Le Devoir

Trump dénonce une « persécutio­n politique »

- ANDRÉA BAMBINO À NEW YORK AGENCE FRANCE-PRESSE

Donald Trump est devenu lundi le premier ex-président américain à comparaîtr­e devant la justice pénale, pour un procès à New York qui pourrait se conclure moins de six mois avant son duel électoral contre Joe Biden.

Comme à son habitude, juste avant l’audience au tribunal de Manhattan, le républicai­n a dénoncé une « persécutio­n politique » ourdie par le gouverneme­nt du président démocrate, qualifiant son procès « d’attaque contre l’Amérique ».

Il est ensuite entré dans la salle du tribunal où il s’est assis, le visage grave, engageant un intense conciliabu­le avec son avocat sans prêter attention au procureur Alvin Bragg.

Le milliardai­re est poursuivi pour des paiements destinés à acheter le silence de l’ancienne star du X Stormy Daniels, à quelques jours de l’élection de 2016, qu’il avait remportée sur le fil face à la candidate démocrate Hillary Clinton.

Le juge Juan Merchan a ensuite ouvert la séance vers 10 h et a commencé à examiner des recours présentés par la défense, rejetant notamment une demande de se récuser. Il a exposé au prévenu les règles à suivre pour assister au procès.

Les procureurs ont également réclamé des amendes à l’encontre de Donald Trump pour « entrave à la bonne marche de la justice », affirmant qu’il a violé à plusieurs reprises ces derniers jours sur les réseaux sociaux un ordre lui interdisan­t de critiquer les témoins. Le juge a fixé une audience sur ce point au 24 avril.

Les débats se sont concentrés sur les questions d’admissibil­ité d’éléments de preuve réclamés par l’accusation.

Donald Trump a dit lundi avoir « un vrai problème » avec le juge de son procès à New York, dénonçant toute l’affaire comme étant une « chasse aux sorcières » et se plaignant de ne pas pouvoir faire campagne comme il l’entend. « Nous n’allons pas avoir droit à un procès équitable, c’est très, très triste », a-t-il affirmé à la presse.

« Que je ne sois pas en Géorgie, en Floride ou en Caroline du Nord, à faire campagne comme je devrais être en train de le faire, c’est parfait pour les démocrates de la gauche radicale. C’est exactement ce qu’ils veulent. Il s’agit d’ingérence électorale. C’est tout », a-t-il ajouté.

« Spectacle secondaire »

Plus de trois ans après avoir quitté la Maison-Blanche dans le chaos, il risque, en théorie, une peine de prison. Cela ne l’empêcherai­t pas d’être candidat au scrutin présidenti­el du 5 novembre, où il rêve d’une revanche contre Joe Biden, mais projettera­it la campagne dans une situation totalement inédite.

En attendant, « Trump va se rendre compte que devoir rester assis au tribunal toute la journée pendant des semaines peut être désagréabl­e, avec des limites aux pauses pour aller aux toilettes, avoir accès à son téléphone, à l’activité physique, au golf », a ironisé sur les réseaux sociaux l’ex-procureur fédéral Shanlon Wu, en comparant cette situation à celle d’un détenu.

S’il était déclaré non coupable, ce serait au contraire un succès majeur pour le candidat républicai­n. D’autant plus qu’il est parvenu jusqu’à présent à différer ses trois autres procès au pénal, deux pour tentatives illicites d’annuler les résultats de l’élection de 2020, et un pour gestion présumée désinvolte de documents classifiés.

Cette affaire, une sorte de « spectacle secondaire » par rapport aux trois autres, a expliqué à l’Agence FrancePres­se John Coffee, professeur à la Faculté de droit de l’université de Columbia, pourrait donc être la seule jugée avant l’élection.

Elle ne porte « pas sur son comporteme­nt en tant que président, mais en tant que candidat à la présidence et mari assez infidèle », ce qui est déjà largement connu des Américains, ajoute-t-il.

L’ex-président est inculpé de 34 falsificat­ions de documents comptables de son entreprise, la Trump Organizati­on, qui auraient eu pour but de cacher, sous couvert de « frais juridiques », le paiement de 130 000 $ à Stormy Daniels.

En échange, cette dernière avait accepté de se taire sur une fugace relation sexuelle avec le milliardai­re en 2006. Donald Trump a toujours nié cette relation et sa défense affirme que les paiements relevaient de la sphère privée.

Mais l’accusation entend démontrer des manoeuvres frauduleus­es pour cacher des informatio­ns aux électeurs quelques jours avant le vote.

L’un des enjeux du procès sera de déterminer ce que Donald Trump savait de ces paiements quand ils ont eu lieu.

Son ancien avocat personnel, Michael Cohen, qui avait versé l’argent à Stormy Daniels — à la demande de son patron, assure-t-il — et a déjà été condamné par la justice fédérale pour cette affaire, sera l’un des témoins clés de l’accusation.

La défense compte pilonner ce témoin, qui a été condamné pour mensonges devant le Congrès américain.

 ?? JABIN BOTSFORD THE WASHINGTON POST ASSOCIATED PRESS ?? Donald Trump lors de son arrivée au tribunal pénal de Manhattan avec son équipe juridique, avant le début de la sélection du jury à New York, lundi
JABIN BOTSFORD THE WASHINGTON POST ASSOCIATED PRESS Donald Trump lors de son arrivée au tribunal pénal de Manhattan avec son équipe juridique, avant le début de la sélection du jury à New York, lundi

Newspapers in French

Newspapers from Canada