L’histoire s’accélère, dit Paul St-Pierre Plamondon
À ses militants, le chef péquiste promet un référendum de la « chance ultime » cette décennie
Nous voyons une certitude : celle que notre moment arrivera plus rapidement que prévu, donc non pas dans un avenir idéalisé et lointain, mais d’ici quelques années, assurément d’ici la fin de la » d écennie PAUL ST-PIERRE PLAMONDON
Malgré les résultats des sondages, qui indiquent que le camp du « Oui » est au neutre, le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, croit que la « fenêtre n’a jamais été aussi béante » pour la tenue d’un troisième référendum sur l’indépendance. Et ce rendez-vous sera « fort probablement [la] chance ultime » d’accéder à la souveraineté, a-t-il évalué, dimanche.
« Nous voyons une certitude : celle que notre moment arrivera plus rapidement que prévu, donc non pas dans un avenir idéalisé et lointain, mais d’ici quelques années, assurément d’ici la fin de la décennie », a lancé l’élu de Camille-Laurin, dimanche avant-midi, à l’occasion du conseil national de la formation souverainiste, à Drummondville. « Nous vivrons bel et bien un troisième référendum sur l’indépendance du Québec ! »
Dans un discours d’une demi-heure ponctué d’ovations debout des militants péquistes, « PSPP » a houspillé le « régime fédéral » pour son « empiétement systématique dans tous les champs de compétence du Québec ». « Pour plusieurs, dont ceux qui chantaient God Save the King [la semaine dernière au parlement canadien], le Québec est un problème qu’il faut [à terme] régler », a-t-il déploré.
Cette « charge » frontale, en provenance d’« un régime qui ne sait qu’écraser ceux qui refusent de s’assimiler », éveille l’espoir d’un référendum, « impensable il y a quelques mois », a clamé le chef péquiste devant une foule pendue à ses lèvres.
Citant le père fondateur de sa formation politique, René Lévesque, il a évalué avoir atteint le « moment de [l’]histoire où la seule porte convenable pour notre peuple, c’est de se donner un pays normal nommé Québec ». « Les Québécoises et Québécois doivent réaliser que notre prochain rendez-vous avec l’histoire — car il aura lieu — est peut-être… en fait fort probablement, notre chance ultime de se donner une vitrine linguistique et culturelle. »
Sans quoi, a-t-il averti la salle, le destin du Québec est clair : le déclin jusqu’à l’effacement. « Soit on garde le statut de minorité en déclin dans le Canada jusqu’à notre disparition, soit on devient enfin majoritaires chez nous », a-t-il dit.
« On est en train de tomber dans un régime qui n’est plus une fédération, mais un État de plus en plus unitaire […] qui a un historique de discrimination envers les francophones. Que pensez-vous sera notre sort comme Québécois si on n’a même pas le cinquième des voix d’un gouvernement qui décide à notre place ? On est cuits », a martelé M. St-Pierre Plamondon, lors d’un point de presse tenu quelques heures après son discours.
Au sommet des sondages
Le Parti québécois siège depuis plusieurs mois au sommet des sondages, mais l’appui à la souveraineté demeure en deçà de la barre des 40 %. Dans un sondage Léger daté de mars, il s’élevait à 36 %, en hausse d’un point de pourcentage par rapport à la plus récente enquête d’opinion du sondeur québécois.
Or, le PQ est devenu au cours de la dernière année « la première force politique au Québec », s’est enorgueilli Paul St-Pierre Plamondon, dimanche. Cette réalité, mêlée à l’attitude d’un gouvernement fédéral qui se « fout de la Constitution canadienne », doit porter les Québécois de tout acabit à réfléchir à l’avenir du Québec, a-t-il déclaré.
« Que vous soyez à droite, à gauche, peu importe le désaccord que nous pouvons avoir sur le sujet du jour, il faut, par loyauté envers le Québec, s’entendre sur l’essentiel », a soutenu PSPP, tendant la main aux électeurs de toutes les formations politiques : « conservateurs, progressistes, libertariens de droite économique ou même pastafariens », a-t-il lancé en boutade.
Les adversaires politiques du PQ n’ont pas tardé à attaquer son chef, dimanche. Sur le réseau social X, le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, l’a qualifié de « chef du Parti québécois le plus radical ». « En pointant des coupables, il mise sur la peur pour mousser son option indépendantiste », a écrit l’élu libéral. « Il cible constamment, dans ses interventions, les immigrants, au premier titre, les étudiants et les travailleurs temporaires. »
Toujours sur X, Stéphane Gobeil, directeur de la planification stratégique au bureau du premier ministre caquiste, François Legault, a tourné en dérision le positionnement souverainiste de PSPP. « Il est déjà certain de gagner une majorité en 2026. C’est soit de l’arrogance, soit de l’euphorie mal contrôlée », a-t-il affirmé.
Se défendant d’être « arrogant » en conférence de presse, Paul St-Pierre Plamondon a de nouveau tenu à ouvrir la porte à tous les électeurs, dont ceux « des partis qui n’osent pas nommer le mot en “I” [indépendance] ». « De qui avons-nous besoin ? D’absolument tout le monde qui prend conscience de ce qui se passe en termes de pérennité de ce Québec qui devrait exercer son droit de déterminer ses politiques, devrait exercer son droit d’exister en français », a-t-il maintenu.
Logement et troisième lien
Le conseil national du PQ, sur le thème de l’habitation, se tenait en la présence d’environ 500 militants et observateurs. Pour une première fois depuis les années au pouvoir de Pauline Marois, des arceaux de sécurité avaient été installés à l’entrée de l’événement partisan, sur recommandation de la Sûreté du Québec.
Une décision prise en raison du climat de menace accrue envers les élus, de l’historique en la matière du PQ — l’attaque du Métropolis au premier chef —, mais aussi de la notoriété grandissante de Paul St-Pierre Plamondon. « Les événements que j’ai personnellement vécus et d’autres événements ont fait en sorte qu’on est constamment en contact avec la Sûreté du Québec », avait soutenu le chef péquiste, samedi.
Après une semaine marquée par le dossier du troisième lien Québec-Lévis à l’Assemblée nationale, la formation souverainiste a notamment dû préciser ce week-end ce qu’elle comptait faire du controversé projet si elle était élue aux prochaines élections générales. Si le député de Jean-Talon, Pascal Paradis, maintient sans nuance qu’un projet de loi autoroutier « est exclu en 2026 », son chef, Paul St-Pierre Plamondon, est moins affirmé dans ses convictions.
« Ce sera du transport collectif, la porte n’est pas ouverte à l’autoroutier, mais nous devrons tenir compte de variables qu’on ne connaît pas. Et je ne peux pas les commenter puisque je ne les connais pas », a-t-il dit, dimanche, en référence aux travaux sur la mobilité dans la capitale nationale de la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Sur le thème du logement, une série de propositions visant notamment à créer un registre national des loyers, à faire sortir de terre 45 000 logements en cinq ans, à inscrire à la Charte des droits et libertés de la personne le « droit au logement » ou à transformer des bâtiments gouvernementaux et patrimoniaux en habitations ont été adoptées dimanche.