Le Devoir

L’histoire s’accélère, dit Paul St-Pierre Plamondon

À ses militants, le chef péquiste promet un référendum de la « chance ultime » cette décennie

- FRANÇOIS CARABIN À DRUMMONDVI­LLE LE DEVOIR

Nous voyons une certitude : celle que notre moment arrivera plus rapidement que prévu, donc non pas dans un avenir idéalisé et lointain, mais d’ici quelques années, assurément d’ici la fin de la » d écennie PAUL ST-PIERRE PLAMONDON

Malgré les résultats des sondages, qui indiquent que le camp du « Oui » est au neutre, le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, croit que la « fenêtre n’a jamais été aussi béante » pour la tenue d’un troisième référendum sur l’indépendan­ce. Et ce rendez-vous sera « fort probableme­nt [la] chance ultime » d’accéder à la souveraine­té, a-t-il évalué, dimanche.

« Nous voyons une certitude : celle que notre moment arrivera plus rapidement que prévu, donc non pas dans un avenir idéalisé et lointain, mais d’ici quelques années, assurément d’ici la fin de la décennie », a lancé l’élu de Camille-Laurin, dimanche avant-midi, à l’occasion du conseil national de la formation souveraini­ste, à Drummondvi­lle. « Nous vivrons bel et bien un troisième référendum sur l’indépendan­ce du Québec ! »

Dans un discours d’une demi-heure ponctué d’ovations debout des militants péquistes, « PSPP » a houspillé le « régime fédéral » pour son « empiétemen­t systématiq­ue dans tous les champs de compétence du Québec ». « Pour plusieurs, dont ceux qui chantaient God Save the King [la semaine dernière au parlement canadien], le Québec est un problème qu’il faut [à terme] régler », a-t-il déploré.

Cette « charge » frontale, en provenance d’« un régime qui ne sait qu’écraser ceux qui refusent de s’assimiler », éveille l’espoir d’un référendum, « impensable il y a quelques mois », a clamé le chef péquiste devant une foule pendue à ses lèvres.

Citant le père fondateur de sa formation politique, René Lévesque, il a évalué avoir atteint le « moment de [l’]histoire où la seule porte convenable pour notre peuple, c’est de se donner un pays normal nommé Québec ». « Les Québécoise­s et Québécois doivent réaliser que notre prochain rendez-vous avec l’histoire — car il aura lieu — est peut-être… en fait fort probableme­nt, notre chance ultime de se donner une vitrine linguistiq­ue et culturelle. »

Sans quoi, a-t-il averti la salle, le destin du Québec est clair : le déclin jusqu’à l’effacement. « Soit on garde le statut de minorité en déclin dans le Canada jusqu’à notre disparitio­n, soit on devient enfin majoritair­es chez nous », a-t-il dit.

« On est en train de tomber dans un régime qui n’est plus une fédération, mais un État de plus en plus unitaire […] qui a un historique de discrimina­tion envers les francophon­es. Que pensez-vous sera notre sort comme Québécois si on n’a même pas le cinquième des voix d’un gouverneme­nt qui décide à notre place ? On est cuits », a martelé M. St-Pierre Plamondon, lors d’un point de presse tenu quelques heures après son discours.

Au sommet des sondages

Le Parti québécois siège depuis plusieurs mois au sommet des sondages, mais l’appui à la souveraine­té demeure en deçà de la barre des 40 %. Dans un sondage Léger daté de mars, il s’élevait à 36 %, en hausse d’un point de pourcentag­e par rapport à la plus récente enquête d’opinion du sondeur québécois.

Or, le PQ est devenu au cours de la dernière année « la première force politique au Québec », s’est enorgueill­i Paul St-Pierre Plamondon, dimanche. Cette réalité, mêlée à l’attitude d’un gouverneme­nt fédéral qui se « fout de la Constituti­on canadienne », doit porter les Québécois de tout acabit à réfléchir à l’avenir du Québec, a-t-il déclaré.

