Plural déballe sa malle
La foire d’art contemporain s’ouvre aux galeries émergentes
La pandémie a même fait en sorte que les gens confinés ont acheté plus d’oeuvres
ANIE DESLAURIERS
Une gorgée suffit pour juger une bouteille. De même, la foire Plural, qui s’ouvre ce weekend à Montréal, promet de faire comprendre vite fait, bien fait les tendances actuelles en art contemporain développées au cours des dernières années par les artistes représentés en galerie.
« On cherche à montrer ce qu’il y a de meilleur à un seul et même endroit, ce qui est magnifique, tout en y attachant des projets, des présentations spéciales, des débats », résume Anie Deslauriers, directrice générale de Plural depuis quelques semaines seulement, après une carrière en galerie.
L’édition 2024 s’installe tout le weekend (du 12 au 14) au Grand Quai du port de Montréal dans un espace offrant « une luminosité naturelle incomparable, un bien beau terrain de jeu », dit encore la directrice. La foire, organisée par l’Association des galeries d’art contemporain, rassemble des exposants de sept villes canadiennes sélectionnés par deux commissaires (Jessica Bradley et Florence-Agathe Dubé-Moreau) et une conservatrice (Léuli Eshrāghi, du Musée des beaux-arts de Montréal).
L’édition rassemble 46 exposants, soit deux fois plus d’artistes que l’année dernière. Le programme ajoute des débats et des tables rondes sur des sujets de pointe, comme l’écoféminisme en art. Un jardin de sculptures rassemble des oeuvres provenant des exposants. La sélection proposée par la commissaire Evlyne Laurin compte une trentaine d’oeuvres. « Plural, c’est vraiment un concentré, un survol de ce qui compte et de ce qui se passe maintenant », ajoute la directrice.
À sa création en 2007, l’événement, baptisé Papier, mettait davantage l’accent sur les oeuvres de petits formats, assez bon marché. Devenu Plural l’an dernier, il étend son offre en présentant notamment des oeuvres sur toutes sortes de supports et en toutes sortes de formats créées par des artistes (disons) du 1 % ou à mi-carrière.
Mme Deslauriers résume cette transformation en disant que son événement se colle en quelque sorte au cheminement du collectionneur, qui commence par acheter un dessin et finit après quelques années par acquérir une grande sculpture ou une vidéo d’art. Les collectionneurs aguerris ont d’ailleurs droit à une soirée VIP en pré-ouverture, jeudi soir.
« On ne va pas se mentir, Montréal est un petit marché, dit la directrice. Cela dit, certaines galeries se portent très bien. La pandémie a même fait en sorte que les gens confinés ont aàcheté plus d’oeuvres. La majorité des clients de nos exposants sont au Québec, mais certaines galeries participent aussi à des foires internationales pour diversifier leur clientèle. »
Projet commun
D’autres se trouvent à la foire pour la toute première fois, dans l’Espace Pavillon réservé aux galeries émergentes. C’est le cas de Projet commun, un organisme expérimental fondé en 2021.
« J’ai créé cette petite structure pour expérimenter de nouvelles choses en développant des propositions artistiques et culturelles avec des publics », explique Sarah Turcotte, fondatrice de Projet commun. « On a un comité de programmation qui forme des cohortes où se retrouvent des artistes et des commissaires émergents et émergentes. On réunit aussi des membres du public. Ces gens travaillent ensemble pour développer des propositions présentées ou activées dans différents lieux culturels. »
Le kiosque loué par Projet commun exposera des objets 3D d’Orise Jacques-Durocher ainsi que des vidéos et des photos de Charlotte Guirestante Gomeshi en compagnie d’Alexane Ferland, représentante du public, dans ce cas des élèves de l’école Le Vitrail, qui ont participé à la création de la photographe vidéaste.
Mme Turcotte est doctorante en muséologie. Elle étudie le virage vers la communication, le marketing et les blockbusters des musées amorcé à la fin du siècle dernier.
« Ça peut sembler contradictoire de participer à une foire commerciale avec un organisme qui défend des valeurs très communautaires, commente-t-elle. En fait, quand j’ai lu la description de ce que recherchait Plural comme galeries émergentes, j’ai tout de suite reconnu Projet commun. »
La location du kiosque lui coûte quand même 2000 $. Les galeries commerciales établies payent quatre fois plus cher. « Cette participation à un événement commercial nous permet de poursuivre notre mission, dit Mme Turcotte. Notre kiosque permet aux artistes de faire découvrir leur travail par des collectionneurs ou des gens de musée. Il nous fournit un autre moyen d’aller à la rencontre des gens, peut-être de nouvelles personnes qui voudraient collaborer avec nous. »
Plural
Au Grand Quai du port de Montréal, du 12 au 14 avril