Ciel que c’est bon !
« Pâtes ou poulet ? » Cette inéluctable question qu’on nous pose lors de nos voyages en avion, la plupart du temps associée à des repas fades, trop lourds ou trop légers, vous irrite-t-elle autant que nous ? Eh bien, n’écoutant que notre gourmandise, nous sommes partis en quête des options qui permettent de mieux se restaurer avant, pendant ou entre deux vols. De rien !
Les plaisanteries qui circulent sur la nourriture à bord des avions sont légion. Quid du sandwich déjeuner insipide, des deux sempiternels plats de résistance, des collations hautement industrielles ? Les voyageurs en rient, mais ils aimeraient aussi faire de leur trajet un moment gourmand, quelle que soit la section dans laquelle se trouve leur siège.
Alors, première chose utile à savoir : dès que la barrière de sécurité est passée, il est possible, dans plusieurs aéroports, d’acheter des en-cas ou carrément des mets à emporter (scellés) avant de monter dans l’avion. Seuls les alcools sont interdits à bord, à l’exception de ceux qui sont servis par la compagnie aérienne.
Toutefois, si cette offre solution ne nous attire pas ou si nous n’avons pas le temps d’en profiter, d’autres options méritent d’être connues.
Plus de choix, plus de plaisir
Certaines compagnies aériennes ont parfaitement compris la plus-value que peut leur apporter un volet gastronomique plus étoffé. La réputation de Qatar Airways, de Singapore Airlines et de Turkish Airlines en la matière, avec des repas travaillés, et même des chariots de desserts en classe Affaires, a contribué à les faire connaître. Elles ne desservent cependant pas toutes les destinations, donc attardons-nous à celles qui nous sont plus familières au Québec, à commencer par Air Canada.
Sur les ailes de notre transporteur national, depuis quelques années, des efforts ont été déployés pour offrir une gamme plus diversifiée de collations et de plats. Les menus sont élaborés en collaboration avec les chefs David Hawksworth, Vikram Vij et Jérôme Ferrer (ce dernier est à la tête du restaurant Europea à Montréal, membre du réseau Relais & Châteaux). Ils comprennent des repas spécifiques pour les classes supérieures (Affaires et Signature), avec des vins sélectionnés par la sommelière Véronique Rivest.
Pour la classe économique, l’option Bistro Air Canada, proposée à bord des trajets d’une durée de deux heures ou plus, s’est aussi enrichie de solutions pour grignoter ou mieux manger. On trouve au menu des bretzels artisanaux, des bâtonnets de charqui de boeuf ou des bonbons Sweet Sixteen du Québec pour les petites fringales. Des petits-déjeuners « premium », des assiettes de fruits et de fromages, des wraps, du macaroni au fromage ou des pizzas sont proposés aux plus grosses faims. On est encore loin de la qualité restaurant, mais les choses changent peu à peu.
D’autres compagnies aériennes se distinguent par leur offre gourmande. Pas les vols nolisés ni ceux d’Air Transat, mais il suffit de penser à Air France, qui s’est associée avec rien de moins que 17 chefs vedettes dans le monde (Anne-Sophie Pic, Michel Roth, Thierry Marx, Mauro Colagreco, Julien Royer, etc.). L’entreprise sert près d’un million de bouteilles de champagne à bord chaque année, y compris en classe économique.
Depuis l’été 2023, le tout premier chef signature de la classe Affaires des vols Air France au départ du Canada est Olivier Perret, à la tête du Renoir de l’hôtel Sofitel Montréal. « Quand on m’a proposé cette occasion, je n’ai pas hésité longtemps », lance-t-il en souriant. Accompagné par François Adamski, Meilleur ouvrier de France et Bocuse d’or, il a conçu plusieurs plats misant sur le mariage des produits du Québec et du savoir-faire français. Orge perlé au kale, coeur coulant de fromage du Québec et légumes racines rôtis, mille-feuille de courge à l’érable et de pignons de pin, crème de cheddar… Les intitulés des mets offerts en vol sont plus appétissants les uns que les autres.
Malheureusement, ces petites merveilles ne sont pas encore accessibles en classe économique, même si les repas servis dans cette section sont plus recherchés que ceux d’autres compagnies aériennes. « Mais ça se démocratise, indique Olivier Perret. En France, plusieurs chefs étoilés ont commencé à créer des menus pour cette catégorie de voyageurs. » À quand une telle chose ici ?
Un secret de moins en moins gardé : les salons VIP
Manger correctement en vol, c’est une chose. Le faire au sol, à l’aéroport, en est une autre. Comment en effet ne pas pester à la vue des tarifs indécents des sandwichs, des plats ou d’une simple portion de frites sur place ? Voilà pourquoi les salons VIP affiliés à des compagnies aériennes ou à des institutions financières sont des plus intéressants.
« Contrairement à ce qu’on croit souvent, il ne faut pas nécessairement être un voyageur en première classe ou faire partie de l’élite pour y accéder », nous apprend Jorge Da Silva, directeur des salons canadiens de Swissport. Cette entreprise spécialisée en gère 286 sur les cinq continents. « Plusieurs cartes de crédit, ou tout simplement des frais d’entrée de 55 $ par adulte permettent de profiter pendant trois heures d’un espace agréable tout compris, avec des boissons (notamment de l’alcool) et de la nourriture. »
Certaines compagnies aériennes ont parfaitement compris la plus-value que peut leur apporter un volet gastronomique plus étoffé
Un peu sceptique vis-à-vis de cette offre au départ, l’ancien restaurateur a été médusé quand il l’a découverte. Et comme on lui a laissé carte blanche pour faire évoluer les salons VIP canadiens, il travaille sans cesse à améliorer cette expérience. « Dans la plupart de ces salons, on trouve des buffets. J’ai donc cherché à en raffiner le principe grâce à des collaborations avec de bons chefs locaux, tels que ceux du Charcut à Vancouver. Nous avons aussi greffé une offre supérieure en alcool, pour ceux qui ont envie de s’offrir un petit luxe. »
Jorge Da Silva travaille également sur un projet pilote qui verra le jour cet été à l’aéroport de Montréal. « Ce salon sera le premier de la gamme Aspire à proposer du service aux tables, avec des mets concoctés par des chefs d’ici avec des produits régionaux. De plus, il disposera d’une aile spéciale “pour emporter”. Cela permettra aux passagers pressés de commander à l’avance, pourquoi pas dans le taxi les menant à l’aéroport, des plats préparés à la minute pour les apporter à bord », dit-il.
Les salons VIP constituent-ils par conséquent une bonne option gastronomique quand on voyage ? Selon Jorge Da Silva, qui en voit croître la popularité chaque année, absolument. « Et cela prouve que les gens s’attendent maintenant à vivre une meilleure expérience quand ils prennent l’avion », ajoute-t-il. On l’appuie totalement !