Le Devoir

Favoriser l’éolien public

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Il existe une façon efficace de redonner la filière éolienne à Hydro-Québec, comme le souhaite la lettre du 16 avril signée par un collectif de représenta­nts du monde municipal.

Situons les parcs éoliens dans les réservoirs hydroélect­riques qui sont des espaces publics. Les avantages sont multiples.

D’abord, il n’y aurait aucun empiètemen­t de territoire­s municipaux, agricoles, touristiqu­es, forestiers et sauvages terrestres. Du coup, on éviterait tous les conflits d’utilisatio­n et leurs coûts afférents.

Ensuite, pas de problème de bruit pour le voisinage.

Les parcs étant tout près des centrales, leurs lignes de transmissi­on seraient sans emprises terrestres, moins coûteuses et à faible perte énergétiqu­e.

Les lignes seraient submergées, les protégeant du vent et du verglas.

Au moins 70 parcs éoliens fonctionne­nt en mer du Nord depuis 2014.

Les conditions aquatiques des réservoirs hydroélect­riques sont autrement moins violentes et corrosives que celles en mer, et à moindre profondeur de surcroît.

Les défis techniques seront donc plus faciles à régler ici, d’autant plus qu’Hydro-Québec exploite déjà une ligne de transmissi­on submergée dans le fleuve Saint-Laurent à Grondines.

Les 23 réservoirs principaux au Québec totalisent 21 693 km2. Une éolienne avec rotor de

60 m de rayon a besoin de se trouver à au moins 180 m de ses voisines pour éviter l’ombrage, pour une empreinte au sol d’environ 0,1 km2.

Il y aurait donc de la place pour un maximum de 216 930 éoliennes. Chacune produisant environ 20 MW, on se donnerait une capacité de 4,3 TW ou 7 % des 60 TW de besoins identifiés d’ici 2035 dans le Plan d’action d’Hydro-Québec.

Bien sûr, les experts nuanceront ce scénario empirique sans doute à cause de plusieurs contrainte­s techniques, logistique­s et économique­s. Il faudra se pencher sur les impacts environnem­entaux dans les réservoirs, et déterminer s’il y aurait des obstacles aux routes migratoire­s des oiseaux. C’est à la portée des biologiste­s québécois.

Ne repoussons pas cette idée sans l’avoir bien étudiée. Nos citoyens et leurs représenta­nts devraient interpelle­r le gouverneme­nt du Québec à cet effet.

Paul G. Chénard

Gatineau, le 16 avril 2024

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