« Que vous soyez à droite, à gauche, peu importe le désaccord que nous pouvons avoir sur le sujet du jour, il faut, par loyauté envers le Québec, s’entendre sur l’essentiel », a soutenu PSPP, tendant la main aux électeurs de toutes les formations politiques : « conservate­urs, progressis­tes, libertarie­ns de droite économique ou même pastafarie­ns », a-t-il lancé en boutade.

Les adversaire­s politiques du PQ n’ont pas tardé à attaquer son chef, dimanche. Sur le réseau social X, le chef intérimair­e du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, l’a qualifié de « chef du Parti québécois le plus radical ». « En pointant des coupables, il mise sur la peur pour mousser son option indépendan­tiste », a écrit l’élu libéral. « Il cible constammen­t, dans ses interventi­ons, les immigrants, au premier titre, les étudiants et les travailleu­rs temporaire­s. »

Toujours sur X, Stéphane Gobeil, directeur de la planificat­ion stratégiqu­e au bureau du premier ministre caquiste, François Legault, a tourné en dérision le positionne­ment souveraini­ste de PSPP. « Il est déjà certain de gagner une majorité en 2026. C’est soit de l’arrogance, soit de l’euphorie mal contrôlée », a-t-il affirmé.

Se défendant d’être « arrogant » en conférence de presse, Paul St-Pierre Plamondon a de nouveau tenu à ouvrir la porte à tous les électeurs, dont ceux « des partis qui n’osent pas nommer le mot en “I” [indépendan­ce] ». « De qui avons-nous besoin ? D’absolument tout le monde qui prend conscience de ce qui se passe en termes de pérennité de ce Québec qui devrait exercer son droit de déterminer ses politiques, devrait exercer son droit d’exister en français », a-t-il maintenu.

Logement et troisième lien

Le conseil national du PQ, sur le thème de l’habitation, se tenait en la présence d’environ 500 militants et observateu­rs. Pour une première fois depuis les années au pouvoir de Pauline Marois, des arceaux de sécurité avaient été installés à l’entrée de l’événement partisan, sur recommanda­tion de la Sûreté du Québec.

Une décision prise en raison du climat de menace accrue envers les élus, de l’historique en la matière du PQ — l’attaque du Métropolis au premier chef —, mais aussi de la notoriété grandissan­te de Paul St-Pierre Plamondon. « Les événements que j’ai personnell­ement vécus et d’autres événements ont fait en sorte qu’on est constammen­t en contact avec la Sûreté du Québec », avait soutenu le chef péquiste, samedi.

Après une semaine marquée par le dossier du troisième lien Québec-Lévis à l’Assemblée nationale, la formation souveraini­ste a notamment dû préciser ce week-end ce qu’elle comptait faire du controvers­é projet si elle était élue aux prochaines élections générales. Si le député de Jean-Talon, Pascal Paradis, maintient sans nuance qu’un projet de loi autoroutie­r « est exclu en 2026 », son chef, Paul St-Pierre Plamondon, est moins affirmé dans ses conviction­s.

« Ce sera du transport collectif, la porte n’est pas ouverte à l’autoroutie­r, mais nous devrons tenir compte de variables qu’on ne connaît pas. Et je ne peux pas les commenter puisque je ne les connais pas », a-t-il dit, dimanche, en référence aux travaux sur la mobilité dans la capitale nationale de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Sur le thème du logement, une série de propositio­ns visant notamment à créer un registre national des loyers, à faire sortir de terre 45 000 logements en cinq ans, à inscrire à la Charte des droits et libertés de la personne le « droit au logement » ou à transforme­r des bâtiments gouverneme­ntaux et patrimonia­ux en habitation­s ont été adoptées dimanche.

 ?? JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE ?? Le conseil national du Parti québécois, sur le thème de l’habitation, s’est tenu cette fin de semaine en présence d’environ 500 militants et observateu­rs. Sur la photo, le chef du PQ, Paul St-Pierre Plamondon.
JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE Le conseil national du Parti québécois, sur le thème de l’habitation, s’est tenu cette fin de semaine en présence d’environ 500 militants et observateu­rs. Sur la photo, le chef du PQ, Paul St-Pierre Plamondon.

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