Le Devoir

Mathieu Lacombe évoque de « nouveaux montants »

Présent pour l’inaugurati­on du Festival du livre de Paris, le ministre de la Culture québécois ne s’est toutefois pas avancé sur la somme qu’il pourrait dégager

- OLIVIER DU RUISSEAU COLLABORAT­EUR À PARIS

En ouverture du Festival du livre de Paris, où le Québec est à l’honneur, Mathieu Lacombe a vanté jeudi soir les « belles retombées » que promet l’événement au milieu littéraire québécois. En entrevue, il a aussi affirmé reconnaîtr­e les récentes plaintes d’organismes culturels, particuliè­rement ceux issus des arts vivants, quant à la diminution des crédits accordés au Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) dans le dernier budget du Québec, et travailler à une solution.

Autrement dit, tandis que la littératur­e d’ici vit son heure de gloire en France, bien des artistes ont toujours du mal à joindre les deux bouts au Québec. De fait, le CALQ dispose de 160,46 millions de dollars pour 20242025, alors qu’il avait reçu 161,18 millions au dernier exercice, avant inflation. Parallèlem­ent, les artisans de la danse, par exemple, disposent d’un revenu annuel moyen de 22 859 $ à 27 334 $, et les salles de spectacle peinent toujours à se remplir depuis la pandémie.

Une manifestat­ion est même prévue le 18 avril à Montréal. Les organisate­urs, dont le Conseil québécois du théâtre et le Regroupeme­nt québécois de la danse, soutiennen­t que le dernier budget « plonge l’écosystème artistique québécois — institutio­ns, compagnies et artistes — dans une urgence absolue ».

Le ministre de la Culture dit partager leur désarroi : « Je comprends leur déception, parce que moi-même, j’aurais souhaité davantage [de financemen­t] pour le Conseil des arts et des lettres du Québec. » Il rappelle avoir bonifié les programmes existants du CALQ de 28 millions de dollars sur quatre ans, mais estime que « ce n’est pas assez ».

« Je sais pertinemme­nt qu’il y aura cette manifestat­ion, a-t-il ajouté. Je suis en train de regarder, en ce moment même, comment on peut, à partir des sommes qu’on a obtenues dans le budget, dégager de nouveaux montants qu’on pourrait réinvestir dans le CALQ. » Le ministre ne s’est toutefois pas avancé sur les moyens qu’il envisageai­t pour ce faire.

Nouveau groupe de travail

Pour l’heure, le ministre s’est révélé très enthousias­te d’inaugurer le Festival du livre aux côtés de son homologue française, Rachida Dati. L’événement marque d’ailleurs « une grande semaine de collaborat­ion avec la France », s’est-il félicité. Jeudi, par ailleurs, le premier ministre français, Gabriel Attal, rencontrai­t François Legault au Québec.

M. Lacombe et Mme Dati ont pour leur part dévoilé un projet commun de promotion des contenus francophon­es sur les plateforme­s numériques.

On ne connaît pas encore les détails de l’entente, au sujet de laquelle un communiqué devait être publié d’ici vendredi matin. Mais les deux États devraient présider un éventuel « groupe de travail » pour trouver des manières de « faire front commun » devant des géants du Web, tels que Netflix et Spotify, et exiger une meilleure « découvrabi­lité » des contenus francophon­es, précise Mathieu Lacombe.

« On veut créer un consensus internatio­nal pour forcer la main aux grandes plateforme­s et légitimer les démarches que l’on fait au Québec avec des projets de loi », explique-t-il. La première rencontre dudit groupe de travail devrait avoir lieu, selon Rachida Dati, au prochain Sommet de la Francophon­ie, en octobre.

L’annonce devait avoir lieu vendredi, mais Mme Dati, connue en France pour ses déclaratio­ns détonantes, l’a devancée jeudi soir à l’inaugurati­on du pavillon du Québec. Elle a vraisembla­blement surpris le ministre québécois, qui a rétorqué d’un sourire gêné « vous êtes parfaite », évoquant son tempéramen­t imprévisib­le. En entrevue, il dit tout de même avoir été « agréableme­nt surpris » par la ministre française, au terme d’une première rencontre avec elle mercredi, saluant « son sens de l’action et sa franchise ».

Place à la littératur­e

Ce sont trois journées chargées qui attendent la délégation québécoise à Paris. Plus de 40 auteurs et illustrate­urs québécois participen­t au festival, ainsi qu’une soixantain­e de maisons d’édition. C’est la première fois depuis 1999 que le Québec est à l’honneur à cet événement, que l’on appelait autrefois le Salon du livre de Paris. Il s’agit de la plus importante manifestat­ion du genre dans le monde francophon­e.

Le festival compte rendre hommage à la fois à la vitalité de la jeune génération d’auteurs et d’éditeurs du Québec et au legs de piliers du milieu, comme Dany Laferrière et Hélène Dorion.

Parmi les temps forts de l’événement, le panel Pleins feux sur la poésie présentera la « diversité de la poésie au Québec » avec huit poètes, dont Gabrielle Boulianne-Tremblay et Larry Tremblay. Un hommage à Réjean Ducharme mettant en vedette Denise Desautels et Dany Laferrière clôturera par ailleurs les activités du pavillon québécois, dimanche.

Je comprends leur déception, parce que moi-même j’aurais souhaité davantage [de financemen­t] pour le Conseil des arts et des lettres » du Québec MATHIEU LACOMBE

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COMPTE X DE LA DÉLÉGATION DU QUÉBEC EN FRANCE Mathieu Lacombe s’est révélé très enthousias­te d’inaugurer le Festival du livre aux côtés de son homologue française, Rachida Dati.

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