Le Devoir

QS veut une « voie rapide » pour la constructi­on des refuges

Le programme actuel qui les finance est trop lent, car mésadapté aux besoins des maisons d’hébergemen­t, soutient le parti

- STÉPHANIE MARIN LE DEVOIR

Québec solidaire (QS) va demander vendredi au gouverneme­nt québécois une « voie rapide » pour la création des maisons d’hébergemen­t pour femmes victimes de violence. Le programme gouverneme­ntal qui finance leur constructi­on actuelleme­nt est trop lent, car mésadapté, soutient le parti. Pendant ce temps, il manque de places en refuge et des femmes sont à risque de féminicide­s, a fait valoir la députée solidaire Ruba Ghazal, en entrevue avec Le Devoir.

« Ça prend un temps fou ! » lance-telle.

Divers organismes d’aide aux victimes de violence ont d’ailleurs fait plusieurs sorties récemment, déplorant que leurs projets de maisons d’hébergemen­t soient « bloqués ».

Les plans sont dessinés, des terrains ont été achetés, mais ces maisons ne peuvent être construite­s, car le Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ) qui les finance n’est pas adapté à la réalité des refuges et des maisons d’hébergemen­t, explique la députée, porte-parole de son parti en matière de Condition féminine.

Le PHAQ vise la création de logements à loyer modique, où des gens peuvent habiter pendant des années. Leur constructi­on ne se fait pas avec le même moule que pour les chambres et les appartemen­ts destinés à ceux qui fuient la violence : ceux-ci ne doivent y rester qu’un temps, mais ont par contre besoin de soutien et de services durant cette période. C’est pourquoi il faut construire des bureaux pour des rencontres confidenti­elles, des cuisines collective­s et des salles communes pour des interventi­ons psychosoci­ales, par exemple, détaille Mme Ghazal.

« Faire entrer un carré dans un rond »

Pour les maisons d’hébergemen­t, le PHAQ est comme essayer de « faire entrer un carré dans un rond », illustre-t-elle.

Les organismes offrant de l’hébergemen­t lui ont rapporté qu’on les renvoie constammen­t à la table à dessin pour qu’ils fournissen­t une énième version de leur projet qui tente de respecter les « critères rigides » du PHAQ.

Avec tous ces « allers-retours », les retards s’accumulent et les projets ne sortent pas de terre, une aberration quand il manque cruellemen­t de places en refuge et que le Québec est rendu à une sixième femme tuée depuis le début de l’année dans un contexte conjugal, dit Mme Ghazal.

QS offre ainsi cette solution de « voie rapide » pour l’approbatio­n des projets actuelleme­nt entre les mains du gouverneme­nt. Mais à terme, Mme Ghazal croit qu’il faudrait un autre programme de financemen­t spécifique­ment adapté aux besoins de ces maisons d’hébergemen­t.

La députée solidaire rappelle que trop de femmes se font refuser un lit dans un refuge qui affiche complet, référant notamment au texte publié jeudi dans Le Devoir qui rapporte que le taux d’occupation des refuges d’urgence pour victimes de violence au Québec est le plus élevé du Canada.

Mme Ghazal a d’ailleurs talonné à ce sujet la ministre de la Condition féminine, Martine Biron, et la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, jeudi matin lors de la période de questions à l’Assemblée nationale.

Cette dernière y a soutenu être en train de travailler très fort pour livrer les maisons d’hébergemen­t promises par le gouverneme­nt caquiste : les discussion­s avec les organismes ont permis d’« augmenter le nombre de logements pour femmes ». Son bureau a ensuite précisé que cela signifiait que des places d’hébergemen­t seraient ajoutées, dans certains cas, à des projets déjà déposés — ce qui ferait diminuer le coût par porte. À la mi-mars, la ministre avait dit que certains projets étaient bloqués parce qu’ils coûtent trop cher.

Jeudi, son cabinet a aussi indiqué avoir des ententes de principe avec la plupart des organismes pour dénouer les impasses et qu’il va s’assurer que tous les projets voient le jour le plus rapidement possible.

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