Le Devoir

Grand intérêt autour de la vente d’un site religieux à Montréal

Plusieurs acheteurs potentiels sont intéressés par le domaine Villa-Maria

- ZACHARIE GOUDREAULT LE DEVOIR

Depuis l’été dernier, lorsqu’une congrégati­on religieuse de Montréal a fait part de son intention de vendre le domaine Villa-Maria, plusieurs acheteurs potentiels ont signifié leur intérêt pour cet immense site verdi, qui compte cinq bâtiments à la riche valeur historique et patrimonia­le. L’avenir de ce terrain ne sera toutefois connu qu’au terme d’un processus d’appel de soumission­s qui sera lancé dans les prochaines semaines, a appris Le Devoir.

Le site, qui vaudrait plusieurs centaines de millions de dollars, abrite notamment les collèges privés Villa Maria et Marianopol­is, qui accueillen­t respective­ment des étudiants du secondaire et du collégial dans des bâtiments classés patrimonia­ux. Le terrain, qui comprend également la résidence Bonsecours, un centre d’hébergemen­t de soins de longue durée qui loge des dizaines de religieuse­s, de même que la Maison NotreDame-du-Sacré-Coeur, où demeurent plusieurs religieuse­s, a été acquis en 1854 par la congrégati­on de Notre-Dame.

L’organisati­on a toutefois annoncé en juin dernier qu’elle devra mettre en vente cet immense terrain, qui chevauche l’arrondisse­ment Côte-des-Neiges–NotreDame-de-Grâce et la ville de Westmount, parce que ses soeurs, dont la moyenne d’âge était alors de 86 ans, n’étaient plus en mesure d’en assurer l’entretien.

Une annonce qui n’a pas tardé à susciter de l’intérêt de la part d’acteurs des secteurs privé et institutio­nnel.

« Il y a beaucoup de personnes qui nous ont appelés. On a des acheteurs intéressés par nos résidences et notre couvent, mais rien de formel, et on ne voulait surtout pas commencer à avoir des échanges avec des acheteurs potentiels. On voulait que ce soit juste et équitable pour tout le monde », souligne en entrevue la directrice exécutive responsabl­e des finances et de l’administra­tion de la congrégati­on de Notre-Dame, Suzie Prince, qui souhaite que cette vente soit issue d’un processus « transparen­t ».

Un déménageme­nt complexe

L’organisati­on religieuse a ainsi décidé d’avoir recours aux services de la firme de courtage en immobilier commercial Colliers Internatio­nal, a appris Le Devoir. Celle-ci lancera dans les prochaines semaines un appel de soumission­s au cours duquel les entreprise­s et institutio­ns intéressée­s par ce site pourront soumettre leur propositio­n dans le cadre de la vente du terrain et de l’ensemble des bâtiments qui s’y trouvent.

Une fois qu’un candidat aura été sélectionn­é par la congrégati­on religieuse, celui-ci sera soumis au Vatican, qui devra donner son accord pour que cette vente soit conclue, dans les prochains mois ou encore l’an prochain, selon le délai de traitement de ce dossier par le Saint-Siège. « C’est à leur discrétion », explique Suzie Prince. Impossible, donc, d’avoir une idée précise du moment où ce domaine sera vendu.

Entre-temps, les nombreuses soeurs religieuse­s qui demeurent toujours dans ce domaine devront être relogées dans une résidence pour personnes âgées offrant des soins destinés à des personnes en perte d’autonomie. Or, de telles ressources se font de plus en plus rares au Québec, ce qui complique la tâche de la congrégati­on de Notre-Dame.

« Les soeurs n’ont pas encore déménagé du domaine et on ne sait pas encore quand elles le feront. Elles sont en pourparler­s avec différents groupes » privés qui gèrent des centres d’hébergemen­t pour aînés à Montréal, indique Suzie Prince. Dans ce contexte, soeur Ona Bessette, supérieure générale des Soeurs de la congrégati­on de Notre-Dame, se veut rassurante.

« Je pense qu’en cours de route, c’est important que l’on marche ensemble et qu’on leur montre que leur leadership a très bien fonctionné pour trouver un endroit où elles peuvent être ensemble », souligne-t-elle, en référence aux religieuse­s qui demeurent sur le site du domaine Villa-Maria.

Un collège menacé

En prévision de la vente de ce domaine, le collège Marianopol­is a annoncé le mois dernier avoir fait l’acquisitio­n du bâtiment qu’il occupe sur ce domaine depuis 2007. Son avenir est ainsi assuré. La congrégati­on de Notre-Dame assure par ailleurs que le respect du bail du collège Villa Maria, qui se termine en décembre 2030, représente­ra une « condition expresse » de la vente de ce site. Ainsi, tous les étudiants admis cette année dans cet établissem­ent scolaire pourront y effectuer toutes leurs études. Pour la suite, cependant, l’avenir de ce collège, qui compte plus de 1600 élèves, est incertain et dépendra des aspiration­s du futur acheteur du domaine dont il occupe un des bâtiments.

« Il faut comprendre que, nous, on loue ces espaces-là pour très peu, ce n’est pas du tout rentable, donc on est bien conscients que le collège n’est pas autonome financière­ment », souligne Mme Prince. Or, la préservati­on de la vocation éducative de ce site est très importante aux yeux des soeurs religieuse­s, qui y oeuvrent depuis des décennies, souligne Ona Bessette.

« On se soucie de l’avenir de la vocation éducative de l’organisati­on, du collège qui est là. La grande priorité pour nous dans la vente, c’est que l’acheteur respecte le bail et travaille avec le collège pour qu’il puisse rester là à long terme. »

La congrégati­on de Notre-Dame entend d’ailleurs consacrer l’ensemble du produit net de la vente de ce domaine, en excluant les frais liés notamment à la délocalisa­tion des soeurs, au financemen­t d’initiative­s destinées à venir en aide aux élèves en difficulté dans les écoles primaires et secondaire­s du réseau public. L’argent issu de cette transactio­n sera ainsi versé dans un fonds créé par la congrégati­on de Notre-Dame, géré par la Fondation pour les élèves de Montréal, qui finance notamment de l’octroi d’aide alimentair­e et de matériel scolaire à des jeunes dans le besoin.

« C’est important pour nous d’aider ceux qui sont désavantag­és », relève Ona Bessette, qui voit là un legs dans la continuité de la mission de sa congrégati­on religieuse.

 ?? VALÉRIAN MAZATAUD ARCHIVES LE DEVOIR ?? La congrégati­on de Notre-Dame a annoncé en juin la mise en vente de son terrain, qui chevauche l’arrondisse­ment Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce et la ville de Westmount.
VALÉRIAN MAZATAUD ARCHIVES LE DEVOIR La congrégati­on de Notre-Dame a annoncé en juin la mise en vente de son terrain, qui chevauche l’arrondisse­ment Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce et la ville de Westmount.

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