L’économie canadienne doit soutenir les jeunes, dit Trudeau
Depuis le début de la tournée d’annonces prébudgétaires, les libéraux martèlent l’objectif de « rétablir l’équité générationnelle »
Après avoir traversé une pandémie et une crise de l’abordabilité, les jeunes adultes seront placés en tête des priorités économiques, a proclamé le premier ministre Justin Trudeau, à la veille du dépôt du budget fédéral.
S’adressant devant la Chambre de commerce du Canada à Ottawa lundi, M. Trudeau a réitéré son objectif de présenter un budget au nom des jeunes générations « qui ont commencé leur vie d’adulte avec des crises économiques cumulatives ».
Le gouvernement a déjà dévoilé une série d’investissements qui se retrouveront dans le budget de mardi, notamment des centaines de millions de dollars d’investissements destinés aux locataires, aux jeunes parents et aux jeunes aux prises avec des problèmes de santé mentale.
Depuis le début de la tournée d’annonces prébudgétaires, les libéraux martèlent l’objectif de « rétablir l’équité générationnelle ».
« Pour faire ça, le gouvernement fédéral reprend son rôle d’investir dans le logement. On va construire des logements à travers le pays à un rythme jamais vu depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale », a promis le premier ministre.
Ottawa a déjà annoncé qu’il investira 6 milliards de dollars pour les infrastructures essentielles au logement, ainsi que 15 millions dans un nouveau fonds de protection des locataires.
Ces investissements permettront non seulement d’aider les jeunes à se loger et à devenir propriétaires, mais aussi d’attirer de nouveaux talents au Canada, a argué M. Trudeau devant une salle pleine de gens d’affaires. « Nous connaissons tous des entreprises qui trouvent un candidat parfait, mais cette personne ne peut pas accepter le poste car les prix des logements locaux sont trop élevés. Ce n’est pas bon pour la productivité. »
Les attentes de l’opposition
Le Bloc québécois a déjà annoncé son intention de voter contre le budget du gouvernement, dénonçant depuis des semaines « l’ingérence » dans les champs de compétence du Québec.
« Ça ne peut pas être acceptable pour le Bloc québécois. Respecter les juridictions du Québec, c’est notre position immuable », a indiqué lundi le leader à la Chambre du Bloc, Alain Therrien.
Le gouvernement du Québec s’est aussi fermement opposé aux intentions du gouvernement Trudeau dès le début de son effeuillage des mesures budgétaires, dénonçant un « envahissement des champs de compétence du Québec ».
On sait déjà que le gouvernement Trudeau investira 1 milliard de dollars pour des repas dans les écoles, promis durant la campagne fédérale de 2021. Le ministre québécois responsable des Relations canadiennes, JeanFrançois Roberge, a demandé une compensation sans condition, l’éducation étant un champ de compétence exclusif du Québec.
Le chef conservateur, Pierre Poilievre, a aussi annoncé que son parti ne soutiendrait pas le budget si les libéraux n’y incluent pas trois conditions : couper la taxe carbone pour les agriculteurs, bâtir plus de logements et limiter les dépenses en suivant la règle « un dollar pour un dollar ».
« Les conservateurs de gros bon sens ne soutiendront le budget que si ces trois conditions sont remplies », a écrit le chef sur ses réseaux sociaux lundi.
Le budget devrait toutefois être adopté grâce aux néodémocrates qui se sont engagés, il y a deux ans, à appuyer le gouvernement libéral lors des votes de confiance.
« Nous voulons voir un budget qui réduit le coût de la vie pour les Canadiens et qui force les grandes entreprises à payer leur juste part », a énoncé le chef néodémocrate, Jagmeet Singh, en point de presse lundi.
M. Singh n’a toutefois pas détaillé la manière dont les grandes entreprises devraient être imposées davantage.
Plusieurs mesures qui se retrouveront dans le budget sont issues de l’entente de soutien et de confiance entre les libéraux et le NPD, comme le programme national d’assurancemédicaments, le programme national de repas scolaires et le régime canadien de soins dentaires.
De nouvelles sources de revenus
Dans son allocution devant la Chambre de commerce, le premier ministre Trudeau a évité de se prononcer sur une hausse d’impôts pour les plus riches.
Selon des informations de RadioCanada, le budget fédéral visera à aller chercher de nouvelles sources de revenus auprès des citoyens les plus fortunés.
La ministre fédérale des Finances, Chrystia Freeland, a déjà exclu une hausse d’impôts pour la classe moyenne dans son prochain budget, mais elle n’a pas voulu préciser le sort des plus fortunés.
Dans le cadre du plan de « recentrage » des dépenses gouvernementales annoncé lors du dernier budget 2023, près de 70 ministères, organismes et sociétés d’État ont reçu la consigne de réduire leurs dépenses pour arriver à des économies de 15,8 milliards de dollars sur cinq ans et de 4,8 milliards de dollars par année par la suite.
Les ministères fédéraux devront donc économiser 10,5 milliards de dollars au cours des trois prochaines années, dont 2,3 milliards l’année prochaine.