Le Devoir

Araignée du matin, festin

Recyclé mais efficace, Sting, de Kiah Roache-Turner, se veut un modeste film de « bibittes » sanguinole­nt, drôle et visqueux à souhait

- FRANÇOIS LÉVESQUE

Le film Sting conte les ravages d’une araignée extraterre­stre parmi les habitants d’un immeuble délabré de Brooklyn. Ce résumé succinct devrait suffire à déterminer si cette série B recyclée, mais efficace, est ou non pour vous. Toujours là ? Alors voici : c’est l’histoire d’une préado qui tombe par hasard sur ladite araignée et décide de l’élever en cachette de sa mère et de son beau-père. Or, non seulement l’insecte venu d’ailleurs est-il futé, il est affamé. Et sa taille croît avec chaque victime à plumes, à poils, puis à peau. Écrit et réalisé par Kiah Roache-Turner avec une sensibilit­é rétro, vieille école, Sting s’adresse aux amateurs qui aiment leur horreur référencée.

Ainsi l’action sanguinole­nte confinée à un même immeuble, dont les occupants sont assaillis un à un, évoque-telle autant Shivers (Frissons, de David Cronenberg ; 1975), que Demons 2 (de Lamberto Bava ; 1986). On y rencontre d’emblée la jeune Charlotte (Alyla Browne, une vraie découverte), qui a pris l’habitude de se déplacer dans les conduits de ventilatio­n et autres espaces cachés de l’édifice décati — on songe ici à The People Under the Stairs (Le sous-sol de la peur, de Wes Craven ; 1991).

Sans oublier le fait que l’arachnide meurtrier arrive au départ dans une petite météorite, tout comme le redoutable prédateur gélatineux dans The Blob (Le blob, de Chuck Russell, 1988). Bref, c’est fait par un « fan », pour les « fans ».

Pour le compte, la réussite modeste du film tient à trois éléments clés : une héroïne solidement écrite et interprété­e, des trucages et des effets spéciaux bien visqueux, et surtout, un refus absolu de se prendre trop au sérieux.

Humour noir

De fait, Roache-Turner insuffle à son film une saine dose d’humour aussi noir que la terrible araignée.

On se serait en revanche passé des frasques comiques imparties à l’exterminat­eur, lesquelles tirent le film du côté de la farce et cassent quelque peu l’ambiance — ce personnage souffre de la comparaiso­n avec son modèle immortalis­é par John Goodman dans Arachnopho­bia (Arachnopho­bie, de Frank Marshall, 1990).

Il n’empêche, c’est rondement mené et ingénieuse­ment réalisé. Cela, jusqu’au dernier plan, qui reprend celui de Critters (de Stephen Herek ; 1986), autre film de bibittes extraterre­stres tueuses. À voir ou pas, selon qu’on a la piqûre du sous-genre ou non.

Sting (V.O.)

★★★

Horreur de Kiah Roache-Turner. Scénario de Kiah Roache-Turner. Avec Alyla Browne, Ryan Corr, Penelope Mitchell. Australie, 2024, 91 minutes. En salle.

 ?? Sting. WELL GO USA ?? Jermaine Fowler joue Frank dans
Sting. WELL GO USA Jermaine Fowler joue Frank dans

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