Le Devoir

Le Hamas serait « militairem­ent vaincu »

Le chef du groupe terroriste a annoncé la mort de trois de ses fils et de plusieurs de ses petits-enfants dans un raid israélien

- BELAL AL SABBAGH ET SOPHIE MAKRIS RESPECTIVE­MENT DANS LES TERRITOIRE­S PALESTINIE­NS ET À JÉRUSALEM

Le ministre Benny Gantz, membre du cabinet de guerre israélien, a affirmé mercredi que le Hamas était « militairem­ent vaincu » dans la bande de Gaza par l’armée israélienn­e, qui poursuivra son offensive, notamment sur la zone de Rafah.

« D’un point de vue militaire, le Hamas est vaincu. Ses combattant­s ont été éliminés ou se cachent. Ses capacités sont réduites et nous continuero­ns à frapper ce qui reste », a déclaré le dirigeant d’opposition lors d’une visite à Sderot, dans le sud d’Israël.

Pour l’armée israélienn­e, qui combat le mouvement islamiste palestinie­n dans la bande de Gaza depuis plus de six mois, « la victoire viendra pas à pas », a-t-il dit.

« Nous sommes sur la bonne voie et nous ne nous arrêterons pas. Nous entrerons à Rafah. Nous retournero­ns à Khan Younès », la ville du sud de la bande de Gaza d’où l’armée israélienn­e a annoncé son retrait dimanche, a ajouté Benny Gantz.

Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a annoncé mercredi la mort de trois de ses fils et de plusieurs de ses petitsenfa­nts dans une frappe israélienn­e à Gaza, en prévenant que cette attaque ne ferait pas plier son mouvement. « Je remercie Dieu pour l’honneur que nous fait le martyre de mes trois fils et de certains de mes petits-enfants », a déclaré à la chaîne du Qatar Al-Jazeera M. Haniyeh, basé à Doha.

La frappe a touché des véhicules à bord desquels se trouvaient les membres de la famille d’Ismaïl Haniyeh, selon AlJazeera qui a diffusé des images de carcasses de voitures et de corps floutés en les présentant comme ceux des victimes.

Dans un communiqué, le Hamas a confirmé la mort de trois fils de leur chef et de quatre de ses petits-enfants dans le camp de réfugiés de Chati, dans la ville de Gaza, dans le nord du territoire palestinie­n dévasté. « Ce sang versé nous rendra encore plus fermes dans nos principes », a encore dit M. Haniyeh. L’armée israélienn­e n’a pas réagi dans l’immédiat.

Le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a réaffirmé ces derniers jours l’objectif d’une offensive sur Rafah, à l’extrême sud de la bande de Gaza, près de la frontière fermée avec l’Égypte. La zone, où se sont réfugiés plus de 1,5 million de Gazaouis, est présentée par Israël comme le dernier grand bastion du Hamas à Gaza.

Benny Gantz, rival centriste de M. Nétanyahou, a accepté de se joindre au cabinet de guerre après l’attaque menée le 7 octobre en Israël par le Hamas qui a entraîné la mort d’au moins 1170 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l’AFP à partir des chiffres officiels israéliens. En représaill­es, Israël a juré d’anéantir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et a lancé une offensive qui a fait plus de 33 480 morts à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Hamas en réflexion sur une trêve

La frappe ayant tué les fils du chef du Hamas s’est produite au premier jour de l’Aïd al-Fitr, fête marquant la fin du mois de jeûne musulman du ramadan.

Elle a eu aussi lieu au moment où le Hamas doit répondre à un projet de trêve proposé par les médiateurs qatari, égyptien et américain.

Ce projet prévoit une trêve de six semaines, la libération de 42 otages retenus à Gaza en échange de 800 à 900 Palestinie­ns incarcérés par Israël, l’entrée de 400 à 500 camions d’aides chaque jour à Gaza et le retour chez eux des habitants du nord de Gaza, selon une source du Hamas.

Durant l’attaque du 7 octobre, plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent détenues à Gaza, dont 34 sont mortes, d’après des responsabl­es israéliens.

Considéré comme une organisati­on terroriste par Israël, les États-Unis, le Canada et l’Union européenne, le Hamas a pris le pouvoir à Gaza depuis 2007.

Critiques de Biden

De nouvelles frappes israélienn­es ont touché mercredi le nord et le centre du territoire palestinie­n, notamment le camp de Nousseirat, où 14 personnes, dont des enfants, ont été tuées selon le ministère de la Santé du Hamas.

Ces dernières 24 heures et selon le même ministère, 122 morts supplément­aires ont été recensés dans le territoire assiégé par Israël, portant à 33 482 le nombre de personnes tuées dans les opérations militaires israélienn­es depuis le début de la guerre.

Dans un entretien diffusé mardi par la chaîne hispanopho­ne Univision, le président américain, Joe Biden, l’allié le plus puissant d’Israël, a qualifié « d’erreur » la conduite de la guerre à Gaza par le premier ministre Benjamin Nétanyahou, l’une de ses plus fortes critiques à l’encontre du dirigeant israélien.

« Ce que je demande, c’est que les Israéliens appellent à un cessez-le-feu, qu’ils autorisent pour les six ou huit prochaines semaines un accès total à la nourriture et aux médicament­s entrant dans le pays », a affirmé Joe Biden à Univision.

Notre coeur n’est pas à la fête, car nous avons perdu tous ceux que nous aimions

HIKMAT ABOU ANZA

Aïd « le plus triste »

Au milieu des ruines ou dans leurs abris, de nombreux Palestinie­ns se sont réunis tristement dans la bande de Gaza pour prier, autour de petits gâteaux préparés malgré les pénuries, à l’occasion de l’Aïd al-Fitr.

« Nous n’avons jamais vécu un Aïd comme celui-ci, plein de tristesse, de peur, de destructio­n et de dévastatio­n », a déclaré Ahmed Qishta, un père de quatre enfants, réfugié à Rafah après avoir fui la ville de Gaza. « Nous essayons d’être heureux, mais c’est difficile, difficile, difficile. »

« Notre coeur n’est pas à la fête, car nous avons perdu tous ceux que nous aimions », a raconté Hikmat Abou Anza, une femme de 43 ans déplacée elle aussi à Rafah.

Sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem, où des dizaines de milliers de fidèles se sont réunis, tous avaient en tête la guerre à Gaza. « C’est l’Aïd le plus triste que nous ayons vécu », a dit Rawan Abd, une infirmière de 32 ans.

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