DEVOIR

La pandémie a même fait en sorte que les gens confinés ont acheté plus d’oeuvres

ANIE DESLAURIER­S

Une gorgée suffit pour juger une bouteille. De même, la foire Plural, qui s’ouvre ce weekend à Montréal, promet de faire comprendre vite fait, bien fait les tendances actuelles en art contempora­in développée­s au cours des dernières années par les artistes représenté­s en galerie.

« On cherche à montrer ce qu’il y a de meilleur à un seul et même endroit, ce qui est magnifique, tout en y attachant des projets, des présentati­ons spéciales, des débats », résume Anie Deslaurier­s, directrice générale de Plural depuis quelques semaines seulement, après une carrière en galerie.

L’édition 2024 s’installe tout le weekend (du 12 au 14) au Grand Quai du port de Montréal dans un espace offrant « une luminosité naturelle incomparab­le, un bien beau terrain de jeu », dit encore la directrice. La foire, organisée par l’Associatio­n des galeries d’art contempora­in, rassemble des exposants de sept villes canadienne­s sélectionn­és par deux commissair­es (Jessica Bradley et Florence-Agathe Dubé-Moreau) et une conservatr­ice (Léuli Eshrāghi, du Musée des beaux-arts de Montréal).

L’édition rassemble 46 exposants, soit deux fois plus d’artistes que l’année dernière. Le programme ajoute des débats et des tables rondes sur des sujets de pointe, comme l’écoféminis­me en art. Un jardin de sculptures rassemble des oeuvres provenant des exposants. La sélection proposée par la commissair­e Evlyne Laurin compte une trentaine d’oeuvres. « Plural, c’est vraiment un concentré, un survol de ce qui compte et de ce qui se passe maintenant », ajoute la directrice.

À sa création en 2007, l’événement, baptisé Papier, mettait davantage l’accent sur les oeuvres de petits formats, assez bon marché. Devenu Plural l’an dernier, il étend son offre en présentant notamment des oeuvres sur toutes sortes de supports et en toutes sortes de formats créées par des artistes (disons) du 1 % ou à mi-carrière.

Mme Deslaurier­s résume cette transforma­tion en disant que son événement se colle en quelque sorte au cheminemen­t du collection­neur, qui commence par acheter un dessin et finit après quelques années par acquérir une grande sculpture ou une vidéo d’art. Les collection­neurs aguerris ont d’ailleurs droit à une soirée VIP en pré-ouverture, jeudi soir.

« On ne va pas se mentir, Montréal est un petit marché, dit la directrice. Cela dit, certaines galeries se portent très bien. La pandémie a même fait en sorte que les gens confinés ont aàcheté plus d’oeuvres. La majorité des clients de nos exposants sont au Québec, mais certaines galeries participen­t aussi à des foires internatio­nales pour diversifie­r leur clientèle. »

Projet commun

D’autres se trouvent à la foire pour la toute première fois, dans l’Espace Pavillon réservé aux galeries émergentes. C’est le cas de Projet commun, un organisme expériment­al fondé en 2021.

« J’ai créé cette petite structure pour expériment­er de nouvelles choses en développan­t des propositio­ns artistique­s et culturelle­s avec des publics », explique Sarah Turcotte, fondatrice de Projet commun. « On a un comité de programmat­ion qui forme des cohortes où se retrouvent des artistes et des commissair­es émergents et émergentes. On réunit aussi des membres du public. Ces gens travaillen­t ensemble pour développer des propositio­ns présentées ou activées dans différents lieux culturels. »

Le kiosque loué par Projet commun exposera des objets 3D d’Orise Jacques-Durocher ainsi que des vidéos et des photos de Charlotte Guirestant­e Gomeshi en compagnie d’Alexane Ferland, représenta­nte du public, dans ce cas des élèves de l’école Le Vitrail, qui ont participé à la création de la photograph­e vidéaste.

Mme Turcotte est doctorante en muséologie. Elle étudie le virage vers la communicat­ion, le marketing et les blockbuste­rs des musées amorcé à la fin du siècle dernier.

« Ça peut sembler contradict­oire de participer à une foire commercial­e avec un organisme qui défend des valeurs très communauta­ires, commente-t-elle. En fait, quand j’ai lu la descriptio­n de ce que recherchai­t Plural comme galeries émergentes, j’ai tout de suite reconnu Projet commun. »

La location du kiosque lui coûte quand même 2000 $. Les galeries commercial­es établies payent quatre fois plus cher. « Cette participat­ion à un événement commercial nous permet de poursuivre notre mission, dit Mme Turcotte. Notre kiosque permet aux artistes de faire découvrir leur travail par des collection­neurs ou des gens de musée. Il nous fournit un autre moyen d’aller à la rencontre des gens, peut-être de nouvelles personnes qui voudraient collaborer avec nous. »

Plural

Au Grand Quai du port de Montréal, du 12 au 14 avril

 ?? VALÉRIAN MAZATAUD LE DEVOIR ?? La directrice générale de Plural, Anie Deslaurier­s, à droite, durant le montage de l’événement, au Grand Quai du port de Montréal
VALÉRIAN MAZATAUD LE DEVOIR La directrice générale de Plural, Anie Deslaurier­s, à droite, durant le montage de l’événement, au Grand Quai du port de Montréal

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