Araignée du matin, festin
Recyclé mais efficace, Sting, de Kiah Roache-Turner, se veut un modeste film de « bibittes » sanguinolent, drôle et visqueux à souhait
Le film Sting conte les ravages d’une araignée extraterrestre parmi les habitants d’un immeuble délabré de Brooklyn. Ce résumé succinct devrait suffire à déterminer si cette série B recyclée, mais efficace, est ou non pour vous. Toujours là ? Alors voici : c’est l’histoire d’une préado qui tombe par hasard sur ladite araignée et décide de l’élever en cachette de sa mère et de son beau-père. Or, non seulement l’insecte venu d’ailleurs est-il futé, il est affamé. Et sa taille croît avec chaque victime à plumes, à poils, puis à peau. Écrit et réalisé par Kiah Roache-Turner avec une sensibilité rétro, vieille école, Sting s’adresse aux amateurs qui aiment leur horreur référencée.
Ainsi l’action sanguinolente confinée à un même immeuble, dont les occupants sont assaillis un à un, évoque-telle autant Shivers (Frissons, de David Cronenberg ; 1975), que Demons 2 (de Lamberto Bava ; 1986). On y rencontre d’emblée la jeune Charlotte (Alyla Browne, une vraie découverte), qui a pris l’habitude de se déplacer dans les conduits de ventilation et autres espaces cachés de l’édifice décati — on songe ici à The People Under the Stairs (Le sous-sol de la peur, de Wes Craven ; 1991).
Sans oublier le fait que l’arachnide meurtrier arrive au départ dans une petite météorite, tout comme le redoutable prédateur gélatineux dans The Blob (Le blob, de Chuck Russell, 1988). Bref, c’est fait par un « fan », pour les « fans ».
Pour le compte, la réussite modeste du film tient à trois éléments clés : une héroïne solidement écrite et interprétée, des trucages et des effets spéciaux bien visqueux, et surtout, un refus absolu de se prendre trop au sérieux.
Humour noir
De fait, Roache-Turner insuffle à son film une saine dose d’humour aussi noir que la terrible araignée.
On se serait en revanche passé des frasques comiques imparties à l’exterminateur, lesquelles tirent le film du côté de la farce et cassent quelque peu l’ambiance — ce personnage souffre de la comparaison avec son modèle immortalisé par John Goodman dans Arachnophobia (Arachnophobie, de Frank Marshall, 1990).
Il n’empêche, c’est rondement mené et ingénieusement réalisé. Cela, jusqu’au dernier plan, qui reprend celui de Critters (de Stephen Herek ; 1986), autre film de bibittes extraterrestres tueuses. À voir ou pas, selon qu’on a la piqûre du sous-genre ou non.
Sting (V.O.)
★★★
Horreur de Kiah Roache-Turner. Scénario de Kiah Roache-Turner. Avec Alyla Browne, Ryan Corr, Penelope Mitchell. Australie, 2024, 91 minutes. En salle.