Le Devoir

Petal à l’internatio­nal grâce au Dossier de santé numérique québécois

La PME de Québec mise sur sa proximité avec Epic Systems pour prendre de l’expansion hors Québec

- ALAIN McKENNA

Petal se présente comme le « Ticketmast­er des soins médicaux ». La PME conçoit le projet de dossier santé numérique de Québec comme une première vitrine, en vue de déployer ailleurs au Canada et dans le monde sa technologi­e d’accès aux soins de santé.

Il n’y a pas qu’au Québec où l’on procède ces jours-ci à la mise en place d’un dossier de santé numérisé. La promesse d’une centralisa­tion des données destinée à améliorer le réseau public fait rêver plus d’un gouverneme­nt sur la planète. Des facteurs tels que le vieillisse­ment de la population et le sous-financemen­t du système provoquent une hausse de la demande pour des services dont l’offre ne croît pas aussi vite.

Pour la société technologi­que Petal, c’est une occasion à saisir. L’entreprise de Québec de 350 employés a reçu du ministère de la Santé en 2020 le mandat de mieux orchestrer l’accès aux soins de première ligne. Elle a en main les disponibil­ités des profession­nels de la santé, et elle centralise les demandes des patients qui visitent les sites de prise de rendez-vous, comme Rendezvous santé Québec et Bonjour-santé.

Elle essaie ensuite d’optimiser le tout. L’objectif est d’envoyer le patient à la bonne place pour rencontrer le bon profession­nel. « Par exemple, durant la saison de la grippe, nous pouvons rediriger des centaines de patients vers des cliniques ou des médecins de famille pour leur éviter d’attendre des heures durant à l’urgence », explique le p.-d.g. de Petal, Patrice Gilbert. « Les cliniques, les infirmière­s et les pharmacien­s offrent toutes sortes de soins. On tente de connaître les besoins le plus tôt possible pour diriger le patient vers la bonne personne — pas nécessaire­ment son médecin. »

Le Québec, un leader ?

Pour Petal, la prochaine étape est d’ajouter un peu d’intelligen­ce artificiel­le (IA) à sa solution afin d’anticiper la demande et d’aider le réseau à mieux y répondre. « L’IA va nous permettre de faire encore mieux », assure Patrice Gilbert, qui pense que le Québec est en train de prendre un rôle de leader dans l’adoption du numérique pour l’améliorati­on du réseau de la santé.

« Le modèle québécois fait l’envie d’autres provinces, ajoute-t-il. C’est vrai que le public ne le voit peut-être pas encore, mais on a consolidé l’offre en arrière-scène. Le ministère a les outils pour gérer l’offre et la demande dans chaque région de la province, et ça, c’est une première au pays. »

C’est en tout cas la carte de visite que compte présenter M. Gilbert aux décideurs du réseau de la santé ailleurs au pays. Car Petal mise sur son expansion. Le Québec et le Canada d’abord, les États-Unis ensuite.

L’entreprise a un as dans sa manche : elle se colle à la technologi­e de la société américaine Epic Systems, qui a été choisie par le ministre Dubé l’été dernier pour donner forme au Dossier de santé numérique (DSN) québécois.

« Il y a seulement quelques entreprise­s dans le monde qui ont développé une technologi­e de DSN », explique Patrice Gilbert. Les EHR, sigle de l’expression anglaise « electronic health record », sont l’affaire d’une poignée d’entreprise­s américaine­s et européenne­s. Oracle, Meditech et Epic Systems dominent le secteur.

« Nous sommes déjà partenaire­s d’Epic, et on voit une consolidat­ion du marché ailleurs dans le monde autour de ces gros joueurs. On espère utiliser cette vitrine, c’est une occasion qu’on ne va pas laisser passer. »

Patrice Gilbert invite les autres sociétés de technologi­es médicales du milieu québécois à considérer la même approche pour l’exportatio­n de leurs activités hors Québec. « Le réseau de la santé québécois dessert neuf millions de personnes. Si vous pouvez vous intégrer à son DSN, vous pouvez le faire ailleurs », dit-il. « Ce projet-là peut être porteur pour des entreprise­s québécoise­s qui voudront démontrer leur savoir-faire. »

Et si ce savoir-faire permet aux patients d’avoir un meilleur accès aux soins dont ils ont besoin, tout le monde y gagnera. En attendant, il faut se rabattre sur ce vieil adage : le meilleur est apparemmen­t à venir.

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